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Jacob Riis - Bandit's Roost (1888) |
Pionnier du photojournalisme d'enquête, il eut avec son travail sur la pauvreté à New York une influence majeure sur l'évolution des mentalités pendant l'ère progressiste de Theodore Roosevelt.
The slum is the measure of civilization.
Les missions qui lui sont confiées le confrontent à la misère des bidonvilles et des taudis newyorkais. C'est une vie qu'il a connue lui-même, la détresse et les difficultés auxquelles les immigrants quotidiennement font face pour survivre, et qu'il va documenter d'abord avec sa plume puis avec la photographie.
Il organise des rassemblements, souvent dans des églises, pour porter témoignage de ce qu'il voit, et c'est à l'occasion d'une de ces manifestations qu'il rencontre celui qui publiera en 1890 le résultat de son travail documentaire sous le titre de How the other half lives. En y révélant les conditions effroyables de vie des immigrés entassés dans les tenements de Manhattan, Riis a contribué à éveiller l’opinion publique et à inspirer les réformes sociales et urbaines qui suivront. Ses images dévoilent sans fard des intérieurs exigus, des dortoirs saturés, des visages d’enfants malnutris.
Theodore Roosevelt, qui n'est pas encore président mais déjà très influent, les découvre et admire son travail qui dès lors aura une influence déterminante sur les mouvements de réforme sociale à New York. On peut, bien sûr, voir dans ces photographies une dimension de témoignage social et militant. Mais ce qui frappe aussi, c’est leur force brute : elles ne cherchent pas l’effet esthétique, elles imposent la réalité. « Je savais que mon appareil photo allait parler plus fort que mes mots », écrivait-il. Et de fait, c’est par ce mélange de rudesse et de compassion que son œuvre a trouvé sa portée.