In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 29 avril 2012

Andrea del Verrocchio - Saint Jérôme (détail)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et sculpteur italien du Quattrocento Andrea del Verrocchio (1435-1488), maître de Léonard de Vinci et sculpteur attitré des Médicis.
La première, c'est un détail de son Saint Jérôme, une peinture sur papier plus tard transférée sur bois. On pense qu'il s'agit d'une étude en vue d'une création plus large, peut-être La crucifixion du Christ (volée en 1970) de l'église Santa Maria d'Argiano.

A. del V. - Tête de femme (nd)
La seconde est un dessin non daté, conservé à la Galerie des Offices. Comme dans le cas de Saint Jérôme, ce travail au dessin rehaussé de touches au pinceau est un témoignage important des techniques employées dans les ateliers florentins de la Renaissance.
GL6

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dimanche 22 avril 2012

Wayne Sorce - Dave's restaurant, New York (1984)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Wayne Sorce (b.1946), qui a abondamment photographié le New York et le Chicago - sa ville natale - des années 70 et 80.

Wayne Sorce - Varick Street, New York
(1984)











Des compositions aux couleurs étudiées et à la géométrie rigoureuse, et qui documentent avec soin la signalétique et l'esthétique - panneaux, enseignes, automobiles -, particulières de l'époque, pour nous donner à voir l'image nostalgique de l'Amérique dans ce que Stephen Shore (voir mai 2010) appelait sa quintessence.
For me, photography is very important in that it exists because of everything else. I hope this explanation is enough because I think it would be a mistake to write words to be read about that which I only intended to be viewed. Words only confuse and complicate what I prefer to bear witness to my feelings by visual means (from Camera Magazine, November 1973).
RF1

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samedi 21 avril 2012

Ellen Llewellyn - Zakim Bridge
Une image et des mots. Ellen Llewellyn est de Boston, et j'aime assez sa représentation du Zakim Bridge
J'aime aussi, beaucoup, ce beau cliché du Point Bridge de Pittsburg, pris en 1900.
Ces deux documents m'ont fait penser à un récit d'Henry Miller, même si lui y parle de New York.

The fourteenth ward

One walks the street at night with the bridge against the sky like a harp and the festered eyes of sleep burn into the shanties, deflower the walls; the stairs collapse in a smudge and the rats scamper across the ceiling; a voice is nailed against the door and long creepy things with furry antennae and thousand legs drop from the pipes like beads of sweat.
Glad, murderous ghosts with the shriek of night-wind and the curses of war-legged men; low, shallow coffins with rods through the body; grief-spit drooling down in the cold, waxen flesh, searing the dead eyes, the hard, chipped lids of dead clams. One walks around in a circular cage of shifting levels, stars and clouds under the escalator, and the walls of the cage revolve and there are no men and women without tails or claws, while over all things are written the letters of the alphabet in iron and permanganate. One walks round and round in a circular cage to the roll of drum-fire; the theater burns and the actors go on mouthing their lines; the bladder bursts, the teeth fall out, but the wailing of the clown is like the noise of dandruff falling. On walks around on moonless nights in the valley of craters, valley of dead fires and whitened skulls, of birds without wings.
Round and round one walks, seeking the hub and nodality, but the fires are burned to ash and the sex of things is hidden in the finger of a glove.
[.....] O world, strangled and collapsed, where are the strong white teeth? O world, sinking with the silver balls and the corks and the life-preservers, where are the rosy scalps? O glab and glairy, O glabrous world now chewed to a frazzle, under what dead moon do you lie cold and gleaming?


***
Le Point Bridge, à Pittsburg (A/U)

Le 14e district.

On marche dans la rue la nuit, et le pont se dresse contre le ciel comme une harpe, et les yeux gangrenés de sommeil corrodent les bicoques de leur feu; déflorent les murs; l'escalier s'effondre dans un brouillard confus et les rats dégoulinent à travers le plafond; une voix est clouée contre la porte et de longues choses rampantes munies d'antennes veloutées et d'un millier de pattes tombent des tuyaux comme des gouttes de sueur. Fantômes joyeux et meurtriers, hululant comme la bise nocturne et maudissant comme des hommes au sang chaud; cercueils bas et creux, avec des tiges au travers du corps; bave du chagrin suintant dans la chair froide et cireuse, marquant les yeux morts au fer rouge, paupières dures et tailladées des moules morte. On tourne en rond dans une cage circulaire sur des plans mouvants, étoiles et nuages sous l'escalier roulant, et tournent les murs de la cage, et nul, ni homme ni femme, qui n'aie queue ou griffes, alors que sur toutes choses s'inscrivent les lettres de l'alphabet marqué au fer et au permanganate. On tourne et retourne en rond dans la cage circulaire au roulement de la canonnade; le théâtre est incendié et les acteurs ne cessent pas de débiter leur texte; la vessie éclate, les dents tombent, mais le gémissement plaintif du clown est pareil au bruit de chute des pellicules. On tourne par nuits sans lune dans la vallée des cratères, vallées des feux éteints et crânes blanchis, des oiseaux sans ailes.
On tourne et tourne et retourne, à la recherche du moyeu et du nodule, mais les feux ne sont plus que cendre et le sexe des choses est caché dans un doigt de gant.
[.....] Ô monde, étranglé, effondré, où sont les puissantes dents blanches? Ô monde, qui sombres avec des balles d'argent, les bouchons et les appareils de sauvetage, où sont les crânes roses? Ô monde glabre et glaireux, mâché maintenant et recru de fatigue, sous quelle lune morte reposes-tu, lumineux et glacé?
BA1

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dimanche 15 avril 2012

L.I. Konov - Stalingrad (1942)
Le vide-grenier du dimanche, avec deux clichés : le premier a été pris par le photographe russe L.I. Konov pendant le bombardement de Stalingrad par l'aviation allemande. 

K.Sawada - Vietnam (1965)

Le second, du photographe japonais Kyoichi Sawada, montre une mère et ses enfants qui tentent de traverser une rivière pendant le bombardement par un avion américain de la ville portuaire de Quy Nhon, le 7 septembre 1965. Sawada a été distingué en 1966 par le prix Pulitzer de photographie pour ses photographies de combat pendant la guerre du Vietnam.
Il est mort quatre ans plus tard, à 34 ans, alors qu'il se dirigeait vers le plateau de Quirirom, au Cambodge, en compagnie de Frank Frosch, chef du bureau régional de la United Press International. En civil et sans armes, les deux journalistes sont abattus par des Khmers rouges.
PF2
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dimanche 8 avril 2012

Richard Estes - Cafe Express (1975)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Richard Estes (b.1932), formé au School of the Art Institute de Chicago.

R. Estes - Car reflection (1969)









Grande figure, avec d'autres artistes comme Duane Hanson ou Audrey Flack, du courant hyperréaliste, ses oeuvres jouent souvent avec les reflets et les distorsions produites par les surfaces réfléchissantes.
I've always been interested in the way light and shadow interact with surfaces. That's what my work is about, capturing the play of light on surfaces and making it come alive in paint.

samedi 7 avril 2012

Jack London - People of the abyss
Une image et des mots. En 1902, à l’époque où l’empire britannique règne sur le monde, quand la puissante Angleterre victorienne est comme le dit Karl Marx « the wonder of the world », l’écrivain américain Jack London (celui de Croc-blanc, de L’appel de la forêt) s’immerge incognito dans les quartiers misérables de l’East End londonien pour y partager l'existence de ses 500.000 sans-abri.
Un an plus tard, en 1903, il publie People of the abyss (paru en France sous le titre Le peuple d'en-bas ou Le peuple de l'abîme). Ce cliché en est tiré.

Les mots qui suivent ne sont pas extraits de ce livre, mais de celui de George Orwell, Down and out in Paris and London, paru trente ans plus tard en 1933 et traduit en français sous le titre Dans la dèche à Paris et à Londres. Orwell y évoque les "Rowton House", des établissements d’accueil propres et confortables nés en 1892 à l’initiative du politicien (et philantrope) Lord Rowton, et qui allaient remplacer les sordides « doss-houses » et autres « charity refuges » photographiés par Jack London et où se réfugiaient les miséreux quand ils ne dormaient pas sur les berges de la Tamise.

« As a last hope Paddy suggested trying a Rowton House; by the rules they would not let us in before seven, but we might slip in unnoticed. We walked up to the magnificent doorway (the Rowton Houses really are magnificent), and very casually, trying to look like regular lodgers, began to stroll in. Instantly a man lounging in the doorway, a sharp-faced fellow, evidently in some position of authority, barred the way.
« You men sleep ‘ere last night? »
« No »
« Then –off » 
We obeyed, and stood two more hours on the street corner. It was unpleasant, but it taught me no to use the expression ‘street corner loafer’, so I gained something from it. »

***

« En désespoir de cause Paddy suggéra de nous rabattre sur un Rowton House : le règlement interdisait toute entrée avant sept heures, mais nous pourrions peut-être nous y faufiler en douce.
Nous nous approchâmes du magnifique portail (les Rowton Houses sont vraiment de splendides édifices) et d’un air très dégagé, affectant l’allure de vieux habitués, entreprîmes de nous introduire dans la place.
Aussitôt, un individu qui jusqu’ici paraissait bayer aux corneilles, un homme au visage sévère,
manifestement investi d’une certaine autorité, s’interposa pour nous barrer le passage.
« V’s avez dormi ici hier soir ? »
« Non »
« Alors ouste ! »
Nous obéîmes et fîmes pendant deux heures encore le pied de grue au coin de la rue.
Ce fut un sale moment à passer, mais j’appris du moins à user avec plus de discernement de l’expression « glander dans les rues », et j’en ai donc tiré quelque chose."

dimanche 1 avril 2012

N. Rockwell - Road block (1949)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'illustrateur américain Norman Rockwell (1894-1978), connu pour ses représentations chaleureuses et nostalgiques de la culture et de la vie américaines. Natif de New York, il manifeste un intérêt pour l'art dès son plus jeune âge et commence sa carrière d'illustrateur dans des publications telles que The Saturday Evening Post, dont il deviendra finalement l'illustrateur principal.
Les peintures de Rockwell donnent à voir des scènes de la vie quotidienne, des réunions de famille, des célébrations de vacances, des événements qui animent la vie des petites villes.
The commonplaces of America are to me the richest subjects in art.

N. R. - April fool girl (1948)
Parmi les plus célèbres, on peut aussi citer "Four freedoms" (1943) une série qui illustre le discours des quatre libertés du président Franklin D. Roosevelt, et "Rosie the Riveter" (1943), un portrait à l'usine d'une ouvrière riveteuse devenue un symbole emblématique de l'émancipation des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Norman Rockwell était aussi un militant des droits civiques et plusieurs de ses oeuvres ont abordé les questions d'inégalité raciale et de discrimination, comme par exemple "The problem we all live with" (1964), qui représente une enfant afro-américaine escortée sur le chemin de l'école par des Marshalls pendant la déségrégations des écoles du Sud.
L'héritage de N. Rockwell a profondément influencé la culture populaire et a fait de lui l'un des peintres américains les plus célèbres du XXe siècle.

JP4 ICI