In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 26 septembre 2021

Trent Parke - Sydney Harbour (2006)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'australien Trent Parke (b.1971), figure majeure de la photographie contemporaine.
Membre de Magnum Photos, il s’est imposé par un usage singulier de la lumière et du contraste, qui confère à ses images une tension presque cinématographique et transforme des scènes ordinaires en visions d’une intensité rare.
Ses séries comme Dream/Life et Minutes to Midnight explorent la vie urbaine, la solitude et l’identité australienne, dans un style qui évoque parfois le cinéma noir.

T.Parke - Sydney, Kirribilli (2006)
Dans Minutes to Midnight, fruit d’un voyage de 90 000 kilomètres à travers l’Australie, Parke dresse un portrait intime et parfois sombre de son pays - ses paysages, sa culture, ses contradictions - en questionnant la notion même d’identité nationale et l’isolement des grands espaces.
Son travail devient plus introspectif avec The Black Rose, série née d’une période de perte et de deuil. Parke y aborde la mémoire, la mortalité et le passage du temps, en mêlant rigueur documentaire et sens poétique.
La tendance de Trent Parke à saturer les couleurs et à forcer sur les contrastes peut finir par lasser, et l'omniprésence des zones d'ombres être à la longue oppressante, mais certaines images sont vraiment belles, et c'est un plaisir de les partager.
Et après tout, ce n'est que mon opinion...
I am forever chasing light. Light turns the ordinary into the magical.
CO1

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dimanche 19 septembre 2021

A.B. Swensson - Les escaliers (nd)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres, des huiles sur toile, de la suédoise Anette Björk Swensson (b.1956). Après un passage par l'Art Student League de New York, de 1981 à 1983, elle retourne en Suède où elle vit et travaille aujourd'hui.
Son travail mêle peinture, photographie et arts graphiques dans un univers à la fois poétique et mélancolique. Elle y explore le passage du temps, la mémoire, et cette beauté fragile des choses simples qu’on regarde parfois sans les voir.

A.B.S. - En attendant (2018)
Anette Björk Swensson peint le familier, le quotidien qui l'entoure, dont elle veut mettre en valeur la beauté. N'importe quoi, dit-elle, peut éveiller ma curiosité et mon envie de peindre.
I'm inspired by light and shadows and what highlights everyday life as something worth noting. To see the simple and sometimes boring unimportant things as something attractive and beautiful.
L'artiste, écrit Le Clézio dans L'extase matérielle, nous montre du doigt une parcelle du monde.

BF4

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dimanche 12 septembre 2021

M. Bourke-White - Statue of Liberty (1930)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américaine Margaret Bourke-White (1904-1971), pionnière du photojournalisme et figure majeure de la photographie du XXᵉ siècle.
Première femme photographe accréditée sur les zones de combat, et l’une des premières à collaborer avec le magazine Life, elle signe en 1936 la couverture inaugurale du célèbre hebdomadaire.
M. B-W. - Louisville, USA (1937)

Dès ses débuts, Bourke-White s’intéresse à la photographie industrielle : elle capte la puissance des machines, la beauté froide des aciéries et l’ordre monumental du monde moderne. Ce regard neuf sur l’esthétique industrielle lui vaut une reconnaissance rapide, et des commandes prestigieuses, notamment pour General Electric. Mais son travail prend bientôt une dimension plus humaine. Pendant la Grande Dépression, elle s'associe avec l'écrivain Erskine Caldwell, son époux, pour produire un livre marquant, You Have Seen Their Faces (1937), qui documente les conditions de vie des agriculteurs appauvris du Sud des États-Unis.
Photographe de guerre, elle couvre ensuite les grands événements du siècle : la campagne du général Patton en Europe, la libération du camp de Buchenwald - dont ses images révèlent au monde les atrocités -, puis, plus tard, les derniers jours de Gandhi en Inde.
I was to discover that the quest for human understanding is a lifetime one that has no end in sight.
Innovante sur le plan technique autant qu’artistique, Margaret Bourke-White laisse une œuvre qui conjugue rigueur, empathie et audace visuelle. Elle a fait de la photographie non seulement un instrument d’information, mais un moyen de comprendre la condition humaine dans toute sa complexité.

BD7

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samedi 11 septembre 2021

 Une image et des mots. L'image, c'est cette capture d'écran d'un reportage vu hier à la mi-journée sur France 2.
Pour aller avec, voici un extrait du passionnant ouvrage de Fustel de Coulanges, La cité antique, publié en 1864 et disponible aujourd'hui chez Champs, Flammarion.
Il s'agit du passage que l'historien consacre à la laïcisation du droit romain, il y a de ça plus de 2000 ans, avec en particulier la Loi des 12 tables et le Code de Solon. La loi cesse de se définir, en grande partie du moins, comme ce qui est permis par la religion, pour être désormais dictée par la volonté populaire.. 

Il n'est pas dans la nature du droit d'être absolu et immuable ; il se modifie et se transforme, comme toute oeuvre humaine. Chaque société a son droit, qui se forme et se développe avec elle, qui change comme elle, et qui enfin suit toujours le mouvement de ses institutions, de ses moeurs et de ses croyances.
Les hommes des anciens âges avaient été assujettis à une religion d'autant plus puissante sur leur âme qu'elle était plus grossière ; cette religion leur avait fait leur droit, comme elle leur avait donné leurs institutions politiques.
[.....] Auparavant la loi était un arrêt de la religion ; elle passait pour une révélation faite par les dieux aux ancêtres, au divin fondateur, aux rois sacrés, aux magistrats-prêtres. Dans les codes nouveaux au contraire, ce n'est plus au nom des dieux que le législateur parle [.....]. 
Le législateur ne représente donc plus la tradition religieuse, mais la volonté populaire. 
La loi a dorénavant pour principe l'intérêt des hommes, et pour fondement l'assentiment du plus grand nombre.

C'était, disais-je, il y a plus de 2000 ans.

JC4

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dimanche 5 septembre 2021

C.B. - Constance Jablonski (2011)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe de mode (mais pas seulement) franco-danois Cédric Buchet (b.1974).
Né à Paris, il a déménagé aux États-Unis à l'âge de 13 ans et a étudié la philo au Vassar College, dans l'État de New York.
Il vit actuellement à Londres et son travail figure dans les collections permanentes du MoMA et du Fonds National d'Art Contemporain, à Paris.
C.Buchet - Sans titre (2016)

La photo de mode n'est pas mon genre de prédilection, mais ces deux clichés ressemblent plutôt à des photos prises "behind the scene" et je les aime beaucoup.
Comme quelques autres d'un genre encore différent - des affiches déchirées, un beau cheval gris pommelé, un travel trailer d'un vert rutilant à Red Hook... -, que je conserve dans mes archives.
Une image vaut mille mots, disait Confucius...; c'est parfois vrai.
CO1

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samedi 4 septembre 2021

J. Ducamps
Allégorie de l'amour vertueux
(c.1620-1630)

Une image et des mots. L'image, c'est ce tableau du flamand Jean Ducamps. Les mots sont un extrait de Comme de petits chiens, une des nouvelles du poète gallois Dylan Thomas qui figure dans son autobiographie Portrait de l'artiste en jeune chien (1940).

Et c'était vrai. J'étais un noctambule solitaire et un habitué des coins de rue. J'aimais errer après minuit dans la ville, sous la pluie, quand les rues étaient désertes et les lumières éteintes aux fenêtres .. [.....] Et jamais je ne me sentais plus profondément intégré dans ce monde lointain et écrasant ou plus débordant d'amour, d'arrogance, de pitié et d'humilité, non seulement pour moi, mais pour les créatures de cette terre où mes tourments étaient sans fin et pour les astres impassibles des sphères célestes, Mars, Vénus, Brazell, Skully, les habitants de Chine, saint Thomas, les femmes hautaines et les femmes faciles, les soldats, les marlous, les agents de police, les rats soupçonneux des librairies d'occasion, les putains en guenilles qui vous donnaient la secousse contre le mur du musée pour une tasse de thé et les femmes distinguées et inabordables dont la silhouette se découpait sur sept pieds de haut dans les journaux de mode et qui défilaient lentement dans leurs fourreaux glacés parmi le verre, l'acier et le velours.

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Peter Turnley Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Peter Turnley (b..1955). P.T. - La Tartine, Paris (2025)