In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

samedi 5 septembre 2015

(A/U)
Une image et des mots.
"Les règles constituent la signification, écrit Wittgenstein, elles n'y répondent pas". Ce sont elles qui imposent une signification et in fine un sens, et génèrent parfois un problème d'application.
Contrairement à ce qu'il écrivait dans le Cahier bleu, on peut dire que d'une certaine façon la norme agit à distance; celle qui sépare la règle apprise de la règle appliquée.
Ce que dit Wittgenstein c'est qu'une règle ne nous mène nulle part si nous ne la mettons pas en actions dans le cadre d'usages partagés.
Une règle qui ne correspondrait à aucun usage accepté, ne serait d'ailleurs pas une règle.
Son action est toujours comme l'adaptation pratique d'un consensus à un élément contextuel. 
Il souligne donc que le sujet est libre de son action, dans le cadre de la liberté donnée par la règle et de celle, subjective, de ses choix, et que cette liberté lui permet même parfois de se tromper. Wittgenstein combat en fait toutes formes de transcendance: celles qui seraient imposées par un principe indépassable et celles qui s'imposeraient aux hommes à travers des définitions et des applications trop restrictives. Une règle ne peut être qu'un panneau indicateur et jamais une injonction rigide qui nous empêcherait de l'appliquer aux diverses situations qu'elle ne peut prévoir.
Jacques Lemaire-Charpentier, Ludwig Wittgenstein, philosophie, mathématiques et jeu des échecs, 2019.

dimanche 30 août 2015

W.A.Chase. - The key note (1915)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre anglais William Arthur Chase (1878-1944), portraitiste et spécialiste de la peinture florale.

W.A.C. - Abundant flower bunch
(c.1930)
Ce n'est pas pour l'une ou l'autre de ses deux spécialités que je le présente ici - ce ne sont d'ailleurs pas mes genres préférés -, mais j'aime beaucoup le premier tableau auquel...  je ne vois pas de fausse note.
Tout y est juste : les couleurs employées, la parfaite féminité de l'attitude, la grâce de la main qui enfonce la tonique, ...... et ce parti pris du peintre, qui nous oblige à imaginer un visage que nous ne connaîtrons jamais...
VM3

ICI

dimanche 23 août 2015

T.S. - Inondation à Skutarisee, Yougoslavie (1971)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe allemand Toni Schneiders (1920-2006). Il commence son apprentissage de la photographie au Studio Menzel, à Coblence, en 1935, et en sort diplômé en 1938.
Il est ensuite correspondant de guerre en France et en Italie jusqu'à la fin du conflit.

T.S. - Roues de train, Type SG BR18
(1955)
Après la Seconde Guerre mondiale il retourne à Coblence où il travaille comme photographe paysagiste et photojournaliste. Il s'installe ensuite à Meersburg, sur les bords du lac de Constance, puis à Lindau où il travaillera avec son épouse, jusqu'à sa mort, comme journaliste indépendant.
C'est à cette époque qu'il fonde, avec Otto Steinert et quelques autres, le groupe avant-gardiste Fotoform. Ce collectif, dont le nom fut choisi en référence au formalisme, s'opposait à la photo réaliste d'après-guerre pour rétablir un lien avec les tendances photographiques des années 20 et du début des années 30.

dimanche 16 août 2015

Bruyn l'Ancien
Portrait d'Elisabeth Bellinghausen (c.1538)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Bartolomäus Bruyn l'Ancien, ou le Vieux, (1493-1555), un peintre allemand de la Renaissance connu en particulier pour ses portraits.

Bruyn L'Ancien
L'Adoration des Mages (c.1515)
Il fut d'ailleurs le fondateur d'une école spécialisée dans le genre dont il s'était fait une spécialité, et dans laquelle il sera secondé par ses fils Arnold et Bartolomäus le Jeune.
BM1
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samedi 15 août 2015

Paul Himmel - Brooklyn Bridge (1948)
Une image et des mots. L'image est un cliché du photographe documentaire américain Paul Himmel (1914-2009). Que contemple cet homme du haut du Brooklyn Bridge ? Et à quoi pense-t-il ? À la verticalité obstinée de nos aspirations ou au fleuve d'Héraclite ?
Pour l'accompagner, voici quelques lignes de Jean Guéhenno, extraites de son récit autobiographique Changer la vie (1961).

C'est une incroyable chance d'avoir quelquefois le temps de vivre, le temps de la conscience, fût-ce la conscience de tout son malheur, de pouvoir s'arrêter quelquefois, reprendre souffle et lever la tête pour contempler l'étonnant paysage autour de soi, y reconnaître sa place et se perdre en lui. C'est une lubie peut-être de cet homme de livres, de ce flâneur que je suis devenu. Mais il me semble qu'aucun plus grand bonheur n'est possible pour les hommes. Ce n'est pas le bonheur du bonheur, mais le bonheur de la libre respiration, de l'oubli de soi. Alors la course se ralentit jusqu'à s'arrêter. Les choses ne sont plus autour de nous l'enjeu d'un combat, mais rien qu'un spectacle que nous voulons comprendre. Nous ne rapportons plus rien à nous-mêmes. Il n'est plus ni bonheur, ni malheur, parce qu'il n'est plus ni désir ni angoisse. Nous ne sommes plus rien qu'un effort pour nous accorder à une présence éternelle, mais ce sont là bien des mots pour souhaiter à tous les hommes des loisirs et des rêves.

JP4 ICI