In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 27 septembre 2009

Albrecht Dürer - Étude (c.1508)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du dessinateur, peintre, graveur, et savant humaniste allemand Albrecht Dürer (1471-1528). 
C'est l'incarnation de l'homme de la Renaissance, avide de connaissances nouvelles dans tous les domaines, ceux des arts et ceux des sciences. 
Il quitte l'école à 12 ans, et, d'abord apprenti en orfèvrerie auprès de son père, grand admirateur de van Eyck, il suit ensuite l'enseignement à Nuremberg du très réputé peintre et graveur Michael Wolgemut. 

A.D. - Autoportrait (1500)
Après trois ans encore d'apprentissage il part et voyage par toute l'Europe; il n'a alors que 18 ans. Grâce à lui, à ses voyages, à sa curiosité, toute l'Europe du nord va profiter des leçons de la Renaissance italienne.
"Un grand artiste comme lui serait digne de ne jamais mourir", dira de lui le grand humaniste Érasme.
Ici, j'ai choisi une étude de la main gauche d'un apôtre pour le retable Heller, et un autoportrait.
"Ce qu'est la beauté, je l'ignore", disait-il.

dimanche 20 septembre 2009

William Klein - Broadway & 46th Street (1959)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe, cinéaste, et plasticien américain William Klein (b.1928), qui au sortir de la Sorbonne où il est venu poursuivre des études de sociologie commencées aux États-Unis, a d'abord étudié la peinture avec Fernand Léger.
Il se tourne ensuite vers la photographie et ces deux clichés illustrent chacun une des deux facettes de son travail, la photo de mode et la photo de rue, même si la seconde vue est en réalité un screen shot de son film du même nom.

W. Klein - Broadway by light (1958)



William Klein, qui en 1955 a rejoint Richard Avedon et Henri Clarke comme photographe attitré du magazine Vogue, bouleverse les conventions de la photo de mode. 
Des studios où elle était jusqu'alors cantonnée, il la fait descendre dans la rue; les modèles s'y mêlent à la foule des passants. "I came from the outside. The rules of photography didn't interest me."

samedi 19 septembre 2009

Gabriel Pacheco

Une image et des mots. Une splendide illustration pour le Livre de la Jungle du mexicain Gabriel Pacheco (b.1973).
Et pour aller avec, un extrait de la chanson Bare necessities ("Il en faut peu pour être heureux"), chantée par Baloo l'ours épicurien - celui qui ne se contente pas de peu ne sera jamais content de rien, disait Épicure - dans le chef d'oeuvre qu'à son tour Disney a fait du chef d'oeuvre de Kipling.

Look for the bare necessities
The simple bare necessities
Forget about your worries and your strife
I mean the bare necessities
Old Mother Nature's recipes
That brings the bare necessities of life.
[.....]
And don't spend your time lookin' around
For something you want that can't be found
When you find out you can live without it
And go along not thinkin' about it
I'll tell you something true

The bare necessities of life will come to you.

dimanche 13 septembre 2009

W. Ronis - Retour des prisonniers, gare de l'Est
(1945)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du photographe Willy Ronis (1910-2009) qui s'est éteint hier à l'âge de 99 ans. Il était avec Édouard Boubat, Robert Doisneau, Sabine Weiss et quelques autres un des géants de ce que l'on appelle la photographie humaniste.
Mon choix n'a pas été facile et j'ai longuement hésité, tant j'aime le travail de celui qui voulait simplement capter la beauté ordinaire du monde.

W.Ronis - Nu provençal (1949)

Mais voici les deux images que j'ai retenues ici et pour aujourd'hui ce seront mes préférées.
De son Nu provençal, Willy Ronis dit que c'est sa photo fétiche. Il est avec sa femme dans leur maison de Gordes, dans le Vaucluse; l'été est torride. Willy bricole au grenier et se rend compte qu'il lui manque un outil. Descendant l'escalier de pierre pour aller le chercher, il voit Marie-Anne qui se rafraîchit à une cuvette d'eau prise à la fontaine. "Reste comme tu es!" lui crie-t-il. 
Il remonte quelques marches pour prendre son Rolleiflex, et fait quatre prises desquelles il choisira la seconde. "Le miracle existe, dit-il, je l'ai rencontré".
Et voici ce qu'à son tour en dit Philippe Sollers, dans son ouvrage, "Nues", consacré au travail de Ronis.
"La composition est magistrale, elle dit la vraie joie de vivre dont notre époque est si piteusement et si tragiquement dépourvue. [.....] Tout vit, tout vibre doucement et veut être vu. Le corps nu est la résultante de cette magie matérielle. La lumière est là pour dire l'harmonie indestructible de l'ensemble (soleil sur les épaules, bénédiction du temps). On est tellement loin de l'imagerie exhibitionniste et grimaçante d'aujourd'hui qu'on se demande si ce conte de fée a pu exister. Ronis parle de "miracle". Il a raison, c'en est un que seul celui qui en a vécu un semblable peut comprendre."
ML2

ICI

dimanche 6 septembre 2009

Gustav Wunderwald - Untitled
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Gustav Wunderwald (1882-1945) dont le nom est associé par les historiens de l'art à ce mouvement né pendant la République de Weimar que l'on a appelé Nouvelle Objectivité, (Neue Sachlichkeit en allemand).
Dans une Europe fragilisée par la Grande Guerre et rongée par la misère et la corruption, les représentants de ce courant réaliste vont s'attacher à dépeindre avec cynisme et crudité la Berlin décadente de l'entre-deux-guerres, ou bien - c'est le cas de Wunderwald -, la sobriété désolée de ses quartiers ouvriers.

G. W. - Pont à Spandau (1927)




Je m'intéresse aux choses les plus tristes, elles me concernent. Moabit et Wedding sont les quartiers qui me bouleversent le plus, ce dépouillement, cette désolation si intéressante... (cité par Sergiuz Michalski dans son ouvrage Nouvelle Objectivité - La peinture allemande des années 20, publié en français chez Taschen en 1994).
Avec la montée des nationalismes et l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933, la plupart des artistes de la Nouvelle Objectivité, considérés dès lors comme des dégénérés, va s'exiler. À partir de 1935, dix ans après sa naissance, le mouvement s'éteint.

samedi 5 septembre 2009

Balarâma et Krishna

Une image et des mots. Mélange d'or et d'huile sur toile pour cette très belle représentation bengali de Balarâma et Krishna, datant de la fin du 19e siècle. On voit les deux frères étroitement liés, nés chacun d'un cheveu de Vishnu, qui gardent leur troupeau sur les berges de la rivière Yamuna, affluent sacré du Gange.

Pour aller avec cette image, voici la conclusion d'une nouvelle de Maupassant, La chevelure (1884).

- "Mais.... cette chevelure.... existe-t-elle réellement ?"
Le médecin se leva, ouvrit une armoire pleine de fioles et d'instruments, et il me jeta, à travers son cabinet, une longue fusée de cheveux blonds qui vola vers moi comme un oiseau d'or. Je frémis en sentant sur mes mains son toucher caressant et léger. [.....]
Le médecin reprit en haussant les épaules :
- "L'esprit de l'homme est capable de tout."