In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 6 septembre 2015

V. Polenov - Femme en forêt
(1883)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du russe Vassili Polenov (1844-1927), évoqué dans la publication d'octobre 2012 consacrée à Izaak Levitan.
Figure majeure du mouvement réaliste, il est aussi l'autre grande influence - avec Vassili Perov - d'Abram Arkhipov, présenté ici en avril 2014.
Contrairement à son élève, Polenov naît dans une famille aisée d'aristocrates, pétrie de valeurs humanistes et férue d'art et de science. Son grand-père, un juriste qui milite pour l'abolition du servage et l'alphabétisation du peuple, publie un essai proclamant que "de bonnes moeurs valent mieux que de bonnes lois".
Adhérent du mouvement des Itinérants (ou Ambulants), il est aussi de ceux qui fréquentent Abramtsevo, la colonie artistique voulue par le mécène Saava Mamontov, déjà évoqué dans la publication du 10 février 2013 consacrée à Valentin Serov.
V.P. - Le Christ et la pécheresse
(1888)

Son tableau Le Christ et la pécheresse est un modèle en terme de volonté de réalisme. Après quelques années d'esquisses et d'études, il entreprend en 1881 un voyage au Proche et Moyen-Orient, de Constantinople à la Palestine, pour y observer l'architecture et l'environnement, ainsi que la physionomie et les moeurs des habitants.
De retour à Moscou il se rend compte que si les informations dont il dispose sur l'architecture sont suffisantes, ce n'est pas le cas en ce qui concerne la physionomie orientale. Il repart alors, à Rome cette fois où il reste un an, et y travaille sur la physionomie de la communauté juive italienne. Son Christ, écrit le journaliste Vladimir Kortolenko "est un homme, vraiment un homme, fort, musclé, avec la peau tannée d'un prédicateur oriental toujours sur la route." C'est un chef-d'oeuvre.
DR1

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samedi 5 septembre 2015

Araña mona (Theraphosa blondi)
Une image et des mots. C'est un corrézien, Pierre-André Latreille, qui au début du 19e, a le premier répertorié sous le nom de mygale de Leblond cette belle araignée amazonienne que l'on appelle aussi mygale Goliath, ou, ici, "araña mona". C'est la plus grosse araignée au monde. Elle vit dans des terriers dont elle sort plutôt la nuit pour chasser, et à certains endroits de la forêt le sol est truffé des trous de ses repaires.
Pour la capturer, les indiens Piaroas grattent la terre à l'entrée de son terrier à l'aide de brindilles. Lorsque l'animal en surgit, pensant que ce mouvement qu'elle perçoit est d'une proie possible - rongeur ou oiseau - il faut agir très vite. De l'index la plaquer fermement au sol en appuyant sur le thorax, de l'autre main vite ramener ses pattes arrières entre les doigts restés libres, plutôt le pouce et le majeur, pour l'empêcher de s'en brosser l'abdomen et de répandre ainsi un nuage de poils très urticants. On peut ensuite ramener les pattes latérales et antérieures entre les deux doigts pour toutes les réunir (en faisant bien attention à ne pas se faire mordre), et l'on peut dès lors tenir sans danger l'araignée par ses huit pattes ramenées au-dessus du corps. Il ne reste plus qu'à l'envelopper dans cette position dans une feuille roulée en forme de bourse que l'on va lier et maintenir fermée par une fine liane.
De retour au campement, les araignées seront embrochées sur une tige de bois pour être grillées au-dessus du feu, une fois l'abdomen arraché car seule la chair blanche du thorax et des pattes, au léger goût de crabe, se consomme.
On procède de la même façon avec les marshmallows qui, à la différence de la mygale, ne vivent pas dans des terriers mais dans des poches en plastique ; par ailleurs, comme ils sont dépourvus de pattes ils ne peuvent pas s'enfuir et leur capture s'en trouve grandement facilitée, ce qui explique que l'on observe plus de cas de surpoids chez les jeunes scouts que chez les enfants amazoniens.
RY1

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dimanche 30 août 2015

W.A.Chase. - The keynote (1915)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre anglais William Arthur Chase (1878-1944), portraitiste et spécialiste de la peinture florale.
Né à Bristol, Chase se forme dans les écoles d’art de Londres - City and Guilds et Regent Street Polytechnic - tout en menant une carrière dans l’administration fiscale.
W.A.C. - Abundant flower bunch
(c.1930)

Ce n'est ni pour ses portraits ni pour ses compositions florales que je le présente ici - sans les dédaigner ce ne sont pas mes genres préférés -, mais pour ce tableau que j'aime beaucoup, The keynote.
Je n'y vois aucune... fausse note. Tout sonne juste : l’harmonie des couleurs, la parfaite féminité de l’attitude, la grâce de la main qui enfonce la tonique… et ce choix délibéré de l’artiste, qui nous laisse imaginer un visage que nous ne verrons jamais.

dimanche 23 août 2015

Jonas Bendiksen - El Valle, Caracas (2007)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photo-journaliste norvégien Jonas Bendiksen (b.1977), membre de Magnum Photos depuis 2004. À dix-neuf ans, il rejoint l’agence comme stagiaire à Londres, avant de partir s’immerger plusieurs années dans les marges de l’ex-URSS.
C'est de cette période que naîtra Satellites, un premier livre marquant où il photographie les micro-républiques post-soviétiques avec un regard à la fois documentaire et attentif à la fiction collective.

J.B. - Laxmi Chawl, Mumbai (2006)
Mais les deux clichés que j'ai choisis aujourd'hui font partie de sa série "The places we live", et nous parlent de l'enfance dans les bidonvilles. Au lieu de chercher le choc ou la misère, Bendiksen donne à voir des vies concrètes, des visages, des intérieurs...  
Le premier cliché a été pris dans les ranchitos de El Valle, sur les collines qui cernent la capitale vénézuélienne, le second à Laxmi Chawl, un des quartiers de Dharavi, le plus grand ensemble de bidonvilles de Bombay.
Photography is about storytelling. It's about connecting with people and sharing experiences.
Pour découvrir le travail de Jonas Bendiksen, c'est ICI.

dimanche 16 août 2015

Bruyn l'Ancien
Portrait d'Elisabeth Bellinghausen (c.1538)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Bartolomäus Bruyn l'Ancien (1493-1555), peintre allemand de la Renaissance rhénane, contemporain de Cranach et de Holbein. Formé auprès de Jan Joest van Kalkar, il assimile très tôt, aux côtés de Joos van Cleve, l’usage d’une lumière dramatique et d’un modelé adoucissant les contours, visibles dans ses premiers retables des années 1510-1520.
Spécialiste des portraits et des retables, il accorde un soin extrême aux visages, aux mains, aux étoffes et aux bijoux. Premier grand portraitiste de Cologne, il fonde une école poursuivie par ses fils Arnt et Barthel le Jeune.
Bruyn L'Ancien
L'Adoration des Mages (c.1515)

Ses modèles - bourgeois et patriciens - posent frontalement, dans des compositions d’un naturalisme précis, souvent relevées de couleurs vives. On lit dans leurs portraits la prospérité de ses commanditaires, mais aussi leur volonté de se présenter avec gravité et retenue. Nourries de la tradition nordique et parfois enrichies de symboles de vanité au verso, ses effigies saisissent la bourgeoisie montante avec une pénétration tranquille, loin de toute flatterie de cour. Partagée entre grands retables (Essen, Xanten) et portraits, l'œuvre de Bruyn l'Ancien marque l’un des derniers sommets de la Renaissance rhénane avant son déclin.

Ganjifa moghol Le vide-grenier du dimanche. Deux Ganjifas , ces cartes d’un jeu ancien, originaire de Perse, qui a pris toute sa richesse en...