In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 29 mai 2022

O.C. - Guerre dans le Donbass (2014)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe documentaire et photojournaliste indépendant ukrainien Oleksandr Chekmenov (b.1969), natif de Luhansk dans la région du Donbass à laquelle il a consacré un livre en 2011.
Chelmenov est reconnu pour son approche humaniste et réaliste de la photographie documentaire, dans des contextes souvent difficiles et marginalisés, en Ukraine et ailleurs. Son travail explore des thèmes sociaux poignants, comme la pauvreté, le vieillissement, l'exclusion et l'impact des conflits, en montrant la réalité brutale et les défis de la vie quotidienne des Ukrainiens, surtout pendant des périodes de troubles comme celle qu'ils traversent actuellement.

O.C. - Euromaidan (2014)
Sa série emblématique Passport documente son travail en 1995 auprès de personnes âgées dans l’est de l’Ukraine, alors qu’il travaillait pour les services municipaux. Dans le contexte de la transition post-soviétique, beaucoup n’avaient pas la possibilité de se déplacer pour renouveler leurs documents d’identité. Chekmenov allait les photographier chez eux, souvent dans des conditions de grande précarité, révélant avec dignité toute leur vulnérabilité.
Une autre série majeure documente les conséquences de la guerre dans le Donbass, montrant non seulement les blessures visibles du conflit, mais aussi l’impact invisible sur les vies humaines. Aujourd’hui, Chekmenov réalise pour le New York Times des portraits de ses compatriotes en guerre, et pour découvrir son travail, c’est ICI.
HB2

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samedi 28 mai 2022

Gennady Blohin - Collection (2012)
Une image et des mots. Le cliché est du russe Gennady Blohin, déjà présenté en février 2015, et le texte est de Nietzsche, extrait de Aurores (1881).

Au fond, ce qu'on sent aujourd'hui, à la vue du travail - on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. 
Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières.
[....] Êtes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent qu'à produire le plus possible et à s'enrichir le plus possible ? Votre tâche serait de leur présenter l'addition négative : quelles énormes sommes de valeur intérieure sont gaspillées pour une fin aussi extérieure ! Mais qu'est devenue votre valeur intérieure si vous ne savez plus ce que c'est que respirer librement ?
JB10

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dimanche 22 mai 2022

Shaun Downey - Down the stairs (2015)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste canadien Shaun Downey (b.1978). Formé à la Angel Art Academy de Toronto puis au Sheridan College, dont il sort diplômé en 2002, il explore dans ses toiles un réalisme nourri à la fois des maîtres néerlandais et d’influences plus contemporaines, comme la bande dessinée. 
Ses portraits, souvent peints dans l’intimité de son foyer, montrent des personnages solitaires, figés dans des attitudes où affleure une tension, un malaise imperceptible. La lumière, la couleur et le cadre deviennent les instruments d’une mise en scène d’où émane le sentiment étrange d’une inquiétante normalité.
S. Downey - Wave 3

Cette ambiguïté narrative - on ne sait pas bien si l’on se trouve dans l’« avant » ou dans l’« après » - confère à ses tableaux une dimension presque cinématographique. Certaines œuvres, comme The Visitor, Window Watcher ou The Investigator II, semblent tirées de photogrammes d’un film de David Lynch.
Ainsi, tout en s’inspirant des idéaux artistiques classiques, Downey trouve un équilibre subtil entre tradition et modernité, ancrant ses œuvres dans un quotidien familier mais chargé de mystère. Comme le note Jenna Opsahl dans Jungle Magazine (Londres, 2016) : "His scenes are mysterious and unknowable - and yet they feel familiar; as if we ourselves, have been here before."
Shaun Downey dit vouloir « ralentir la marche du temps » en peignant ces moments de solitude. Il y parvient avec une maîtrise rare de la lumière et du silence. Ses personnages, seuls, semblent écouter quelque chose - peut-être le monde, ou peut-être simplement quelque chose d’eux-mêmes.

VM3

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dimanche 15 mai 2022

Max Ferguson - Shoe repair shop (2008)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Max Ferguson (1959), dont les œuvres mettent principalement en lumière des scènes de la vie urbaine, le plus souvent dans sa ville natale New York : des représentations hyperréalistes de lieux familiers du quotidien - comme ici une laverie ou une échoppe de cordonnier -, où la banalité, peinte avec une touche de nostalgie, devient matière à émotion.

M.F. - Laundromat (2006)
Ferguson commence sa carrière artistique à l’adolescence par la réalisation de films d’animation dessinés à la main, avant d’obtenir un diplôme de cinéma à l’Université de New York en 1980. Mais c’est une année passée à la Gerrit Rietveld Academie d’Amsterdam, nourrie de son admiration pour Vermeer et Rembrandt, qui oriente définitivement son parcours. Il abandonne alors le cinéma pour la peinture - et, ironie heureuse, la Ville d’Amsterdam acquiert l’une de ses premières toiles.
Le style de Max Ferguson garde l’empreinte de cette filiation néerlandaise : un soin extrême apporté à la lumière, à la composition et à la texture des choses ordinaires. À travers ces scènes du quotidien new-yorkais, c’est moins le tumulte de la ville qu’il peint que sa mémoire - la poésie discrète de ce qui, d’ordinaire, passe inaperçu.

LG2

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dimanche 8 mai 2022

T.H.B. - The waterboy (1946)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et muraliste américain Thomas Hart Benton (1889-1975).peintre et muraliste américain emblématique du mouvement régionaliste, aux côtés de Grant Wood et John Steuart Curry. Né à Neosho, dans le Missouri, Benton s’est attaché tout au long de sa carrière à représenter avec force et empathie la vie de l'Amérique rurale, les luttes et les expériences des travailleurs ordinaires, notamment durant la Grande Dépression.
Après avoir étudié à l'Art Institute of Chicago puis à l'Académie Julian à Paris, il s’éloigne des courants modernistes pour élaborer un langage pictural personnel, enraciné dans la culture populaire américaine.

T.H.B. - Departure of the Joads (1939)
Dans les années 1930, ses fresques murales, comme celles réalisées pour le Capitole de l'État du Missouri, sont devenues célèbres pour leur engagement dans la documentation de l'histoire et de la culture américaines. Benton cherchait à transmettre une vision authentique et parfois critique des États-Unis, opposée aux esthétiques européennes alors en vogue.
Professeur à l'Art Students League de New York, , Benton forma entre autres Jackson Pollock, qu’il influença durablement. Son œuvre, intimement liée au Midwest et à son Missouri natal, reste un témoignage essentiel de l’Amérique du XXᵉ siècle, entre idéal et réalité.
Comme il l’écrivait lui-même : « J’ai la conviction qu’en dépit de toutes les limites de mon esprit, des luttes et des échecs traversés, je suis parvenu à exprimer quelque chose qui soit à l’image de l’Amérique et du peuple américain de mon temps. »

BS3
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samedi 7 mai 2022

Anonyme
Une image et des mots. Fermé pour cause de fermeture....; la paix est-elle inaccessible ?
[.....]... au dessus de ces nombreuses races d'animaux est placé l'homme, dont la main destructrice n'épargne rien de ce qui vit, écrit Joseph de Maistre dans Les nuits de Saint Petersbourg
Il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour se défendre, il tue pour attaquer, il tue pour tuer...

La paix est donc contre-nature. Elle est du domaine de la raison et de la morale, le triomphe des principes pour Ralph Waldo Emerson... 
Et donc voici ce qu'en dit Kant, dans Vers la paix perpétuelle (1795) :
Or, la raison moralement pratique énonce en nous son veto irrésistible : il ne doit y avoir aucune guerre ; ni celle entre toi et moi dans l'état de nature, ni celle entre nous en tant qu'États, qui, bien qu'ils se trouvent intérieurement en état légal, sont cependant extérieurement dans un état dépourvu de lois - car ce n'est pas ainsi que chacun doit rechercher son droit. Aussi la question n'est plus de savoir si la paix perpétuelle est quelque chose de réel ou si ce n'est qu'une chimère et si nous ne nous trompons pas dans notre jugement théorique, quand nous admettons le premier cas, mais nous devons agir comme si la chose qui peut-être ne sera pas devait être, et en vue de sa fondation établir la constitution qui nous semble le plus capable d'y mener et de mettre fin à la conduite de la guerre dépourvue de salut, vers laquelle tous les États sans exception ont jusqu'à maintenant dirigé leurs préparatifs intérieurs, comme vers leur fin suprême. Et si notre fin en ce qui concerne sa réalisation demeure toujours un voeu pieux, nous ne nous trompons certainement pas en admettant la maxime d'y travailler sans relâche, puisqu'elle est un devoir.
RB1

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dimanche 1 mai 2022

P. van Lint - Le travail récompensé
Le vide-grenier du dimanche. Pour ce 1er mai, voici par Pieter van Lint (1609-1690) une belle allégorie du Travail récompensé par l'Abondance et par la Paix, sous le regard bienveillant de Minerve et du Temps. Originaire d’Anvers, Van Lint appartient à la génération baroque flamande marquée par l’influence de Rubens.
Élève d’Artus Wolffort, il devient maître de la guilde de Saint-Luc en 1632, avant de séjourner plusieurs années en Italie - à Rome puis à Naples - où il découvre le classicisme des Carrache et affine son sens de la composition..

P. van Lint - Voyageurs endormis
De cette expérience, il retiendra l’équilibre et la clarté italienne qu’il associera à la vitalité flamande. Ses œuvres religieuses, mais aussi ses scènes allégoriques et portraits, se distinguent par une lumière douce, des couleurs nuancées et une attention aux expressions humaines.
De retour à Anvers, il répond à de nombreuses commandes ecclésiastiques, tout en réalisant des esquisses pour fresques
et retables et en produisant des illustrations pour des ouvrages dévotionnels, dans un style où se mêlent ferveur et raffinement.
Moins célèbre que Rubens ou Van Dyck, Pieter van Lint n’en demeure pas moins une figure importante du baroque anversois, un peintre de la mesure et de la grâce, qui sut marier l’éloquence flamande à l’harmonie italienne.

GF3

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Peter Turnley Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Peter Turnley (b..1955). P.T. - La Tartine, Paris (2025)