In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 12 janvier 2020

Cas Oorthuys - Calle Mayor, Madrid (1957)
Le vide-grenier du dimanche. 
"On rencontre sa destinée souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter", écrivait La Fontaine dans une de ses fables..
Rencontre ? Ou pas ? Un proverbe malinké nous avertit aussi que le chasseur rencontre le gibier là où ils n'ont pas pris rendez-vous.
Deux clichés du photographe néerlandais Casparus Oorthuys (1908-1975), reconnu pour son rôle important dans la photographie documentaire, en particulier durant l'Occupation allemande des Pays-Bas pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il a commencé comme photographe ouvrier communiste, travaillant pour des publications comme le journal social-démocrate Wij. Avec l'invasion allemande, il a quitté son poste pour se consacrer à la création de portraits destinés à de fausses cartes d'identité, une activité pour laquelle il a été brièvement emprisonné au camp d'Amersfoort.
Cas Oorthuys - London (1953)
Oorthuys a rejoint un groupe clandestin de photographes, De Ondergedoken Camera, qui a documenté les réalités de l'Occupation et de la libération. Ses photos, marquées par une forte humanité, ont capturé la famine et les souffrances de l'hiver 1944-1945, la Hongerwinter, et constituent des témoignages puissants de cette période.
Après la guerre, son travail a évolué, se concentrant moins sur la propagande politique et davantage sur des sujets liés à l'intérêt humain et au quotidien.
Il a produit de nombreux livres photo, souvent considérés comme des archives visuelles des transformations économiques et sociales des Pays-Bas et au-delà.
Son œuvre comprend également des clichés emblématiques de paysages, d'industries et de scènes urbaines, qui reflètent un regard à la fois critique et empreint de sensibilité. Aujourd'hui, son immense collection d'archives photographiques est conservée au Nederlands Fotomuseum, qui continue à la numériser pour les générations futures. Son impact sur la photographie documentaire, qui mêle une vision engagée et une profonde empathie humaine, reste essentiel​.
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dimanche 5 janvier 2020

I. Levitan - Paysage sous la lune

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du russe Izaak Levitan (1860-1900), déjà présenté ici en octobre 2012. Figure majeure du paysagisme russe, grand ami de Chekov, influencé par Corot et membre du groupe des Ambulants.

I. Levitan - Sur la rivière (1871)

Dans une lettre adressée à Diaghilev - le père des Ballets Russes -, celui qui n'a cessé de peindre la beauté de la campagne russe et qui considérait que la place de l'homme dans le monde était insignifiante écrit :
Vous pensez sans doute que mes futurs paysages seront tout imprégnés de pessimisme, pour ainsi dire ? Ne vous inquiétez pas, j'aime trop la nature.

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samedi 4 janvier 2020

Une image et des mots. "Mignonne allons voir si la rose...". J'ignore de qui est ce portrait sans titre d'un couple amoureux que l'on imagine survivants dans un monde post-apocalyptique. Veut-il nous dire que le plus beau des sentiments prévaudra toujours et que, quel que soit le monde où nous vivrons, c'est l'amour toujours qui le rendra respirable?
Pour les accompagner j'ai choisi un des plus beaux poèmes d'amour en langue anglaise de l'ère victorienne, le sonnet 43 des Sonnets portugais d'Elizabeth Barrett Browning (1806-1861).

How do I love thee? Let me count the ways.
I love you to the depth and breadth and height
My soul can reach, when feeling out of sight
For the ends of being and ideal grace.
I love thee to the level of everyday's
Most quiet need, by sun and candle-light.
I love thee freely, as men strive for right.
I love thee purely, as they turn from praise.
I love thee with the passion put to use
In my old griefs, and with my childhood's faith.
I love thee with a love I seemed to lose
With my lost saints. I love thee with the breath,
Smiles, tears, of all my life; and, if God choose,
I shall but love thee better after death
.

***

(traduction de Claire Malroux)

Comment je t'aime? Que j'en compte les façons.
Je t'aime aussi profond, aussi haut et large
que mon âme peut aller, cherchant à tâtons
les fins de l'être et de la grâce idéale.
Je t'aime à la mesure du besoin quotidien
le plus paisible, au soleil et à la bougie.
Je t'aime librement, comme on se bat pour la justice.
Je t'aime purement, comme on dédaigne l'éloge.
Je t'aime avec la passion que je mettais jadis
dans mes chagrins, avec la foi de mon enfance.
Je t'aime avec l'amour que j'avais cru perdre
en perdant mes morts sacrés. Je t'aime avec le souffle,
les rires, les pleurs de toute ma vie, et si Dieu veut,
je ne t'en aimerai que plus après ma mort.
CP2

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