In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 10 octobre 2010

K.S. - Claudia lights a cigarette
(1983)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Ken Schles (b.1960), figure marquante de la photographie documentaire contemporaine. Né à Brooklyn et formé à la Cooper Union School of Art de New York, il s’est fait connaître avec son livre Invisible City (1988), chronique sombre et poétique de l’East Village des années 1980, devenu un classique de la photographie urbaine.
Considéré par le Britannique Martin Parr comme l’un des plus grands, et admiré par son compatriote Bruce Gilden qui le qualifie de poète visuel s’adressant à l’âme, Schles dit puiser son inspiration chez Diane Arbus, William Eggleston, Walker Evans, Robert Frank, et même le peintre Edvard Munch pour son usage du symbolisme et de la métaphore.
K.S. - Limelight (1983)

Pour lui, la photographie est un moyen de saisir la beauté et la souffrance du monde, de s’y accrocher et de les rendre intimes. « Photography is a way of seeing the world, of understanding it, of engaging with it on a deeper level. »
Les images de Ken Schles, à la fois lucides et sensibles, nous invitent à contempler le monde avec une profondeur et une intensité sans compromis.
EV1

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dimanche 3 octobre 2010

A.C. Willink - Vue sur une baie (1935)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre néerlandais Albert Carel Willink (1900–1983), figure singulière de l’art moderne. Formé à Berlin, influencé d’abord par l’expressionnisme et le cubisme, il expérimente aussi l’abstraction sous l’influence de Kandinsky avant de revenir progressivement à la figuration. Son séjour à Paris en 1926 le rapproche du néoclassicisme et il peint alors des sujets classiques tout en conservant une touche cubiste. 

A.C. Willink
Paysage avec statue renversée (1942)
Finalement, dans les années 30, Willink abandonne les expérimentations modernes et trouve peu à peu sa voie dans une peinture hyperréaliste où l’architecture néoclassique, les silhouettes énigmatiques et les ciels d’orage composent un monde étrange. Ses scènes, parfaitement construites, semblent figées dans une attente silencieuse, comme si le temps s’y était arrêté juste avant – ou juste après – un événement. On évoque à son propos l’écho lointain de Piero della Francesca, mais aussi l’influence plus contemporaine de Giorgio de Chirico.
Willink ne peignait pas des rêves, mais le réel tel qu’il peut parfois apparaître : un monde au bord du basculement.
VB1
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samedi 2 octobre 2010

Rose Nadau (1947)
Une image et des mots. Un cliché de la photographe bordelaise Rose Nadau (1910-2007)
Que peut-on chercher dans les livres quand on est confronté à l'absurdité du monde ? Des clés pour le comprendre, ou des ailes pour s'en évader ?
Les mots pour accompagner cette image sont extraits de La mémoire des vaincus (1989), de Michel Ragon.

— A quoi ça sert, tous ces bouquins ? demanda Flora d'un air dégoûté.
— Regardez, les enfants, dit Valet. A droite, vous avez les romans et la poésie. A gauche, le social, la politique. D'un côté le rêve, de l'autre côté l'action. Quand vous posséderez les deux, vous pourrez conquérir le monde.
— Allons, Valet, ne t'emballe pas, dit le libraire, Les choses sont plus complexes, Les romans, c'est aussi de l'action sociale et la politique, c'est aussi du rêve.
Quant à conquérir le monde, qu'en ferais-tu ? C'est la conquête de soi-même, qui importe.

dimanche 26 septembre 2010

Robert Doisneau - Prévert devant Mérode (1953)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Robert Doisneau (1912-1994), considéré avec Henri Cartier-Bresson et Willy Ronis comme l'un des fondateurs de ce que l'on appelle la photographie humaniste - un courant à l'origine français et qui le restera d'ailleurs majoritairement.
Jeune homme, Doisneau fréquente à Paris l'École Estienne pour y apprendre les métiers du livre, mais il affirmera toujours que son éducation la plus importante viendra des rues du quartier ouvrier de Gentilly. En 1929, pour améliorer son dessin il commence à photographier, alors que les idées modernistes commencent à promouvoir la photographie comme le principal medium pour la publicité et le reportage. Doisneau travaille alors pour le photographe publicitaire André Vigneau, dans le studio de qui il rencontre de nombreux artistes avant-gardistes, et c'est à cette période qu'il commence à photographier les rues et les quartiers de Paris.

R. D. - Marguerite Duras (1952)
Sa carrière interrompue par la Seconde Guerre mondiale, Doisneau s'engage dans la Résistance, où il met ses compétences à profit pour alimenter la clandestinité en faux documents. En 1945, il retourne à la publicité mais s'adonne aussi à la photographie de mode et au reportage.
Son premier livre, "La banlieue de Paris" parait en 1949. Dans les années 50, Doisneau est actif au sein du Groupe des XV, qui se donne pour mission de promouvoir la photographie comme moyen d'expression artistique.
Son oeuvre est marquée par une approche poétique teintée d'un humour aussi subtil que sa résistance à l'ordre établi, et, surtout, par un profond humanisme.
Il est des jours où l'on ressent le simple fait de voir comme un véritable bonheur [...] On se sent si riche qu'il vous vient l'envie de partager avec les autres une trop grande jubilation. Le souvenir de ces moments est ce que je possède de plus précieux.
La trogne de Prévert devant Mérode, et le beau portrait de Marguerite Duras seule à la terrasse du Petit Saint-Benoît, à Paris ; aucun amour au monde ne peut-il tenir lieu d'amour ?
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