In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 26 février 2012

L.L.Dhurmer - Nu bleu
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre, pastelliste et céramiste français Lucien Lévy-Dhurmer (1865–1953), figure du symbolisme. Né à Alger, il entre en octobre 1879 à l’École communale supérieure de dessin et sculpture du 11e arrondissement de Paris, où il étudie auprès d’Albert‑Charles Wallet, Raphaël Collin et Alexandre Vion, eux-mêmes formés par Alexandre Cabanel.
De 1887 à 1895 il travaille comme décorateur en céramique à la Faïencerie d'art de Clément Massier, à Golfe-Juan, avant de se consacrer pleinement à la peinture. Il rencontre le poète Georges Rodenbach, de qui il fait le portrait et qui lui ouvre quelques portes, notamment celle de Pierre Loti.

L.L.D. - Nuit sur le lac (1910)
Révélé au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1896 avec un pastel remarqué intitulé Silence, il s’impose rapidement comme une figure du symbolisme français, aux côtés de Gustave Moreau ou Fernand Khnopff.
Inspiré par la musique - il était proche de Debussy -, la poésie, la littérature et les philosophies orientales, Lévy-Dhurmer cherchait moins à représenter qu’à suggérer. Visages féminins enveloppés de brume, paysages intérieurs ou visions mystiques : ses œuvres invitent au calme et à la contemplation, et semblent davantage vouloir ouvrir un espace intérieur que décrire le monde réel.

dimanche 19 février 2012

J.T. - Mary Anne Smith (c.1930)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du photographe documentaire anglais John Topham (1908-1992), déjà présenté en mars 2009 et avril 2011. Ancien policier, cet autodidacte commence sa carrière en photographiant la vie quotidienne des années 1930 dans le Kent, avant de rejoindre les grandes agences de presse britanniques.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, ses clichés documentent à la fois l’effort de guerre sur le front intérieur et les bouleversements sociaux vécus par la population civile.
J.T. - Lover's Lane (1938)

Mary Anne Smith exerçait dans l’Est de Londres le métier de knocker up, un emploi né avec l’Angleterre industrielle, qui consistait à réveiller les ouvriers le matin en frappant à leur fenêtre. La plupart utilisaient une longue perche (voir la publication du 4 dernier) ; Mary Anne, elle, préférait une sarbacane à petits pois ; ils sont dans sa poche.
Photographe "de la vie ordinaire de gens ordinaires, et des petites choses de la vie telles qu'elles sont réellement", John Topham s’est toujours attaché à saisir des scènes sobres et directes, en capturant les gestes, les postures et les liens entre les gens. Son attention aux détails discrets, plutôt qu’aux événements spectaculaires, fait de son œuvre un précieux témoignage sur la société britannique du XXe siècle.

samedi 18 février 2012

Pieter Brueghel - Jeux d'enfants (1560)
Une image et des mots. L'image est une peinture sur bois de Pieter Brueghel l'Ancien (c.1530-1569), conservée au Musée d'histoire de l'art de Vienne.
Chaque homme cache en lui un enfant qui veut jouer, disait Nietzsche.
J'ai pensé à cet extrait de Belle du Seigneur (1968), d'Albert Cohen.

Dans la salle des pas perdus, les ministres et les diplomates circulaient, gravement discutant, l'oeil compétent, convaincus de l'importance de leurs fugaces affaires de fourmilières tôt disparues, convaincus aussi de leur propre importance, avec profondeur échangeant d'inutiles vues, comiquement solennels et imposants, suivis de leurs hémorroïdes, soudain souriants et aimables. Gracieusetés commandées par des rapports de force, sourires postiches, cordialités et plis cruels aux commissures, ambitions enrobées de noblesse, calculs et manoeuvres, flatteries et méfiances, complicités et trames de ces agonisants de demain.

dimanche 12 février 2012

Steve McCurry - Afghan girl (1984)
Le vide-grenier du dimanche. Après la publication de juin 2011, voici deux nouveaux clichés du photo-journaliste américain Steve McCurry (b.1950) ; et pourquoi écarter, au motif qu'il est célébrissime, son portrait de Sharbat Gula ?
Connu sous le titre de l'Afghane aux yeux verts, c'est celui d'une fillette de 13 ans au regard intense, rencontrée dans un camp de réfugiés au début de l'invasion soviétique. Ses parents ont été tués, et ce que McCurry nous montre ici de la guerre, ce ne sont pas des géographies dévastées; juste sa marque sur les visages.

Steve McCurry - Bombay (1993)
Photography is a way of understanding the world.

Les photos de Steve McCurry révèlent la vraie couleur du monde. Elles sont tellement justes et belles qu'il est bien difficile de n'en choisir que deux pour donner à voir tout son talent et son humanité : une enfant dans une école de la vallée de l'Omo, en Éthiopie, une autre en Inde, blottie contre un mur pour se protéger, mais en vain, de la pluie, ou bien une autre encore qui porte sur elle le poids d'un monde qui n'est pas fait pour un enfant.
C'est finalement ce cliché d'une mère avec son enfant, sous le déluge de la mousson. Le dehors et le dedans, l'intempérie et le refuge, la misère et la boucle d'une ceinture de sécurité inemployée...
BS3
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dimanche 5 février 2012

O. Redon - Cinq papillons (1912)

Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre et graveur français Odilon Redon (1840–1916), figure singulière du symbolisme.
Né à Bordeaux, il entame de brèves études aux Beaux-Arts de la ville, mais se détourne vite d’un enseignement académique qu’il juge trop rigide.
Il se forme alors en grande partie seul, nourri par la découverte de l’estampe japonaise, les œuvres de Gustave Doré ou de Gustave Moreau, mais aussi par la littérature, la philosophie, les sciences...

O.R. - La barque mystique (1890)
La rencontre du botaniste Armand Clavaud, dont il admire la pensée, l’amène à voir dans la nature un monde mystérieux, presque spirituel. Plus tard, la lecture de Darwin et son éducation religieuse viendront aussi marquer sa sensibilité. Dans son recueil autobiographique À soi-même, Redon écrit que Clavaud explorait « les confins du monde imperceptible ». Ce sont sans doute ces mêmes territoires - faits de rêve, de silence et d’étrangeté - que Redon tente d’atteindre dans ses dessins, ses noirs, puis dans ses pastels colorés, toujours à la recherche d’un invisible qu’aucun mot ne saurait désigner.

JR2

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