Munch - Le cri |
À noter que ce cri (décliné, entre 1893 et 1917, en cinq versions: trois peintures, un pastel, et une lithographie) il ne semble pas que ce soit le personnage central du tableau qui le pousse (et qui serait le peintre lui-même..).
En effet, contrairement à la scène décrite dans le texte que j'ai choisi pour l'illustrer, ce cri viendrait d'ailleurs : ce serait celui - métaphorique ou hallucinatoire - d'un monde effrayant; et le personnage qui l'entend, horrifié, se bouche les oreilles.
Pour l'accompagner, voici un extrait du Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations (1967), de Raoul Vaneigem.
"Un homme emporté par une foule, visible de lui seul, hurle soudain pour briser l'envoûtement, se rappeler à lui, rentrer dans sa peau. Acquiescements tacites, sourires figés, paroles sans vie, veulerie et humiliation émiettés sur ses pas se ramassent, s'engouffrent en lui, l'expulsent de ses désirs et de ses rêves, volatilisent l'illusion d' "être ensemble". On se côtoie sans se rencontrer, l'isolement s'additionne et ne se totalise pas; le vide s'empare des hommes à mesure qu'ils s'accroissent en densité. La foule me traîne hors de moi, laissant s'installer dans ma présence vide des milliers de petits renoncements.
Partout les réclames lumineuses reproduisent dans un miroitement de néon la formule de Plotin: "Tous les êtres sont ensemble bien que chacun d'eux reste séparé". Il suffit pourtant d'étendre la main pour se toucher, et, par ce simple geste, tout devient proche et lointain, comme par sortilège."
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