In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 26 janvier 2020

Pétillon - Jack Palmer
Le vide-grenier du dimanche. À quelques jours de la 47ème édition du Festival de la bande-dessinée d'Angoulême, voici comme chaque année deux auteurs qui ont compté pour moi.
René Pétillon (1945-2018), grand nom de la bande dessinée et du dessin de presse. Breton d’origine, il commence à publier dans Pilote au début des années 1970 avant de devenir l’un des piliers du Canard enchaîné où son dessin d'humour va assoir sa réputation.
Ici, son héros Jack Palmer, détective gaffeur et lunaire, à travers laquelle il détourne les codes du polar pour mieux brosser une critique du monde contemporain.

E.J. - Blake & Mortimer
Edgard P. Jacobs (1904-1987), figure majeure de la bande dessinée franco-belge et créateur, en 1946, des mythiques Blake et Mortimer. Ancien décorateur d’opéra, il apporte à la bande dessinée un sens unique de la mise en scène, du décor minutieusement construit et du récit ample. Héritier d’Hergé – dont il fut un proche collaborateur – Jacobs développe un univers où la rigueur du réalisme se mêle à l’imaginaire scientifique et au goût du suspense.
Ses intrigues, qui oscillent entre polar, aventure historique et science-fiction, ont posé les bases d’un style narratif exigeant et d’un classicisme graphique qui influencent encore la BD contemporaine.

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dimanche 19 janvier 2020

M.A.B. - The daydreamer (1931)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe mexicain Manuel Àlvarez Bravo (1902-2002). considéré comme le père de la photographie moderne mexicaine. Autodidacte, il débute dans les années 1920 et s’impose rapidement comme la figure centrale de la photographie moderne en Amérique latine. Ami de Diego Rivera et de Frida Kahlo, proche d’Edward Weston et de Tina Modotti, il a su développer une œuvre à la fois enracinée dans la culture populaire mexicaine et ouverte aux avant-gardes de son temps.

M.A. Bravo (1934)
Manuel Bravo a exploré une grande variété de thèmes - la vie quotidienne, les traditions, et les scènes de rue - avec une attention particulière à la lumière, à la composition et à la texture. Ses œuvres, qui oscillent entre documentaire et surréalisme, nourries à la fois de réalisme social, de surréalisme et d’un sens aigu de la poésie, saisissent à la fois le mystère et la simplicité de la vie mexicaine.
« Je ne cherche pas la réalité, disait-il, mais l’écho poétique qu’elle contient. »
FP1

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samedi 18 janvier 2020

V. Gogh - Les mangeurs de pommes de terre (1885)
Une image et des mots.
"Vous voyez, j'ai vraiment voulu que l'on comprenne que ces gens qui mangent des pommes de terre à la lueur de leur petite lampe ont eux-mêmes travaillé la terre avec ces mêmes mains qu'ils mettent dans le plat, et ainsi parler du travail manuel, et montrer qu'ils ont honnêtement gagné leur nourriture.
J'ai voulu que ce tableau donne l'idée d'une façon de vivre complètement différente de la nôtre - les gens civilisés. Et donc je ne veux surtout pas qu'on l'admire ou qu'on l'approuve sans savoir pourquoi." Van Gogh.

De la Adirondack Blue américaine à la Van Gogh néerlandaise, en passant par nos Bonnotte de Noirmoutier et la Vitelotte noire, je viens d'apprendre au hasard d'une lecture qu'il existerait près de 10.000 variétés de pommes de terre (même si le World Catalogue of Potatoes Varieties n'en recense qu'environ 4500 cultivées et près de 2000 sauvages)..
Ça m'a fait un choc ; je n'y étais pas préparé. Cette information, soit dit en passant, ne figure pas dans l'indispensable Grand livre des variétés de pommes de terre, de Dorothée Bourget, que j'ai sur mon chevet et qui me sert de référence.
Bref j'ai aujourd'hui encore, comme chaque jour, appris des choses nouvelles. Et c'est ainsi, dirait Vialatte, qu'Allah est grand.

Pour célébrer cette découverte, j'associe à ce billet quelques vers du très méconnu Paulin Gagne, extraits de son oeuvre L'Unitéide  (1857).

La Pataticulture, du haut du Pataticultoratoire

Peuples et rois, je suis la Pataticulture,
Fille de la Nature et du Siècle en friture;
Étant née au milieu d'un champ plein de splendeur
Que de pommes de terre ornait un plant d'honneur,
N'ayant jamais mangé que des pommes de terre
Qui font pour moi des plats de la meilleure chère,
J'ai toujours adoré ce fruit délicieux,
Que, dit-on, pour extra mangeaient jadis les dieux!
[.....]

(le Choeur)
Ô Pataticulture, oui nous t'offrons le trône
Que mérite si bien ton auguste personne!

[.....]
Puisque pour me bénir ton amour s'est levé,
Monde, ne parle plus, l'univers est sauvé!
Les peuples avec moi sans craindre le tonnerre
Se couronnent de gloire et de pommes de terre,
Et bravent la besace et la mendicité;
La patate en faveur sauve l'humanité!

dimanche 12 janvier 2020

Cas Oorthuys - Calle Mayor, Madrid (1957)
Le vide-grenier du dimanche.
"On rencontre sa destinée souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter", écrivait La Fontaine... Alors ici, rencontre ? Ou pas ? Un proverbe malinké nous avertit aussi que le chasseur rencontre le gibier là où ils n'ont pas pris rendez-vous. Deux clichés de Casparus Oorthuys (1908-1975), photographe néerlandais dont l’œuvre illustre l’engagement social, notamment durant l’Occupation allemande des Pays-Bas. Architecte, il se tourne vers la photographie dans les années 30 au sein de l’association progressiste Arbeidersfotografie (« photographie ouvrière »), convaincu que l’image pouvait être un outil de transformation sociale.

C.O. - London (1953)
II débute comme photographe militant pour des publications telles que le journal social-démocrate Wij. Avec l’invasion allemande, il se consacre à la réalisation de portraits destinés à de fausses cartes d’identité, activité pour laquelle il est brièvement emprisonné au camp d’Amersfoort. Il rejoint ensuite le groupe clandestin De Ondergedoken Camera, qui documente les réalités de l’Occupation et de la libération. Ses images marquent par leur humanité : elles témoignent de la famine et des souffrances de l’hiver 1944-1945, la Hongerwinter, et demeurent des documents essentiels.
Après la guerre, Oorthuys délaisse la propagande politique pour se consacrer à la libération, à la reconstruction urbaine et au quotidien des Néerlandais.
Il construit ainsi une œuvre à la fois humaniste et rigoureuse, attentive aux gestes et aux visages, et en même temps empreinte d’une profonde conscience historique. Son immense fonds photographique est conservé au Nederlands Fotomuseum, qui poursuit aujourd’hui sa numérisation.
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dimanche 5 janvier 2020

I. Levitan - Paysage sous la lune

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du russe Izaak Levitan (1860-1900), déjà présenté en octobre 2012. Figure centrale du paysagisme russe et de l’école réaliste des Ambulants (Peredvijniki), Levitan ne cherche pas seulement à représenter un lieu : il traduit une atmosphère, ce qu’il appelait des « paysages d’humeur » . Ciels changeants, rivières calmes, plaines infinies, isbas perdues dans l’immensité… ses toiles donnent une voix au silence de la campagne russe. Tchékhov, dont il fut proche, disait de ses tableaux qu’ils avaient « une âme ».
I.L. - Sur la rivière (1871)

Dans une lettre adressée à Diaghilev - le père des Ballets Russes -, celui qui n'a cessé de peindre la beauté de la campagne russe et qui considérait que la place de l'homme dans le monde était insignifiante écrit : Vous pensez sans doute que mes futurs paysages seront tout imprégnés de pessimisme, pour ainsi dire ? Ne vous inquiétez pas, j'aime trop la nature.
Mort à seulement 39 ans, Levitan laisse une œuvre qui, par sa mélancolie lumineuse, continue d’incarner la poésie et la profondeur de l’âme russe. Ses paysages, empreints de simplicité et d’intensité, ne sont pas de simples descriptions, mais de véritables méditations sur le temps, la nature et la condition humaine.

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samedi 4 janvier 2020

Une image et des mots. "Mignonne allons voir si la rose...". J'ignore de qui est ce portrait sans titre d'un couple amoureux que l'on imagine survivants dans un monde post-apocalyptique. Veut-il nous dire que le plus beau des sentiments prévaudra toujours et que, quel que soit le monde où nous vivrons, c'est l'amour toujours qui le rendra respirable?
Pour les accompagner j'ai choisi un des plus beaux poèmes d'amour en langue anglaise de l'ère victorienne, le sonnet 43 des Sonnets portugais d'Elizabeth Barrett Browning (1806-1861).

How do I love thee? Let me count the ways.
I love you to the depth and breadth and height
My soul can reach, when feeling out of sight
For the ends of being and ideal grace.
I love thee to the level of everyday's
Most quiet need, by sun and candle-light.
I love thee freely, as men strive for right.
I love thee purely, as they turn from praise.
I love thee with the passion put to use
In my old griefs, and with my childhood's faith.
I love thee with a love I seemed to lose
With my lost saints. I love thee with the breath,
Smiles, tears, of all my life; and, if God choose,
I shall but love thee better after death
.

***

(traduction de Claire Malroux)

Comment je t'aime? Que j'en compte les façons.
Je t'aime aussi profond, aussi haut et large
que mon âme peut aller, cherchant à tâtons
les fins de l'être et de la grâce idéale.
Je t'aime à la mesure du besoin quotidien
le plus paisible, au soleil et à la bougie.
Je t'aime librement, comme on se bat pour la justice.
Je t'aime purement, comme on dédaigne l'éloge.
Je t'aime avec la passion que je mettais jadis
dans mes chagrins, avec la foi de mon enfance.
Je t'aime avec l'amour que j'avais cru perdre
en perdant mes morts sacrés. Je t'aime avec le souffle,
les rires, les pleurs de toute ma vie, et si Dieu veut,
je ne t'en aimerai que plus après ma mort.
CP2

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Ganjifa moghol Le vide-grenier du dimanche. Deux Ganjifas , ces cartes d’un jeu ancien, originaire de Perse, qui a pris toute sa richesse en...