In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 25 septembre 2011

Gerard Exupery - Suzy (1975)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Gerard Exupery (b.1951), photographe de rue new-yorkais dont la carrière s'étend sur plus de quatre décennies. Formé à la School of Visual Arts et ayant étudié sous la direction de Lisette Model à la New School de New York, Gerard Exupery développe un regard singulier sur la vie urbaine, à la fois frontal, engagé et authentique, porté par une approche résolument directe de ses sujets.

G.E. - 86th Street kiss (1977)
La lecture de son blog est à ce titre instructive ; elle révèle le regard d'un photographe à la fois audacieux, respectueux, et immersif, qui exprime un rejet de la photographie de rue opportuniste qui se contente de capturer la misère de loin sans engagement réel. J'en traduis quelques lignes :
Je déteste la photo lâche en photographie de rue. C'est-à-dire rester de l'autre côté de la rue avec ton machin de 200 mm pour prendre en photo un pauvre type qui dort dans un carton. Je ne fais pas ce genre d’image. Si je devais la faire, je serais de l'autre côté de la rue en train de parler avec ce gars, parce que personne n'a besoin d'une énième photo d’un type qui dort dans un carton. Il n'y a rien de nouveau là-dedans. Photographier des filles de l’autre côté de la rue, sans qu’elles sachent que tu prends leur photo, c’est la même chose.
De lui, le critique Mark McQueen dit ceci :" Gerard Exupery is one of those people who always has something to say. He has an uncanny talent for prying poetry out of the banalest of topics [....]. He has always managed to distill the chaos of life in New York down to concise, sometimes profound, but always original reflections on the human condition".
Son blog, son site.

dimanche 18 septembre 2011

Vero Cristalli - Love wall (for John) (2011)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Véro Cristalli (b.1965), artiste peintre française qui s’est construite dans la solitude, trouvant très tôt refuge dans le dessin et l’écriture.
Son rapport à la peinture est viscéral : "Peindre pour moi, c'est respirer ! C'est pour moi le seul moyen d'expression et de révolte capable de me faire accepter ma condition humaine".
Dans le monde qu'elle projette sur la toile, c'est l’émotion qui prime ; son travail paraît très instinctif, oscillant entre chaos et harmonie, entre critique sociale et exaltation des figures iconiques.
V.C.- The wall (2010)

Dans l'œuvre ci-dessus, Love Wall (for John), elle mêle superpositions graphiques, messages éclatés et touches flamboyantes pour rendre hommage à l’esprit d’un artiste dont l’héritage résonne encore aujourd’hui. Le regard du musicien, à peine dissimulé sous un tourbillon de mots et de symboles, semble questionner le spectateur sur la nature même du rêve et de l’utopie. Véro Cristalli façonne un art percutant, où chaque œuvre semble être une fenêtre ouverte sur l’âme humaine et ses contradictions.
BF1

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samedi 17 septembre 2011

Václav Chochola - Ráno (1973)
Une image et des mots. Où est la société de tous les hommes ? où est la nécessité entre eux de tous les hommes ? où est la cité de tous les hommes ? s'interrogeait Paul Claudel.
Pour aller avec ce cliché du photographe tchèque Václav Chochola (1923-2005), voici un court poème de Claude Sernet (1902-1968), Être en cause :

Je vois, j'entends, je parle
Je vois pour les muets
J'entends pour les aveugles,
Je parle pour les sourds.

Le monde étant le monde
- Aveugle, sourd, muet -
Je vais où je demeure
Mais je ne tremble plus.
WN1

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dimanche 11 septembre 2011

T. Christopher - How long...(2009)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Tom Christopher (b.1952).
D'abord formé au Pasadena Museum of Art, il étudie ensuite à l'Art Center of Design, toujours en Californie. Il y côtoie Lorser Feitelson, un des initiateurs du mouvement californien hard-edge painting, et Ward Kimball, un des membres du "noyau dur" des dessinateurs Disney connus comme les Disney's Nine old Men.

T.C. - Where's Nathan (2010)
Imprégnée de la culture de la côte Ouest - celle des hot-rods, du rock, des skateboards et des graffitis - sa peinture porte les marques d’une énergie nerveuse et d’un goût pour l’excès visuel. Couleurs saturées, lignes tremblées, perspectives bousculées : tout dans son travail évoque l’accélération, le vacarme, la surstimulation des sens. Et c’est avec ses vues de New York, qu’il commence à peindre au début des années 1990, qu’il impose vraiment son univers : taxis jaunes éclatants, foules anonymes, gratte-ciel vertigineux, signalétiques urbaines - autant d’éléments qui forment une sorte de partition urbaine frénétique et bigarrée.
Entre expressionnisme, pop culture et figuration libre, son œuvre ne cherche pas à figer la ville mais à en restituer l’intensité vécue, comme si chaque toile était le relevé pulsé d’un instant dans le chaos ordonné de la métropole. Le New York de Tom Christopher n'est pas un décor, c'est un état d'âme.

GE1
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samedi 10 septembre 2011

LS - Twin Towers and a seagull (1979)

Une image et des mots. L'image, c'est ce cliché des Twin Towers pris en 1979 par le new yorkais Louis Stettner (b.1922).

Et pour l'accompagner, quelques lignes de Karl Popper, extraits de La société ouverte et ses ennemis (1945)

"Une tolérance sans limite ne peut que mener à une disparition de la tolérance. Si nous étendons une tolérance sans limite même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas préparés à défendre une société tolérante contre l'assaut des intolérants, alors les tolérants seront anéantis, et avec eux la tolérance."

ZP1

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dimanche 4 septembre 2011

Thomas W. Dewing - The spinet (1902)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'impressionniste américain Thomas Wilmer Dewing (1851-1938).
En 1876, il part pour Paris suivre à l’Académie Julian l’enseignement de Gustave Boulanger et de Jules Lefebvre. De retour aux États-Unis, il s'installe à New York et devient l’une des figures majeures du mouvement tonaliste, ce courant attaché aux harmonies subtiles, à la lumière diffuse et aux ambiances feutrées. 

T.W. Dewing - Recitation (1891)



En 1898 enfin, il est l’un des membres fondateurs des Ten American Painters, un groupe en rupture avec le conservatisme de l’establishment artistique américain, alors peu réceptif à leur style impressionniste, plus libre et atmosphérique.
C’est évident, je ne publie dans ce blog que ce qui me plait ; je ne ressens donc pas, d'ordinaire, le besoin de souligner à quel point j’apprécie l’artiste que je présente ici. 
Mais dans le cas de Dewing j'éprouve le besoin de le dire ; c'est un peintre que j'aime vraiment beaucoup, pour sa façon de placer ses personnages dans des espaces imprécis, souvent vaporeux, baignés d’un ton sourd, presque musical. Le second tableau en particulier - Recitation -,  très représentatif de la veine tonaliste, dégage cette atmosphère si particulière qui peut me faire penser aux Nocturnes de Whistler et - pourquoi pas - à certains airs de Debussy...
CD1
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NY4 ICI