Les mots sont de Joseph Ponthus, extraits de son premier livre, À la ligne - Feuillets d'usine, paru il y a quelques semaines à la Table Ronde.
Les voici dans leur mise en page et avec leur absence de ponctuation.
Au fil des heures et des jours le besoin d'écrire
S'incruste tenace comme une arête dans la gorge
Non le glauque de l'usine
Mais sa paradoxale beauté.
Mais sa paradoxale beauté.
Sur ma ligne de production je pense souvent à une
parabole que Claudel je crois a écrite
Sur le chemin de Paris à Chartres un homme fait le
pèlerinage et croise un travailleur affairé à casser
des pierres
Que faites-vous
Mon boulot
Casser des cailloux
De la merde
J'ai plus de dos
Un truc de chien
Devrait pas être permis
Autant crever
Des kilomètres plus loin un deuxième occupé au
même chantier
Même question
Je bosse
J'ai une famille à nourrir
C'est un peu dur
C'est comme ça et c'est déjà bien d'avoir du boulot
C'est le principal
Plus loin
Avant Chartres
Un troisième homme
Visage radieux
Que faites-vous
Je construis une cathédrale