In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 7 septembre 2025

Sergio Cerchi - Rendez-vous (2013)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'italien Sergio Cerchi (b.1957). Né à Florence, où il vit et travaille, il a étudié à l’Istituto d’Arte di Porta Romana puis au Conservatoire Luigi Cherubini. Très tôt, il a mené de front la musique et la peinture : deux pratiques qu’il considère comme indissociables et qui nourrissent son art.
Son travail s’est d’abord développé dans un esprit proche du cubisme, avant d’évoluer vers une forme plus personnelle, où les figures et les espaces semblent se déployer sur plusieurs plans à la fois. Cerchi parle lui-même de « figures et géométries » : un principe qui donne à sa vision du réel une portée à la fois artistique, philosophique et psychologique.

S.C. - Note finale
Les surfaces se fragmentent, se superposent, comme les notes sur une portée musicale ; les volumes et les horizons se brouillent, les visages et les objets se recomposent dans une dynamique continue.
Sa palette, dominée par des rouges carmin, des ocres, des verts et des bleus assourdis, rappelle la matière picturale et la densité des maîtres de la Renaissance italienne auxquels il reste très attaché.
Ce qui me retient dans son travail, c’est cette impression d’équilibre mouvant : les formes semblent se construire et se défaire à la fois, comme si la réalité cherchait sa propre cohérence. On ne sait jamais très bien, en regardant ses toiles, s’il nous montre une construction ou une déconstruction : chaque fragment paraît vouloir assembler le réel autant qu’il le fragmente. Il y a dans ses toiles quelque chose d’indécis, d’entre-deux : on ne sait pas si la réalité s’y rassemble ou s’y défait.
Cette hésitation, au cœur même de la peinture, semble rappeler que rien n’est jamais arrêté : que toute forme, comme toute réalité, se construit en se défaisant.

samedi 6 septembre 2025

Anon. - Madrid (c.1960)
Une image et des mots. Un cliché dont j'ignore l'origine, parfois attribué à un certain Elton Boraya, dont je ne sais rien.

En elle-même toute idée est neutre, ou devrait l'être ; mais l'homme l'anime, y projette ses flammes et ses démences ; impure, transformée en croyance, elle s'insère dans le temps, prend figure d'événement : le passage de la logique à l'épilepsie est consommé... Ainsi naissent les idéologies, les doctrines, et les farces sanglantes.
Idolâtres par instinct, nous convertissons en inconditionné les objets de nos songes et de nos intérêts. L'histoire n'est qu'un défilé de faux Absolus, une succession de temples élevés à des prétextes, un avilissement de l'esprit devant l'Improbable. Lors même qu'il s'éloigne de la religion, l'homme y demeure assujetti ; s'épuisant à forger des simulacres de dieux, il les adopte ensuite fiévreusement : son besoin de fiction, de mythologie triomphe de l'évidence et du ridicule. Sa puissance d'adorer est responsable de tous ses crimes...
Emil Cioran, Précis de décomposition (1949)
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dimanche 31 août 2025

Emile Zola - Denise (1900)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du grand romancier et photographe amateur Émile Zola (1840-1902), que l’on connaît évidemment comme romancier, mais beaucoup moins comme photographe. Et pourtant, à partir des années 1890, Zola s’est passionné pour la photographie, au point d’en faire un véritable laboratoire intime. Il s’équipe d’un matériel sophistiqué pour l’époque, développe lui-même ses plaques, et photographie tout ce qui l’entoure : sa famille, ses enfants, les paysages, mais aussi les rues de Paris, les gares, ou encore les scènes de la vie quotidienne.

E.Z. - Londres (1899)
Zola photographe n’était pas un amateur distrait, mais un expérimentateur, soucieux de technique et d’esthétique, qui a laissé plus de 700 plaques conservées aujourd’hui à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.
Ses images sont à la fois simples et émouvantes ; pour la plupart elles ont été prises après la rédaction des Rougon-Macquart, un peu comme si, après avoir tant décrit le monde, il avait eu besoin, enfin, de le regarder.

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dimanche 24 août 2025

Sasha Hartslief (2019)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres de la peintre sud-africaine Sasha Hartslief (b.1974). Autodidacte passionnée de dessin depuis l'enfance, elle s’est inspirée pour se former de maîtres classiques et impressionnistes comme John Singer Sargent ou Jean-Auguste-Dominique Ingres. Son travail, principalement figuratif, tourne autour de la lumière et de la vie domestique.

S.H. - The journey (2022)
Ses compositions, des scènes d’intérieur, sont tout imprégnées de sensibilité discrète : les personnages, souvent seuls ou plongés dans la contemplation, sont rendus avec une palette de couleurs douces et une maîtrise du clair-obscur héritée des grands maîtres du XVIIe siècle, qui confère à ses œuvres une belle atmosphère, subtile et intimiste.
À travers ses toiles, Hartslief propose sans emphase une exploration délicate de l'intimité humaine : la lumière met en relief les gestes, les postures, les objets... ; chaque détail devient un indice de vie et de présence. Sans chercher l’effet poétique, elle nous révèle la profondeur du quotidien et la singularité de l’expérience humaine.
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Peter Turnley Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Peter Turnley (b..1955). P.T. - La Tartine, Paris (2025)