In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 5 novembre 2011

Elisabeth W. Roberts - Sailing along the Nile
(1904)
Une image et des mots. "I can paint as well as any man", protestait Elizabeth Wentworth Roberts (1871-1927), native de Philadelphie, alors qu'elle étudiait la peinture à l'Académie Julian, à Paris, où hommes et femmes étaient séparés. Plus tard, elle partit à Florence pour y réaliser des copies d'oeuvres de Botticelli et étudier les techniques des grands maîtres. 
Cette toile, Sailing along the Nile (1904), exposée un temps au Art Institute de Chicago, me rappelle ces lignes de l'égyptien Albert Cossery...
Elles sont extraites de la nouvelle "Le facteur se venge", publiée en France chez Losfeld dans un court recueil intitulé Les hommes oubliés de Dieu (1946).

"Sur le mur de la boutique blanchie à la chaux, une peinture populaire représentait une berge du Nil avec un voilier debout sur le fleuve, immobile comme s'il ne voulait plus se mouvoir, mais rester toujours ainsi, ayant peur du large et du vaste inconnu. Et il semblait que tout, quartier, êtres et choses, s'était figé comme ce voilier peint sur le mur, ne voulant plus comprendre qu'on puisse bouger; espérer d'autres buts que ceux déjà atteints; aller toujours plus loin sur la route... Et que c'était une folie."
DG1

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dimanche 30 octobre 2011

P. Mondrian - Row of trees along the Gein (1905)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du néerlandais Pieter Mondriaan - dit Piet Mondrian (1872-1944), figure centrale de l’abstraction géométrique et cofondateur du mouvement De StijlNé aux Pays-Bas, formé à l'Académie royale des beaux-arts d'Amsterdam, il débute pourtant sa carrière dans un registre bien différent : paysages bucoliques, moulins à vent, arbres et rivières, qu’il peint dans une palette sourde, héritée de l’école de La Haye et nourrie de symbolisme.

P.M. - House on the Gein (1900)
En ce qui me concerne, plus encore que dans les compositions du fondateur du mouvement De Stijl - qui prônait une esthétique épurée fondée sur les seules lignes horizontales et verticales, et les couleurs primaires -, c’est dans ses paysages et ses arbres stylisés, encore enracinés dans le monde visible, que je trouve une poésie et une sensibilité qui me touchent profondément.
Je me suis arrêté au Mondriaan figuratif, et c’est ce versant-là de son œuvre que je souhaite présenter aujourd’hui. Avant qu’il ne se détache de toute figuration dans sa quête obsessionnelle de « l’essence des choses ».
Car, à partir des années 1910, sous l’influence du cubisme français et de ses propres recherches sur l’harmonie, Mondriaan entreprend une transformation radicale de son style. Son objectif : atteindre une forme de beauté universelle, débarrassée de toute représentation figurative.
« Si l’universel est l’essentiel, alors il est la base de toute vie et de tout art. Reconnaître et nous unir à l’universel nous procure la plus grande satisfaction esthétique, le plus grand sentiment de beauté. ». Ce qu’il appellera le néoplasticisme n’est donc pas une simple esthétique, mais une quête d’ordre, de spiritualité, de rythme absolu.
Il y a des artistes dont on se sent si proches qu'ils deviennent pour nous comme des frères...  Quand je serai grand j'écrirai un livre sur Mondriaan.
HM1

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dimanche 23 octobre 2011

A. Gursky - Mayday V (2006)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'allemand Andreas Gursky (b.1955), formé à l'académie des Beaux-Arts de Düsseldorf, où il enseigne aujourd'hui, par les photographes conceptuels Bernd et Hilla Becher.
Gursky, dont les photographies sont parmi les plus chères au monde,  est connu pour ses très grands formats, d'une extrême définition, souvent pris en surplomb, frontaux, et marqués par une froideur quasi clinique. Ce que je crois avoir compris, en lisant sur lui, c’est qu’il retouche, recompose, reconstruit ses images non pour les embellir, mais pour les condenser, en révéler la structure profonde. Il ne s’agit pas de saisir et de restituer le réel, mais d’en proposer une sorte de cartographie visuelle et critique. Cette monumentalité frontale, quelquefois presque abstraite, évoque les grands tableaux d’histoire… mais pour un monde où l’histoire paraît avoir été remplacée par le flux, l’accumulation, la saturation.. En cela, ses images agissent comme un miroir critique de la mondialisation, de l’économie de masse et du paysage.

A. Gursky - 99 Cent (1999)
Assez ironiquement, ce cliché d'un supermarché "hard discount" (tout à 99 cents), se classe au 5ème rang des photographies les plus chères au monde. Lors d'une vente publique le 7 février 2007, un premier tirage a été adjugé pour 3,34 millions de dollars.
La vente d'un autre tirage à New York en mai 2006 a rapporté 2,25 millions, et un troisième tirage y a été vendu 2,48 millions en novembre de la même année. 
My preferencee for clear structures is the result of my desire - perhaps illusory - to keep track of things and maintain my grip on the world.
À partir de 1990, avec le recours à la photographie numérique, il combine plusieurs clichés d'un même sujet pris depuis des angles différents, générant ainsi des reproductions répétées des objets qui le composent ou, comme à la Bourse de Tokyo, des êtres qui l'occupent.
I am never interested in the individual, but in the human species and its environment.
Il me semble qu'il y a dans les œuvres de Gursky une forme d’étrangeté poétique, comme si le chaos du monde, mis à plat, finissait par produire une forme d’ordre, voire de beauté.
EV1

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samedi 22 octobre 2011

Edvard Munch - Mélancolie (1892)

Une image et des mots. Une des sept propositions du norvégien Edvard Munch (1863-1944) - cinq huiles sur toiles et deux gravures sur bois -, sur le thème de la mélancolie... ; cette maladie - disait Gérard de Nerval -, qui consiste à voir les choses comme elles sont.
Je repense en voyant ce tableau à quelques lignes de Roger Nimier lues dans Le hussard bleu (1950).

Paris, voici ton fleuve et les larmes que tu versas, voilà ton visage au front penché. [.....] Désormais, je connais mon rôle sur la terre, mais je ne sais qui je suis. 
Voyageur, pose des yeux tristes sur les choses, elles te le rendront au centuple. Le visage barré du ciel menace et te guide à la fois. Vivre, il me faudra vivre encore, quelque temps parmi ceux-là. Tout ce qui est humain m'est étranger.

F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...