In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 5 mai 2018

E. Schiaffino - Portrait de Margot (1890)
Une image et des mots. C'est à l'occasion d'un dîner de têtes au Musée des Beaux-Arts de Buenos Aires que j'ai découvert il y a de ça une vingtaine d'années la peinture de l'argentin Eduardo Schiaffino (1858-1935) ; il en avait été le directeur et y avait joué un rôle déterminant dans l'institutionnalisation de l'art dans son pays.
Élève de Puvis de Chavannes, il est maintenant presque oublié et c'est donc avec plaisir que je publie aujourd'hui ce Portrait de Margot (1890). Cet air de lassitude un peu agacée sur son joli visage, est-ce qu'il s'adresse à un amoureux trop peu audacieux qui lui dit des poèmes au lieu de la courtiser? Ou bien (effet Koulechov ?) est-ce juste une idée née à la lecture de ces quelques vers ? Ils sont d'un autre argentin, Julio Cortazar, extraits de Cinco últimos poemas para Cris.

Ahora escribo pájaros.
No los veo venir, no los elijo,
de golpe están ahí, son esto,
una bandada de palabras
posándose
una
a
una
en los alambres de la página,
chirriando, picoteando, lluvia de alas
y yo sin pan que darles, solamente
dejándolos venir. Tal vez
sea eso un árbol
o tal vez
el amor,
[.....]
No te voy a cansar con más poemas.
Digamos que te dije
nubes, tijera, barriletes, lápices,
y acaso alguna vez
te sonreíste.

***

Maintenant j'écris des oiseaux.
Je ne les vois pas venir, je ne les choisis pas,
d'un coup ils sont là, ils sont ceci,
une nuée de mots
se posant
un
par
un
sur les fils de fer de la page,
piaillant, picorant, pluie d'ailes
et moi sans pain à leur donner, les laissant
seulement venir. Peut-être
est-ce cela un arbre
ou peut-être
l'amour.
[.....]
Je ne vais pas te fatiguer avec d'autres poèmes.
Disons que je t'ai dit
nuages, ciseaux, cerfs-volants, crayons,
et peut-être qu'une fois
tu as souri.

dimanche 29 avril 2018

A. K. - Bouleaux au bord de la rivière (19e)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre paysagiste tchèque Alois Kalvoda (1875-1934), formé à l'Académie des Beaux-Arts de Prague avec Julius Marák.
Une bourse obtenue en 1900 lui permet ensuite d'étudier à Paris, avant de partir l'année suivante pour Munich et enfin de retourner à Prague où il crée une école d'art. En 1907, il est l'un des fondateurs de l'Association des Artistes Moraves.

A.K. - La maison bleue



Alois Kalvoda est l'un des pionniers de l'impressionnisme et du symbolisme tchèque, un des maîtres du paysage du tournant du 20ème siècle, nourrissant son inspiration des motifs simples du paysage moldave : chaumières paysannes, récoltes, cours d'eau et étangs dans des paysages forestiers. L'image de cette campagne aimable qui, comme le disait Jules Renard, se prête à toutes les divagations du rêve.

HR1

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dimanche 22 avril 2018

P. Nozolino - série Loaded shine
(2008-2013)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du portugais Paulo Nozolino (b.1955), pour la clôture hier de son exposition à la galerie des Filles du Calvaire, à Paris où il a vécu, ainsi qu'à Londres où il a étudié la photographie au London College of Printing. 
Après avoir beaucoup voyagé en Europe, en Asie, au Moyen-Orient, et aux Amériques, il vit et travaille aujourd'hui entre Lisbonne et Paris.

P. Nozolino - Night ride, Lisboa (1981)
J'ai découvert ce photographe un peu par hasard, avec l'image très romanesque d'une main féminine qui tient une cigarette à la fenêtre d'un train ; et cette photo que j'ai trouvée belle m'a donné l'envie d'en connaître plus de son travail, sur lequel je reviendrai sans doute.
Paulo Nozolino est un artiste engagé, qui voit le monde sans complaisance et le montre ainsi...
"Il n'y a pas de paix quand on cherche l'absolu", dit-il. Son travail touche l'obscurité.
WD3

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samedi 21 avril 2018

Louis Dalrymple - The fool and his money (1896)

Une image et des mots. L'illustration est du dessinateur de presse américain Louis Dalrymple (1866-1905), qui diffusait ses caricatures parfois osées dans Puck ou dans Judge, avant de devenir l'illustrateur en chef du Daily Graphic à New York, puis de finir sa vie dans un asile.
Pour aller avec, voici quelques lignes du roman de Dostoïevski, Les frères Karamazov (1880).

À l'heure actuelle, chacun s'efforce de goûter la plénitude de la vie en s'éloignant de ses semblables et en recherchant son bonheur individuel. [.....] L'homme amasse des biens dans la solitude et se réjouit de la puissance des biens qu'il croit acquérir, se disant que ses jours sont désormais assurés. Il s'habitue [.....] à ne compter que sur lui-même, ne croit plus à l'entraide, oublie, dans sa solitude, les vraies lois de l'humanité, et en vient finalement chaque jour à trembler pour son argent, dont la perte le priverait de tout.

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C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932) Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets, voici q...