In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

samedi 11 septembre 2021

 Une image et des mots. L'image, c'est cette capture d'écran d'un reportage vu hier à la mi-journée sur France 2.
Pour aller avec, voici un extrait du passionnant ouvrage de Fustel de Coulanges, La cité antique, publié en 1864 et disponible aujourd'hui chez Champs, Flammarion.
Il s'agit du passage que l'historien consacre à la laïcisation du droit romain, il y a de ça plus de 2000 ans, avec en particulier la Loi des 12 tables et le Code de Solon. La loi cesse de se définir, en grande partie du moins, comme ce qui est permis par la religion, pour être désormais dictée par la volonté populaire.. 

Il n'est pas dans la nature du droit d'être absolu et immuable ; il se modifie et se transforme, comme toute oeuvre humaine. Chaque société a son droit, qui se forme et se développe avec elle, qui change comme elle, et qui enfin suit toujours le mouvement de ses institutions, de ses moeurs et de ses croyances.
Les hommes des anciens âges avaient été assujettis à une religion d'autant plus puissante sur leur âme qu'elle était plus grossière ; cette religion leur avait fait leur droit, comme elle leur avait donné leurs institutions politiques.
[.....] Auparavant la loi était un arrêt de la religion ; elle passait pour une révélation faite par les dieux aux ancêtres, au divin fondateur, aux rois sacrés, aux magistrats-prêtres. Dans les codes nouveaux au contraire, ce n'est plus au nom des dieux que le législateur parle [.....]. 
Le législateur ne représente donc plus la tradition religieuse, mais la volonté populaire. 
La loi a dorénavant pour principe l'intérêt des hommes, et pour fondement l'assentiment du plus grand nombre.

C'était, disais-je, il y a plus de 2000 ans.

dimanche 5 septembre 2021

C.B. - Constance Jablonski (2011)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe de mode (mais pas seulement) franco-danois Cédric Buchet (b.1974).
Né à Paris, il a déménagé aux États-Unis à l'âge de 13 ans et a étudié la philo au Vassar College, dans l'État de New York.
Il vit actuellement à Londres et son travail figure dans les collections permanentes du MoMA et du Fonds National d'Art Contemporain, à Paris.

C.Buchet - Sans titre (2016)

La photo de mode n'est pas mon genre de prédilection, mais ces deux clichés ressemblent plutôt à des photos prises "behind the scene" et je les aime beaucoup.
Comme quelques autres d'un genre encore différent - des affiches déchirées, un beau cheval gris pommelé, un travel trailer d'un vert rutilant à Red Hook... -, que je conserve dans mes archives.
Une image vaut mille mots, aurait dit Confucius...
CO1

ICI

samedi 4 septembre 2021

J. Ducamps
Allégorie de l'amour vertueux
(c.1620-1630)

Une image et des mots. L'image, c'est ce tableau du flamand Jean Ducamps. Les mots sont un extrait de Comme de petits chiens, une des nouvelles du poète gallois Dylan Thomas qui figure dans son autobiographie Portrait de l'artiste en jeune chien (1940).

Et c'était vrai. J'étais un noctambule solitaire et un habitué des coins de rue. J'aimais errer après minuit dans la ville, sous la pluie, quand les rues étaient désertes et les lumières éteintes aux fenêtres .. [.....] Et jamais je ne me sentais plus profondément intégré dans ce monde lointain et écrasant ou plus débordant d'amour, d'arrogance, de pitié et d'humilité, non seulement pour moi, mais pour les créatures de cette terre où mes tourments étaient sans fin et pour les astres impassibles des sphères célestes, Mars, Vénus, Brazell, Skully, les habitants de Chine, saint Thomas, les femmes hautaines et les femmes faciles, les soldats, les marlous, les agents de police, les rats soupçonneux des librairies d'occasion, les putains en guenilles qui vous donnaient la secousse contre le mur du musée pour une tasse de thé et les femmes distinguées et inabordables dont la silhouette se découpait sur sept pieds de haut dans les journaux de mode et qui défilaient lentement dans leurs fourreaux glacés parmi le verre, l'acier et le velours.

JC4

ICI

dimanche 29 août 2021

S.A.Vinogradov - Rêves d'été

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre russe Sergueï Arsenievitch Vinogradov (1869-1938), pionnier de l'impressionnisme.
Il étudie pendant près de dix ans à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou, où il suit notamment l'enseignement de Vassili Polenov (voir publication de septembre 2015), membre du mouvement réaliste des Ambulants dont il fera lui aussi partie plus tard.

S.A.V. - Jour d'été en Crimée (1917)









À partir de 1898 il enseigne à son tour la peinture, à l'académie Stroganov de Moscou dont il va ensuite devenir membre, et cofonde en 1903 l'Union des artistes russes.
Puis il part enfin enseigner à Riga, en Lettonie, où il restera jusqu'à sa mort. Voici deux tableaux que j'aime beaucoup, pour leur composition, leurs couleurs, leur lumière... ; deux portraits de jeunes femmes dont on ne connaîtra pas le visage. La première, a-t-elle levé les yeux de sa lecture pour s'abandonner au monde qu'elle révèle ? Et la seconde, sur quel lointain porte-t-elle son regard ? Chaque jour on regardait ça, disait Duras ; la mer écrite.

BB1

ICI