In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

samedi 2 septembre 2017

Guayasamín - Manos de un mendigo
Une image et des mots. Une oeuvre du peintre équatorien Oswaldo Guayasamín (1919-1999).
Les mots sont encore de Roberto Juarroz, extraits  une nouvelle fois de Dixième poésie verticale.
La traduction (je me suis humblement permis une seule petite retouche) est de François-Michel Durazzo.

Hay horas que nos abren las manos
y dan vuelta como a un texto marchito
la lección fatigada que es el mundo.

La iniciativa no nos pertenece.
Las cosas se sueltan o se abren
como si hubiese ondas o corrientes o motivos
que recorren el tiempo y el espacio,
cambian las situaciones,
corrigen las sustancias,
desempolvan texturas
y hasta inventan quizá
nuevos modos del ser,
variaciones o escapes.

Y entre tantos procesos curiosamente ambiguos
no sólo se nos abren las manos
como maniobras fértiles,
sino que a veces también se posa algo sobre ellas,
como si viniera a descansar un instante del abismo.

***

Il est des heures qui nous ouvrent les mains
et retournent comme un texte fané
la leçon fatiguée qu'est le monde.

L'initiative ne nous appartient pas.
Les choses se déprennent ou s'ouvrent
comme s'il y avait des ondes, des courants ou des motifs,
qui parcourent le temps et l'espace,
changent les situations,
corrigent les substances,
dépoussièrent des textures
et peut-être même inventent
de nouvelles manières de l'être,
des variations ou des fuites.

Et parmi tant de processus curieusement ambigus
non seulement nos mains s'ouvrent
comme de fertiles manoeuvres,
mais parfois quelque chose se pose aussi sur elles,
comme pour se reposer un instant de l'abîme.

RW1
ICI

dimanche 27 août 2017

Henri Harpignies - Clair de lune (1889)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et aquarelliste Henri Harpignies (1819-1916), grande figure du paysage français du XIXᵉ siècle. Formé à l’École des Beaux-Arts de Paris et influencé par l’école de Barbizon, celui qu'Anatole France surnommait "le Michel-Ange des arbres" se forme à la peinture en autodidacte, en voyageant notamment en Italie où il découvre les paysages qui marqueront profondément son travail.

H.H. - Le pêcheur (1886)
Son style, qui oscille entre le réalisme et une certaine forme de lyrisme qui anticipe l’impressionnisme, se distingue par une attention particulière aux jeux de lumière et aux atmosphères subtiles, souvent baignées d’une douceur presque poétique.
La première de ces deux oeuvres est une huile sur toile, et la seconde - une aquarelle conservée au Victoria & Albert Museum de Londres - m'a fait penser lorsque je l'ai découverte à l'univers aimable d'un autre nordiste, André Dhôtel. Souvent comparé à Corot pour sa délicatesse, Harpignies affirme pourtant une sensibilité propre qui influencera nombre de paysagistes de la fin du XIXᵉ et du début du XXᵉ siècle.

WD2

ICI

dimanche 20 août 2017

Dima Gavrysh - EOD (2012)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'ukrainien Dima Gavrysh (b.1978), dont le travail documente les conflits militaires à travers une lentille personnelle et poétique. Diplômé en cinéma à Kiev en 2000 puis en photographie au Rhode Island School of Design en 2012, Gavrysh collabore avec des publications majeures (The New York Times, Time, Paris Match et Stern), et participe à des missions pour Médecins Sans Frontières et le Fonds des Nations Unies pour la population.

D.G. - Zerok #2 (2012)
Son ouvrage Inshallah (2015), où figurent ces deux photographies, propose une lecture intime et critique des occupations soviétique et américaine de l’Afghanistan : le livre mêle photographies, récits personnels et réflexions sur la guerre, interrogeant les idéalisations militaires et les représentations du conflit dans les sociétés post-soviétique et américaine. Les photographies de Dima Gavrysh sont incluses dans les collections permanentes du Cleveland Museum of Art et du Portland Museum of Art.
GM1

ICI

samedi 19 août 2017

Julien Dupré - Les porteuses de gerbes (1880)
Une image et des mots. Pour aller avec cette belle représentation du monde paysan de Julien Dupré, j'ai choisi quelques mots de Marcelle Delpastre (1925-1998) poétesse-paysanne limousine.
M. Delpastre



Il fut un temps pour te chanter, parole, poésie de vent. Mais maintenant je tiens la terre à bras-le-corps, je l'étreins corps à corps, je porte entre mes bras la fraîcheur de la glèbe.
[.....] C'est moi qui creuse le sillon, moi qui sème le blé. Je porte l'eau jusqu'aux racines, et la récolte me revient. J'ai le poids du soleil sur mon cou, et le poids du blé sur mes épaules, entre mes bras la pesanteur des gerbes; et le parfum des herbes embaume tous mes os.

M.T. - Sasha Pivovarova (2006) Le vide-grenier. Deux clichés de Michael Thompson (b.1966), photographe américain réputé pour son travai...