In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 26 janvier 2025

Carali
Le vide-grenier du dimanche. Ce sera dans trois jours l'ouverture de la 52ème édition du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême, et comme chaque année à cette occasion, voici deux artistes majeurs de mon petit panthéon.

Gotlib
Carali, qui a fait les beaux jours de l'irremplaçable Charlie Hebdo, et Marcel Gotlib - grand admirateur de Tex Avery et de Robert Crumb -, qui a fait avec Gai-Luron et la Rubrique-à-brac ceux de Pilote avant de cofonder avec Mandryka l'excellent Écho des Savanes.

dimanche 19 janvier 2025

Dain L. Tasker - Amazon lily
Le vide-grenier du dimanche. Deux radiographies florales du Dr. Dain L. Tasker (1872-1964), qui a magnifié l’alliance de la science et de l’art en dévoilant grâce à la radiographie la beauté intime des fleurs, l'expression - disait-il -, de la vie amoureuse des plantes. Chef radiologue au Wilshire Hospital de Los Angeles à une époque où la radiologie en était à ses balbutiements, il s’est lancé dans les années 1930 dans une exploration artistique unique, inspiré par une radiographie réalisée par un collègue.

Dain L. Tasker
Ses clichés, réalisés à partir de négatifs de rayons X, dévoilent la structure délicate et presque éthérée des pétales et des feuilles. Ces images spectrales, à l'esthétique minimaliste, révèlent toute la beauté fragile et le mystère organique des fleurs.
Encouragé par le photographe Will Connell, Tasker a exposé ses œuvres dans les salons prestigieux des Camera Pictorialists de Los Angeles et à l’Exposition internationale de San Francisco en 1939. Ses photographies, publiées dans des revues influentes comme U.S. Camera et Popular Photography, lui ont valu une reconnaissance tardive mais durable. Aujourd’hui, ses œuvres, parfois vendues à prix d’or, s’imposent comme des chefs-d’œuvre de poésie intemporelle qui célèbrent l’alliance subtile de la science et de l’art.

samedi 18 janvier 2025

R. Lalique - La femme ailée (1900)
Une image et des mots. Cette merveille Art nouveau du maître joaillier René Lalique porte le même nom qu'une nouvelle de Izumi Kyôka ; celle-ci raconte l'histoire d'un enfant qui vit avec sa mère près d'un pont.
Elle lui enseigne que les réactions humaines n'ont pas plus de valeur que celles des animaux...

"Ah, madame! Comme j'aimerais devenir un animal ! Il faut croire qu'ils sont tous des bêtes et que ce singe est l'un des leurs! Ils lui ont donné à manger, tandis qu'à moi, humain, ils n'ont pas prêté la moindre attention !" avait-il dit en jetant un regard courroucé autour de lui. Nul doute que ce vieil homme, lui, comprenait...
Non ! Il ne s'agissait pas pour lui de comprendre, il savait, sans avoir à le dire, que les hommes sont des animaux, m'expliquait ma mère.

dimanche 12 janvier 2025

S. Steinberg - Dancers
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'illustrateur et dessinateur de presse Saul Steinberg (1914-1999), figure inclassable de l’art du XXe siècle. Célèbre notamment pour sa collaboration de plus de 50 ans avec The New Yorker, il y a redéfini les frontières entre humour graphique et art conceptuel. Né en Roumanie dans une famille juive, Steinberg a étudié la philosophie à Bucarest puis l’architecture en Italie, mais les lois antisémites de Mussolini le contraignent à l'exil ; il rejoint alors les États-Unis sans papiers, une expérience qui a profondément influencé son œuvre marquée par une réflexion constante sur l’identité, le déplacement et les frontières.

Saul Steinberg - Self portrait
Ses dessins emblématiques, comme la célèbre couverture View of the World from 9th Avenue (1976) - illustration satirique de la perception new-yorkaise du reste du monde -, sont immédiatement reconnaissables. Mais limiter Steinberg au rôle de dessinateur serait réduire considérablement la portée de son œuvre ; son style, à la fois minimaliste et riche de sens, mêle souvent des éléments de cartographie, de typographie et de narration visuelle pour commenter la condition humaine, les absurdités sociales et la complexité des identités culturelles. Proche de l’expressionnisme abstrait américain, et contemporain d’artistes comme Jackson Pollock et Willem de Kooning, il partageait leur quête de liberté formelle tout en restant inclassable : « Je ne suis pas entièrement dans le monde de l’art, ni dans le monde de la bande dessinée, ni dans celui des magazines, parce que le monde de l’art ne sait pas où me placer. »
Ses liens avec d’autres figures exilées comme Samuel Beckett, Alberto Giacometti et Eugène Ionesco ont enrichi son regard ironique et incisif sur le monde ; l'œuvre de Steinberg, "dessinateur de l'invisible", constitue un espace de réflexion plein d'humour et de profondeur sur la complexité des appartenances et la nature protéiforme de l’art.

dimanche 5 janvier 2025

Fred Lyon - San Francisco
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Fred Lyon (1924-2022), "le Brassaï de San Francisco", dont l’œuvre incarne l’essence unique de la City of the Bay. Après un apprentissage précoce dans un studio-photo à l'âge de 14 ans, il étudie au prestigieux Art Center School de Los Angeles où il côtoie Ansel Adams (voir avril 2010, déc.2018, et mai 2019). D'un voyage à Yosemite avec le grand photographe paysagiste, et accompagné d'un groupe d'étudiants, il retient deux enseignements : une maxime du maître — "Il n’y a rien de pire qu’une image très nette d’un concept très flou" — et la certitude qu'il ne pourra jamais l'égaler dans le domaine du paysage. Mon sentiment était que je ne pourrais jamais apprendre tout ce qu’Ansel savait. Je ne pourrais jamais être plus qu’un Ansel Adams miniature si j’essayais d’être comme lui. Je n’allais jamais devenir photographe de paysage.

F.L. - Novelty shop (1949)
Fred Lyon choisit donc une voie radicalement opposée, intégrant des éléments urbains et humains dans ses clichés. Sa carrière, débutée dans les années 1940, explore les domaines du photojournalisme, de la mode, de l’architecture et de la publicité. Il capture avec maestria l’atmosphère brumeuse et cinématographique de San Francisco, immortalisant ses rues, ses ponts, ses scènes du quotidien dans des photographies noir et blanc empreintes de nostalgie. Celles-ci seront magnifiquement rassemblées dans son ouvrage San Francisco Noir (2020), disponible dans votre petite librairie indépendante. Ayant également servi comme photographe dans la marine américaine durant la Seconde Guerre mondiale, Lyon poursuivit ensuite une très honorable carrière en collaborant avec des magazines prestigieux comme Vogue et LIFE.
Par sa capacité à saisir l’âme d’une époque, et son profond attachement à sa ville natale qu’il considérait comme une source d’inspiration inépuisable, Fred Lyon est devenu l’un des grands chroniqueurs visuels de San Francisco.

samedi 4 janvier 2025

Antoine Roegiers - De l'autre côté (2024)
Une image et des mots. Une oeuvre d'Antoine Roegiers (b.1980) dont je viens de découvrir le travail à l'occasion de l'exposition que lui a consacrée du 30 octobre au 21 décembre la galerie Templon, à Paris.
Ce tableau m'a rappelé un passage de Traces (1959), de Ernst Bloch, que voici :

Un jour, dit-on, des paysans furent surpris aux champs par l'orage. Ils se mirent à l'abri dans une grange, mais la foudre, loin de s'éloigner, tournait en cercle autour de la cabane. Alors les paysans comprirent que la foudre visait l'un d'entre eux, et ils convinrent d'accrocher leurs chapeaux devant la porte. Celui dont le chapeau serait le premier arraché par l'orage devait être jeté dehors afin que les innocents ne périssent point pour le péché d'un seul. À peine les chapeaux furent-ils accrochés au-dehors qu'un coup de vent emporta le chapeau du paysan Li l'entraînant au loin à travers champs. Aussitôt les paysans jetèrent dehors le paysan Li ; et à l'instant même la foudre frappa la cabane, car Li était le seul juste.

A.M. - Vieux coeur de frêne Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), un de ceux dont l’œ...