In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 15 mai 2011

Tamiko Nishimura - du triptyque Ultimate (1971)
Le vide grenier du dimanche. Deux clichés de la japonaise Tamiko Nishimura (b.1948), figure discrète mais importante de la scène photographique japonaise des années 1970, connue pour son approche expérimentale et avant-gardiste de la photographie.
Formée à l’université des beaux-arts de Tokyo, elle étudie la photographie dans le sillage de Shōmei Tōmatsu et collabore brièvement avec Daidō Moriyama, dont elle partage la sensibilité à l’égard des fragments du quotidien.

T. N. - Shibetsu, Hokkaido (c.1970)

Nishimura, qui était l'une des rares femmes photographes dans le Japon de l'après-guerre, faisait partie du groupe de photographes VIVO, fondé en 1957 et qui cherchait à redéfinir la photographie comme forme d'art, et plus seulement comme un simple moyen de documentation.
La photographie est une forme d'art qui peut transcender les limites de la réalité. Je veux utiliser cette puissance pour capturer l'essence de la vie et la beauté du monde qui nous entoure. Je photographie pour faire connaître le monde que je ne vois pas. Et j'essaie de le rendre visible.
La première photographie, très belle, est aussi très étrange. Cette main, qui ne semble pas à la même distance de l'objectif que le visage, est-ce bien la main droite de cette jeune femme qui, dos au vent, veut ramener ses cheveux derrière son oreille ?
HN1
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dimanche 8 mai 2011

A. Stevens - Mappemonde
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du belge Alfred Stevens (1823-1906), figure majeure de la peinture de genre au XIXe siècle, à la croisée du romantisme tardif et du réalisme bourgeois. Élève d'Ingres et ami de Manet, il est aussi brillant dans la peinture de la belle société du Second-Empire que dans la représentation de la pauvreté (voir "C'est ce qu'on appelle le vagabondage", que l'on peut admirer au Musée d'Orsay). Il se spécialise dans les portraits de femmes, souvent issues de la haute société parisienne, qu’il représente dans des poses rêveuses ou mélancoliques, dans des décors feutrés qui disent à la fois le luxe d’un monde et son enfermement.
Au faîte de la célébrité, à l'abri de toutes les contingences et alors que rien ne l'y obligeait, il demande au maire de Paris l'autorisation de s'engager dans la Garde Nationale pour combattre au côté de ses amis français lors du siège de Paris, en 1870.
" Je suis à Paris depuis vingt ans, j'ai épousé une parisienne, mes enfants sont nés à Paris, mon talent, si j'en ai, je le dois en grande partie à la France."
A.S. - Symphonie en vert
(1892)

Ces deux femmes ont reçu une lettre. Le premier tableau, "Mappemonde", porte aussi le titre de "Nouvelles de l'absent". 
Le pli qui contenait la lettre a été décacheté à la hâte par des mains sans doute fébriles. La destinataire l'a laissé choir, et son regard se perd maintenant dans de lointaines géographies.
Elle est pensive, comme l'est aussi la dame en vert, qui regarde sans le voir l'oiseau posé à sa fenêtre.
La rêverie - nous dit Flaubert dans Madame Bovary -, c'est une chambre d'écho où l'âme fait vibrer les sons lointains qu'elle y a entendus, mais c'est aussi une impasse où elle se perd, et où, si elle s'attarde, elle finit par se dissoudre.
Il y a ainsi dans la peinture mondaine d'Alfred Stevens autre chose qu’une simple image d’apparat : comme une mélancolie diffuse qui préfigure parfois les atmosphères d’un Vilhelm Hammershøi (voir janvier 2010).
Au tournant du siècle, Stevens est admiré et célébré, puis quelque peu oublié, avant d’être redécouvert comme un fin observateur de la société du Second Empire et un peintre subtil du féminin.

GV1
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samedi 7 mai 2011

Anon. - Trip to Mars, Carnival Circus (1911)
Une image et des mots. Que penser devant cette baraque de foire qui promet un voyage sur Mars pour quelques cents ? Métaphore du désir d’évasion et de connaissance, ou au contraire illustration d’une illusion qui maintient les foules dans un rêve inaccessible ?
Kant, dans son essai Qu’est-ce que les Lumières ? (1784), invite l’humanité à sortir de sa "minorité", cet état d’aveuglement intellectuel où l’on préfère croire ce que l’on nous propose plutôt que d’exercer notre raison. Cette attraction foraine pourrait alors illustrer le choix fondamental qui s’offre à chacun d'entre nous : 
céder à la facilité des récits prêts-à-penser, ou exercer notre raison, notre esprit critique, même si cela coûte effort, solitude parfois.

« Mais voilà que j'entends crier de tous côtés : " Ne raisonnez pas ! " L'officier dit : " Ne raisonnez pas, faites vos exercices ! " Le percepteur : " Ne raisonnez pas, payez ! " Le prêtre : "Ne raisonnez pas, croyez ! " [...] Les lumières se définissent comme la sortie de l'homme hors de l'état de minorité, où il se maintient par sa propre faute. La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre. Elle est due à notre propre faute quand elle résulte non pas d'un manque d'entendement, mais d'un manque de résolution et de courage pour s'en servir sans être dirigé par un autre. "Sapere aude !" Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des lumières
Elle reste aujourd'hui d'une brûlante actualité...
CB1

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F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...