In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 17 février 2019

Jacob Riis - Bandit's Roost (1888)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Jacob Riis (1849-1914), journaliste et photographe d’origine danoise, devenu l’un des grands témoins de la misère new-yorkaise à la fin du XIXᵉ siècle. Charpentier de formation mais sans travail il quitte le Danemark à l'âge de 21 ans pour tenter sa chance en Amérique ; il arrive sans un sou en 1870 à New York où il va difficilement survivre, pendant plusieurs années, d'errances en emplois précaires - travailleur agricole, ouvrier métallurgiste -, jusqu'à ce qu'il parvienne à se faire engager en 1877 comme apprenti-journaliste au New York Tribune.
Pionnier du photojournalisme d'enquête, il eut avec son travail sur la pauvreté à New York une influence majeure sur l'évolution des mentalités pendant l'ère progressiste de Theodore Roosevelt. 

J.R. - Homeless children (1890)

The slum is the measure of civilization.
Les missions qui lui sont confiées le confrontent à la misère des bidonvilles et des taudis newyorkais. C'est une vie qu'il a connue lui-même, la détresse et les difficultés auxquelles les immigrants quotidiennement font face pour survivre, et qu'il va documenter d'abord avec sa plume puis avec la photographie.
Il organise des rassemblements, souvent dans des églises, pour porter témoignage de ce qu'il voit, et c'est à l'occasion d'une de ces manifestations qu'il rencontre celui qui publiera en 1890 le résultat de son travail documentaire sous le titre de How the other half lives. En y révélant les conditions effroyables de vie des immigrés entassés dans les tenements de Manhattan, Riis a contribué à éveiller l’opinion publique et à inspirer les réformes sociales et urbaines qui suivront. Ses images dévoilent sans fard des intérieurs exigus, des dortoirs saturés, des visages d’enfants malnutris.
Theodore Roosevelt, qui n'est pas encore président mais déjà très influent, les découvre et admire son travail qui dès lors aura une influence déterminante sur les mouvements de réforme sociale à New York. On peut, bien sûr, voir dans ces photographies une dimension de témoignage social et militant. Mais ce qui frappe aussi, c’est leur force brute : elles ne cherchent pas l’effet esthétique, elles imposent la réalité. « Je savais que mon appareil photo allait parler plus fort que mes mots », écrivait-il. Et de fait, c’est par ce mélange de rudesse et de compassion que son œuvre a trouvé sa portée.
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dimanche 10 février 2019

William Fenech - Sans titre
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de William Fenech (b.1946). D'origine maltaise il naît en Algérie et arrive en France, dans les Pyrénées Orientales, après les événements.
C'est là qu'il vit encore et travaille, dans son atelier de Céret, en artiste autodidacte qui revendique son inscription dans la tradition picturale française de la fête et de la danse. Ses tableaux puisent leur inspiration dans l’univers des cabarets, pianos-bars, bals populaires et cafés-concerts, autant de lieux où s’incarne une certaine idée de la convivialité parisienne.

W.F. - Bd Lafayette
Admirateur de Renoir et de Toulouse-Lautrec, Fenech reprend à sa manière ce fil de la peinture festive, où la joie collective, la musique et le mouvement deviennent matière picturale.
Son travail se situe à la croisée de l’expressionnisme figuratif et d’un réalisme attentif aux détails. Les visages, souvent saisis avec une certaine rudesse, traduisent moins une idéalisation qu’une recherche de vérité : rides, mimiques, regards parlent de l’authenticité des êtres. Mais l’essentiel est ailleurs : dans le mouvement, omniprésent, qu’il soit celui des danseurs, celui des gestes, ou celui qui anime la toile entière par la circulation des regards et l’ambiance sonore qu’elle semble contenir.
On croit entendre la musique, les voix, le brouhaha joyeux de la fête.
À travers ces scènes, Fenech ne cherche pas seulement à peindre un spectacle : il célèbre un art de vivre à la française, fait de danse, de chansons, de plaisir partagé. Sa peinture revendique une fonction optimiste, presque sociale : « embellir la vie », selon la formule de Fernand Léger qu’il aime à citer, et redonner au spectateur un peu de ce « goût de vivre » que ses toiles exhalent.
Je m'attache à conserver dans ma peinture la tradition artistique française de la danse et de la fête. Je peins les cabarets dansants, les piano-bars, les cafés-concerts, les chanteuses de cabaret. Je me situe dans la tradition des bals populaires.
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dimanche 3 février 2019

Saul Leiter - In my room - Untitled (1950s)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Saul Leiter (1923-2013) - déjà présenté en décembre 2013 et 2014 -, pour illustrer la parution il y a peu chez Steidl d'un ouvrage de photos intimes, simplement intitulé In my room, et prises chez lui, dans l'East Village à New York.

S.L. - In my room - Lynn (1969)
Jay, Barbara, Faye, Inez, Jean, Soames, j'ignore si toutes ces jeunes femmes photographiées par Leiter sur trois décennies ont été ses maîtresses, ou simplement des muses ou des amies, mais à aucun moment elles ne me semblent avoir été photographiées comme des objets. Je pense que de toute façon le photographe devait les aimer.
Et lorsqu'ici il joue avec les miroirs et les embrasures, c'est sans que l'on ait le sentiment d'une photo volée, sans jamais que l'on  puisse douter de la confiance entre le photographe et ses sujets.

samedi 2 février 2019

Une image et des mots. L'image, c'est cette carte dessinée en 1802 d'après ses observations par Alexandre de Humboldt, le premier à rapporter ce phénomène hydrographique si particulier qu'est le Casiquiare, un cours d'eau sinueux et parsemé de rapides qui relie les bassins des deux géants amazoniens, l'Orénoque et l'Amazone; il faut lire son Voyages dans l'Amérique équinoxiale, paru en deux petits volumes dans une collection de poche, chez La Découverte.

Les mots, extraits du Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations, sont du situationniste Raoul Vaneigem :

"Dans le monde unitaire, sous le regard immobile des dieux, l'aventure et le pèlerinage définissent le changement à l'intérieur de l'immuable. Il n'y a rien à découvrir, car le monde est donné de toute éternité, mais la révélation attend le pèlerin, le chevalier, l'errant à la croisée des chemins. En vérité la révélation est en chacun: parcourant le monde, on la cherche en soi, on la cherche au loin et elle jaillit soudain, source miraculeuse que la pureté d'un geste fait sourdre à l'endroit même où le chercheur disgracié n'aurait rien deviné... [.....] Sous le mouvement, trouver l'immuable; sous l'immuable, trouver le mouvement."

Ganjifa moghol Le vide-grenier du dimanche. Deux Ganjifas , ces cartes d’un jeu ancien, originaire de Perse, qui a pris toute sa richesse en...