In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 6 novembre 2016

D. M. - Poster, Nakano (1990)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe japonais Daido Moriyama (b.1938). 
Il s'intéresse d'abord à la peinture, et ce n'est qu'en 1959, à l'âge de 21 ans, qu'il se tourne vers la photographie. En 1960 il devient à Osaka l'assistant de Takeji Iwamiya, étudie la photo de rue avec Seiryu Inoue, et devient l'année suivante l'assistant de Eiko Hosoe à Tokyo ; celui-ci est - avec Kikuji Kawada et Akira Sato -, l'un des co-fondateurs du collectif VIVO que Moriyama va donc rejoindre juste avant sa dissolution.
C'est une série sur la ville de Yokosuka, réalisée en 1965, qui va véritablement lancer sa carrière.

D. M. - Hunter serie (1972)
My photos are often out of focus, rough, streaky, warped, etc... For me, capturing what I feel with my body is more important than the technicalities of photography.

PF7

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samedi 5 novembre 2016

Une image et des mots. L'image, c'est cette couverture d'un épisode des aventures du Club des 5, de la très prolifique Enid Blyton. Ce groupe d'amis pré-adolescents à la morale exemplaire a accompagné toute mon enfance...
Et voici que j'apprends que depuis 2004 (ou 2006 je ne sais plus), l'oeuvre d'Enid Blyton - une oeuvre que des années 30 aux années 50 la BBC refuse de diffuser pour cause de "pauvreté littéraire" -  voit ses rééditions régulièrement "retravaillées" afin d'en expurger tout ce qui pour le jeune lecteur d'aujourd'hui pourrait paraître un peu trop compliqué. Exit par exemple le passé simple, au profit du passé composé... Mais aussi les phrases sont raccourcies, leur vocabulaire et leur syntaxe simplifiés.
Ainsi, ce qui il y a quelques décennies était  considéré, pour son indigence stylistique, comme de la mauvaise littérature enfantine, est aujourd'hui jugé d'une lecture trop difficile. Ça laisse rêveur...

Pour aller avec cette illustration, une célébration de l'amitié par Walt Whitman, extraite de Leaves of grass (1855)

In paths untrodden,
in the growths by margins of pond-waters,
[.....]
clear to me now standards not yet publish'd,
clear to me that my soul,
that the soul of the man I speak for rejoices in comrades...

[.....]
I proceed for all who are or have been young men,
to tell the secrets of my nights and days,
to celebrate the need of comrades.

***

Dans des sentiers  non frayés,
parmi les plantes qui poussent au bord des eaux stagnantes,
[.....]
claires sont pour moi aujourd'hui des valeurs non encore proclamées,
il est clair pour moi que mon âme,
que l'âme de l'homme au nom de qui je parle trouve sa joie en des camarades.
[.....]
J'entreprends, à l'intention de tous ceux qui sont
ou ont été de jeunes hommes,
de dire le secret de mes nuits et de mes jours,
de célébrer le besoin de camarades.

dimanche 30 octobre 2016

B. Buffet - Bouquet de marguerites (1957)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et graveur expressionniste Bernard Buffet (1928-1999), que Maurice Druon appelait "le peintre tragique de la condition humaine".
Je ne peux pas dire que je suis amateur de ses clowns tristes et de ses paysages dépressifs ; affaire de goût. Mais j'aime assez certains tableaux, comme la plupart de ses marines, ou encore quelques vues de Paris, et bien sûr ceux que je choisis de présenter ici aujourd'hui.

B. B. - Saule pleureur sur la rivière (1961)
En 1943, à l'âge de 15 ans, il réussit le concours d'entrée à l'École des Beaux-Arts de Paris, où il intègre l'atelier d'Eugène Narbonne.
Il a à peine vingt ans quand il est au faîte de sa célébrité. "Ce garçon fait à vingt ans ce que je voudrais faire à mon âge" déclara un jour André Derain.
Céline, lorsqu'il fut question en 1952 d'une édition de grand luxe du Voyage au bout de la nuit, souhaitait que les illustrations lui fussent confiées. Malheureusement, le projet n'aboutit pas.

dimanche 23 octobre 2016

Jules Aarons - Paris (1950s)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Jules Aarons (1921-2008), natif du Bronx, à New York, dont il a abondamment documenté la vie populaire.
Diplômé de l'Université de Boston en 1949, il part en 1954 à Paris pour y compléter ses études et obtenir un Doctorat en Physique.

J. Aarons - Lounging, Brooklyn (1950s)






Spécialiste internationalement reconnu dans le domaine de la propagation des ondes radio, il s'adonne également à la photographie et son travail fait aujourd'hui partie des collections permanentes de grandes institutions comme la Bibliothèque Nationale de Paris, le Musée des Beaux Arts de Boston et le MoMA de New York.

LM1

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samedi 22 octobre 2016

Rembrandt - Adam et Eve au Paradis (1638)
Une image et des mots. La représentation du bien et du mal dans cette gravure de Rembrandt peut paraître surprenante : aux côtés d'Adam et Eve, dans les moments qui précèdent leur chute, il y a un dragon - image emphatique du serpent -, mais c'est un éléphant qui vient symboliser l'innocence et la chasteté. Il y a une explication.
Le "modèle" de Rembrandt, qui n'est jamais sorti de son pays, s'appelait Hansken. Cette éléphante d'Asie avait été introduite aux Pays-Bas où elle est devenue une attraction extrêmement populaire. Représentée au moins trois fois dans l'oeuvre de Rembrandt, elle a voyagé à pied en Europe du Danemark à l'Italie, et fut le premier éléphant d'Asie a être étudié par la science occidentale.

Les mots sont extraits du Tour du monde d'un sceptique, d'Aldous Huxley (1926).

Quand il (l'éléphant) émergea de l'enceinte du palais - j'évoque cet incident trivial et par trop banal parce qu'il suscita en moi des réflexions mélancoliques sur le cosmos - notre mastodonte s'arrêta et, avec sa gravité ordinaire, se soulagea monstrueusement. L'opération terminée, il avait à peine repris sa marche, qu'une vieille femme qui était restée plantée, dans l'expectative, à la porte d'une masure au milieu des ruines, et nous nous demandions pourquoi, se précipita d'un bond sur le tas d'excréments fumants. Il y avait là, je suppose, de quoi alimenter son feu pour la cuisine de toute une semaine. [.....]
Notre tremblement de terre reprit ses embardées. Je songeai aux douzaines de millions d'êtres humains pour lesquels le passage d'un éléphant diarrhéique semble un don de Dieu, un prodigieux coup de fortune. Cette idée me déprima. Pourquoi sommes-nous ici dix-huit cents millions d'hommes et de femmes, sur cette planète remarquable et peut-être unique? À quelle fin? Est-ce pour aller à la recherche du fumier - bouse de vache, crottin de cheval, excréments énormes et princiers des éléphants? C'est évidemment cela, pour bon nombre d'entre nous du moins. C'était là, pensai-je, une raison qui semblait mal appropriée à notre présence ici-bas, nous, âmes immortelles, cousins germains des anges, les propres frères de Bouddha, de Mozart, et de Sir Isaac Newton.

JM1 ICI