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| Th.C.D - The Jarrow Marchers (1936) |
Il sert comme peintre de guerre pendant les deux conflits mondiaux – une expérience qui traverse toute son œuvre, même lorsqu’il peint des scènes civiles.
Le premier tableau montre l'arrivée à Londres de la Jarrow Crusade : en octobre 1936, deux cents habitants de la petite ville de Jarrow ont marché jusqu’à la capitale pour remettre une pétition demandant la relance des usines fermées, notamment les chantiers navals Palmer qui faisaient vivre la ville.
Mais au-delà de cet événement important de l’histoire sociale anglaise – fruit de l’effondrement de l’industrie navale locale et du chômage massif qui frappait alors le nord-est de l’Angleterre – c’est avant tout une peinture de l’indifférence et de l'étanchéité sociale. Dugdale ne montre pas tant la “croisade” elle-même que le dédain de la bourgeoisie pour le sort des ouvriers.
Les marcheurs, relégués en arrière-plan et peints comme une masse indistincte, ne sont plus qu’une présence lointaine.
Au premier plan, le couple élégant, baigné de lumière, attire tout le regard : la femme, comme au spectacle dans une loge de théâtre, observe la scène avec une distance mondaine, tandis que l’homme, affalé et cigarette à la main, s’en désintéresse totalement. Ce qui est ici mis en évidence ce n'est pas l’événement historique, mais la manière dont une classe privilégiée le perçoit – ou choisit de ne pas le percevoir. "Une image vaut mieux que mille mots", aurait dit Confucius ; Thomas Dugdale avec ce seul tableau illustre le fossé social et moral qui sépare ces deux mondes.
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