In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 3 janvier 2021

Richard Prince - Untitled cowboy
Le vide-grenier du dimanche. Cette année, comme depuis plus de dix ans, je m’efforcerai de publier chaque dimanche deux œuvres d’un artiste que - la plupart du temps - j’aime assez pour m’intéresser à son travail.
Aujourd’hui fait exception. Le seul propos de cette publication est de réveiller, sans y répondre, la sempiternelle question : qu’est-ce que l’art ? Qu'y-a-t-il de commun entre les chef-d'oeuvres de la Renaissance italienne et les "sculptures" de Jeff Koons?

A. Gursky - Rhein II (1999)
Ces deux clichés figurent, avec d’autres - ceux de Cindy Sherman, par exemple -, parmi les photos les plus chères du monde.
La première, vendue en 2014 pour plus de 3 millions de dollars chez Sotheby’s New York, n’est en réalité que la photo d’une photo. Richard Prince s’est contenté de photographier une publicité Marlboro dans un numéro du Time Magazine, qualifiant sa démarche de « rephotography ». L’auteur de l’image originale, payé quelques centaines de dollars peut-être, a bien tenté un procès… mais la justice lui a donné tort.
Le second cliché est d’Andreas Gursky. Lui qui avait déjà plusieurs fois dépassé les 3 millions de dollars avec 99 Cents (voir publication d’octobre 2011) bat ici ses propres records avec cette vue du Rhin, soigneusement retravaillée et photoshopée, vendue en 2011 pour près de 4,5 millions de dollars.
Deux « œuvres » qui, si elles ne nous apportent pas de réponse sur la nature de l’art, en disent long sur celle de son marché - et, plus largement, sur celle de notre monde.
Quant au Phantom de Peter Lik, ICI, il se serait vendu pour 6,5 millions de dollars.

EB1
ICI

samedi 2 janvier 2021

A/U - BHL à Vilnius (2020)
Une image et des mots. Écoutons l' Ecclésiaste (v.250 av. J.-C.) : 
"Vanité des vanités, dit Qohélet ; vanité des vanités, tout est vanité. [...] Le vent part au midi, tourne au nord, il tourne, tourne et va, et sur son parcours retourne le vent. [...] Moi, Qohélet, j'ai été roi d'Israël à Jérusalem. [...] J'ai regardé toutes les oeuvres qui se font sous le soleil : Eh bien, tout est vanité et poursuite de vent !"

Un grand homme ..... J'ignore qui est l'auteur de ce cliché intéressant, pris le 19 août 2020 à Vilnius, et où l'on surprend BHL qui se hisse sur la pointe des pieds pour dominer de la tête et des épaules ses amis Kurdes. Les mots pour l'accompagner sont de La Bruyère, extraits des Caractères (1688).

Théognis est recherché dans son ajustement, et il sort paré comme une femme ; il n'est pas hors de sa maison, qu'il a déjà ajusté ses yeux et son visage, afin que ce soit une chose faite quand il sera dans le public, qu'il y paraisse tout concerté, que ceux qui passent le trouvent déjà gracieux et leur souriant, et que nul ne lui échappe. Marche-t-il dans les salles, il se tourne à droite, où il y a grand monde, et à gauche, où il n'y a personne ; il salue ceux qui y sont et ceux qui n'y sont pas. Il embrasse un homme qu'il trouve sous sa main, il lui presse la tête contre sa poitrine ; il demande ensuite qui est celui qu'il a embrassé. [.....]

dimanche 27 décembre 2020

Aaron Siskind - Rome 55 (1963)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du photographe expressionniste américain Aaron Siskind (1903-1991), évoqué le mois dernier et dont les abstractions sont à mi-chemin entre la photographie et la peinture.
In any art you don't know in advance what you want to say. It's revealed to you as you say it. It's the difference between art and illustration.
On l'associe souvent à l'expressionnisme abstrait, un courant né aux États-Unis au sortir de la Seconde Guerre mondiale, et évoqué pour la première fois en 1946 par le critique d'art Robert Coates dans les pages du New Yorker. Ce mouvement est considéré comme étant un des éléments majeurs de l'École de New York.

A.S. - Uvuapan, Mexico (1955)
Aaron Siskind commence par un travail documentaire dans les années 1930 au sein du Photo League de New York, où il s’attache à représenter la vie des quartiers populaires.
Mais à partir des années 1940, son regard change : il se détourne du reportage social pour explorer les surfaces, les textures, les signes du monde urbain : murs écaillés, affiches déchirées, ombres, traces...
Ce glissement du réel vers l’abstraction rapproche sa photographie de la peinture de son temps, notamment celle de Franz Kline ou de De Kooning, qu’il fréquente.
Enseignant influent, notamment à l’Institute of Design de Chicago, il a profondément marqué plusieurs générations de photographes, parmi lesquels Ray Metzker présenté le mois dernier. Chez lui, la matière devient langage et le monde, un vaste palimpseste à déchiffrer.
Photography is a way of feeling, of touching, of loving. What you have caught on film is captured forever.... It remembers little things, long after you have forgotten everything.
TW4

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John Mayer - Lost in time (2024) Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre sud-africain John Meyer (b.1942), chef de file du réa...