In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 2 juin 2013

W.S. - Sunday morning, Oldham (1946)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe et chef opérateur anglais d'origine autrichienne Wolfgang Suschitzky (b.1912).
Né à Vienne, il émigre en Angleterre dans les années 1930 pour fuir le nazisme - comme beaucoup d’artistes autrichiens et allemands, notamment plusieurs photographes. Il s'installe à Londres en 1935, à l'âge de 23 ans, et débute une carrière de photographe, notamment pour des commandes éditoriales. Il travaille pour des publications influentes comme Weekly Illustrated, au sein d’un univers résolument engagé.

W.S. - Charing Cross Rd, London
(1936)
Cette sensibilité sociale marque profondément son approche : humaniste, attentive, spontanée. « Je n’ai jamais "arrangé" mes photos, j’ai toujours été un observateur. »
Avec ses perspectives originales, ses angles parfois surprenants, ses compositions rappellent celles d’un Brassaï ou d’un Cartier-Bresson. « Je voulais montrer le monde tel qu’il est, mais sans cynisme, sans brutalité », disait-il encore.

samedi 1 juin 2013

William Turner - Stonehenge, twilight (c.1840)
Une image et des mots. Pour fêter le solstice, il fallait bien Stonehenge.
Le voici (à l'aube ou au crépuscule?) par l'aquarelliste William Turner (1789-1862), dit William Turner of Oxford, pour le différencier du célébrissime - et éblouissant - Joseph Mallord William Turner.
Et puisque le temps, comme l'écrivait Charles d'Orléans, "a laissé son manteau de vent, de froidure et de pluie", voici pour célébrer l'arrivée de l'été ce court poème d' A. Rimbaud :

Sensation.

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.

FL2
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dimanche 26 mai 2013

A. Bogolyubov - Moonlight at Pornic
(1867)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre paysagiste et mariniste russe Alexey Bogolyubov (1824–1896), figure importante mais aujourd’hui méconnue de l’art paysager russe du XIXe siècle. Officier de marine devenu artiste, il est le petit-fils du philosophe Alexandre Radishchev, précurseur des Lumières russes. Diplômé de l’école des cadets de la Marine de Saint-Pétersbourg, il sert dans la marine impériale à partir de 1841 et parcourt les mers du monde.
L'éducation d'un peintre de marines est des plus rudes et des plus pénibles, écrivait Valenciennes dans son Traité de 1799 sur la perspective.
Pour peindre la mer, il faut avoir navigué en toutes saisons, avoir passé des journées et des semaines au large...
A. B. - Tide in Pornic (1867)

Cette expérience, Bogolyubov l’a vécue pleinement avant d’entamer, dans les années 1850, une carrière artistique à l’Académie impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, sous la direction de Maxim Vorobiev, et sous l’influence d’Ivan Aïvazovski, maître incontesté des marines russes. Proche dans l’esprit des Peredvizhniki (les Ambulants), avec lesquels il expose à plusieurs reprises, Bogolyubov partage leur volonté de s’émanciper de l’académisme pour représenter avec sincérité les paysages et scènes de la vie russe.
Il voyage à travers l’Europe, découvre les maîtres français, fréquente l’école de Barbizon, s’imprègne de la peinture de plein air, et se lie d’amitié avec Corot et Daubigny. Il s’installe même en Normandie, et finira ses jours à Paris.
BB1

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dimanche 19 mai 2013

William Eggleston - Untitled (c.1983)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain William Eggleston (b.1939), pionnier de la photographie couleur aux États-Unis. Originaire du Sud profond, d'abord inspiré par le travail de Robert Frank et marqué par "l'instant décisif" de Cartier-Bresson, il délaisse rapidement le noir et blanc - alors seul considéré comme artistique -, pour photographier le quotidien de l'Amérique des 60s dans toute sa banalité - stations services, snack-bars, automobiles ...
 
W. E. - The red ceiling (1973)
Tout, chez lui, devient matière à image, à condition d’être vu avec une attention radicale. « Je photographie la vie que je mène, telle qu’elle se présente, » disait-il. À la fin de la décennie il aura fait entrer la photographie couleur dans l'histoire de l'art. 
C'est alors qu'il enseigne à Harvard, en 73 et 74, qu'il découvre la technique d'impression du dye-transfer. Ce procédé coûteux permet une restitution des couleurs inégalable, et à propos d'une de ses photographies les plus célèbres, The red ceiling (ci-contre), Eggleston dira qu'aucune reproduction n'a jamais rendu justice à la beauté du tirage original
En 1976, une exposition au MoMA de New York bouleverse les codes et fait scandale : pour la première fois, la couleur est considérée comme un médium artistique à part entière, grâce à lui.

NY4 ICI