In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 16 novembre 2013

W. O. - La Somme : par une belle journée (1917)
Une image et des mots. 
De l'anglais William Orpen (1878-1931), sur qui je reviendrai très prochainement, voici en ces jours de commémoration de l'Armistice de 1918, un tableau intitulé The Somme : on a clear day.  C'est, depuis les tranchées britanniques, une vue de La Boisselle, avec le front allemand et les cratères des mines.
Le site de La Boisselle est aujourd'hui un des lieux majeurs de mémoire et de recueillement de la Grande Guerre : c'est là qu'a débuté l'offensive de la bataille de la Somme, le 1er juillet 1916, avec l'explosion d'une mine britannique constituée de plus de 30 tonnes d'explosif. Un cratère d'environ 100 mètres pour 25 mètres de profondeur est toujours visible.
J'aime beaucoup ce tableau qui, quelques mois après la ténèbre absolue d'une guerre qui a fait des millions de blessés et de morts, donne à voir un paysage lumineux et apaisé, un monde pacifié où le bleu du ciel n'est plus assombri ou déchiré par la fumée et les éclairs des explosions, où le vert tendre des prairies n'est plus ravagé par la boue, la mutilation et la mort.
Cette vision, je la retrouve dans ces quelques lignes du philosophe et homme d'état anglais Francis Bacon (1561-1626), extraites de son singulier De la sagesse des Anciens (1609).

Dans les royaumes et les États, il arrive en effet qu'au bout d'un certain temps de prospérité, surviennent troubles, séditions et guerres ; dans leur vacarme, les lois se taisent les premières, les hommes retournent aux dépravations de leur nature, et la désolation s'étend alors sur les campagnes et les cités. [.....] Viennent alors des temps de barbarie, les eaux de l'Hélicon disparaissent sous terre, jusqu'à ce que, comme le veut la commune vicissitude des choses, lettres et philosophie, peut-être en d'autres lieux et auprès d'autres nations, jaillissent et se répandent à nouveau.

dimanche 10 novembre 2013

Ata Kandó - Venezuela (1965)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe néerlandaise d'origine hongroise Ata Kandó (b.1913). D'abord photographe de mode, c'est à l'occasion d'un voyage à Caracas qu'elle découvre en 1961 l'Amazonie vénézuélienne.

Ata Kandó - Self portrait (c.1935)












Elle y revient en 1965 pour y prendre un grand nombre de photos dont ce beau portrait qui est je pense celui d'une jeune fille Yekuana, une ethnie du Haut-Orénoque voisine (géographiquement) des Yanomamis.
DY1
ICI

dimanche 3 novembre 2013

Victor Brauner - Nepotopen (1945)
 Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre français Victor Brauner (1903-1966). D'origine roumaine, il sera l'un des des membres de l'importante communauté intellectuelle de ses compatriotes à Paris : Brâncusi, Ionesco, Eliade, Cioran, Tzara ...

V. Brauner - Portraits (1954)
Formé à l'École des beaux-arts de Bucarest de 1919 à 1921, il commence à exposer en 1924 et publie le manifeste de la "picto-poésie", une juxtaposition de formes géométriques et de lettres formées à la main ou au pochoir.
La peinture, ayant surgi des régions les plus profondes de mon instinct, fait également appel à l'instinct... , une sorte de communication sans préjugés. Le sujet du tableau est totémique ; la peinture est donc magique, elle établit des relations incantatoires et directes avec les plus grandes rêveries, rêveries primitives et matérielles.

samedi 2 novembre 2013

Sappho (fresque de Pompéi)
Une image et des mots. Aujourd'hui, quand seuls quelques fragments de son oeuvre nous sont parvenus, il peut nous être difficile de mesurer à quel point la renommée de la poétesse Sappho (c.630-580 av. J.-C.), était à son époque immense ; comparable alors - dit-on -, à celle d'Homère. Cette fresque qui la représente un stylet à la main, réalisée au 1e s. après J.-C. a été découverte dans une villa de Pompéi.

Vase de Vari








Le vase, lui, date de 440-430 av. J.-C. et a été découvert à Vari, près d'Athènes où il est conservé.
On y voit Sappho, assise et qui déclame ses poèmes à un groupe de jeunes filles; elle tient à la main un rouleau sur lequel on peut lire :"J'écris mes vers avec de l'air..."
Sur ce mystère qu’est la naissance du poème, voici ce que dit, dans La trace du papillon (Actes Sud), le poète palestinien Mahmoud Darwich (1942-2008) :

Le deuxième vers.

Le premier vers est le don de l’invisible au talent. Quant au deuxième, il peut être poésie ou déception.
Le deuxième vers est le combat de l’inconnu et du connu. L’absence de signaux sur les routes,
un lieu rempli d’oppositions car tout possible est possible et il est la perplexité de la créature imitant le créateur.
Qui du mot ou de celui qui le dit mène l’autre ?
Le deuxième vers n’est pas donné.
Il se fabrique avec le savoir-faire de qui sait apprivoiser l’invisible.
Car tu vois et ne vois pas tant est forte l’ambiguïté entre lumière et obscurité.. […..]
Le possible est une forêt. Au tronc de quel arbre adosseras-tu ton imagination, à quelle bête échapperas-tu ?

Markus Hartel - Sans titre Une image et des mots.  Aborder le sujet des idées, c'est rapidement traiter de leur échange et de leur parta...