In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

samedi 19 février 2011

Robert Doisneau - Sans titre (1972)

Une image et des mots. Une photographie de Robert Doisneau, et pour aller avec un extrait d'une lettre adressée par Kafka à son père, en 1919.

[....] Je t'en prie, père, comprends-moi bien, ces détails en eux-mêmes auraient été parfaitement insignifiants, ils ne sont devenus accablants pour moi que parce que toi, qui faisait prodigieusement autorité à mes yeux, tu ne respectais pas les commandements que tu m'infligeais. C'est ainsi que le monde a été divisé pour moi en trois parties : l'une, où je vivais moi, l'esclave, soumis à des lois qui n'étaient inventées que pour moi et auxquelles en plus, sans savoir pourquoi, je ne parvenais pas à me conformer pleinement ; puis un deuxième monde, infiniment éloigné du mien, dans lequel tu vivais, occupé à gouverner, à délivrer des ordres et à t'irriter de leur non-observance ; et enfin un troisième monde, où vivait le reste des gens, heureux et libres, sans se soucier d'ordres ni d'obéissance. Je vivais dans la honte [.....] Voilà comment s'agitaient, non pas les pensées, mais les sentiments de l'enfant.

GR1

ICI

dimanche 13 février 2011

C. N. Gysbrechts - Porte-lettres au sablier
(1664)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du flamand Cornelis Norbertus Gysbrechts (c.1630-c.1675), maître de la nature morte et du trompe-l'oeil. Les informations sur sa vie sont rares et l'on ne sait pas précisément où ni quand il est né, pas plus d'ailleurs que la date exacte de sa disparition.
Les historiens pensent qu'il a pu être inspiré par des artistes tels que David Bailly, Harmen van Steenwyck ou encore Jan Davidsz de Heem, mais ses apprentissages, et ses premières années d'artiste, restent pareillement sujets à hypothèses. Sa période la plus prolifique correspond à son court séjour à la cour des rois danois Frédérick III puis Christian V de 1668 à 1672.
C.N.G. - Tableau retourné
c.1670)

De lui, on connait environ 70 oeuvres, essentiellement des trompe-l'oeil et des vanités, des natures mortes qui illustrent la fuite du temps et le caractère éphémère de toute chose. Elles nous invitent à nous interroger sur nos représentations du monde, comme avec ce tableau retourné où l'image semble avoir disparu de la toile et qui pourtant reste un tableau. Ainsi, comme j'ai pu le lire je ne sais plus où, comme en se jouant et en se jouant de nous, Cornelius Gysbrechts, trois siècles avant de stériles et d'arrogants discours, a renvoyé à leur néant certains artistes contemporains qui se piquent d'avant-garde.

dimanche 6 février 2011

E. Sheriff Curtis - The vanishing race
(1904)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Edward S. Curtis (1868-1952), photographe et ethnologue américain, connu pour son immense entreprise documentaire sur les peuples autochtones d’Amérique du Nord, "The vanishing race" (1904). Né dans le Wisconsin et formé en grande partie de manière autodidacte, Curtis commence sa carrière comme portraitiste à Seattle, avant de se consacrer à ce qu’il appellera The North American Indian, une œuvre monumentale de plus de 40 000 clichés, accompagnés d’enregistrements sonores et de textes ethnographiques.

E.S.C. - Crater Lake (1923)
Financé dans un premier temps par le banquier J.P. Morgan, ce projet visait à « préserver » ce qu’il considérait comme des cultures en voie de disparition. Un regard plus romantique que celui de Timothy O'Sullivan, qui, au 19ème siècle, a également documenté l'Ouest américain.
I want to make them (Indian Americans) live forever. It's such a big dream I can't see it all.
[....] The passing of every old man or woman means the passing of some tradition, some knowledge of sacred rites possessed by no other... 
Consequently, the information that is to be gathered, for the benefit of future generations, respecting the mode of life of one of the great races of mankind, must be collected at once or the opportunity will be lost for all time.
WA1
ICI

samedi 5 février 2011


P.R. - Carte du Livre de navigation (16e s.)
Une image et des mots. Une carte du Nil, et une autre de son estuaire, tirées du Livre de navigation présenté au Sultan Süleyman par l'amiral et cartographe ottoman Piri Reis (16e siècle). Donc deux images au lieu d'une, mais j'aime tant les cartes anciennes que je n'ai pas pu choisir.

P.R. - Carte du Livre de navigation (16e s.)

Les mots qui suivent sont un extrait de l'Hymne au Nil venu pour faire vivre l'Egypte, une oeuvre littéraire majeure du Moyen Empire (c. 2000 av. J.-C.) enseignée aux scribes... Ici dans la transcription de Dirk Van der Plas - L'hymne à la crue du Nil -, publiée dans la revue Le Monde de la Bible n° 138 - Paris, 2001.

Salut à toi, Crue
Maîtresse des poissons.
Tu conduis les oiseaux migrateurs vers le Sud.
Tu fais naître les herbes pour le bétail.
Tu es dans le monde souterrain
et le ciel et la terre reposent sur toi.
Tu pénètres les collines.
Tu emplis la Haute et la Basse-Égypte.
Tu établis la vérité dans le coeur des hommes.
Tu veilles à ce que les oiseaux reviennent de leur pays.
Sois verte, alors tu viendras !
Sois verte, alors tu viendras !
Crue, sois verte, alors tu viendras !

Alyssa Monks - Tree (2015) Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste peintre américaine Alyssa Monks (b.1977). Ses portrai...