In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 9 mars 2025

A.M. - Vieux coeur de frêne
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), un de ceux dont l’œuvre a marqué l’histoire sans pour autant obtenir la reconnaissance qu’elle méritait de son vivant. Issu d’une famille modeste, il grandit entre l’Auvergne et la Normandie, où ses parents s’installent après la Première Guerre mondiale. Rien ne le destinait à la photographie qu'il découvre au contact de ses cousins agriculteurs. Il a alors une dizaine d’années et, déjà, un regard sensible sur l’art. Il s’essaie d'abord à l’aquarelle avant d’acquérir ses premiers appareils photo à l’âge de 18 ans et de se mettre à photographier son Auvergne natale, la rudesse des terres et la simplicité des hommes. Il n'y avait pas besoin de moi pour montrer les gens importants. J'ai fait le contraire, je me suis fait grandir avec des gens humbles.

A.M. - Prolongement
C'est ensuite le Maroc, où il perfectionne son art entre 1948 et 1950, en photographiant la vie quotidienne et les traditions locales avec une approche à la fois documentaire et poétique. Enfin, il s’installe à Paris, où il photographie les quais de Seine, les ruelles et les figures pittoresques, en cherchant toujours à révéler l’âme cachée des lieux et des gens, dans une capitale à la fois vivante et mélancolique.
Mais Monier comprend que la photographie peut être un art à la fois intime et universel, et il choisit de la diffuser à grande échelle par un médium inattendu : la carte postale; un moyen révolutionnaire de partager son regard avec le plus grand nombre. Ses clichés, d’une beauté saisissante et aux intitulés poétiques, tranchent avec l’imagerie stéréotypée des cartes classiques, et il va vendre plus de 80 millions de cartes postales à travers le monde, atteignant une popularité rare pour un photographe de son époque. Mais malgré son immense succès auprès du public, Albert Monier ne connaîtra jamais la reconnaissance du monde de la photographie, et lorsqu'il s’éteint en 1998 c'est dans une relative indifférence.
PF1

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samedi 8 mars 2025

Suffragette-defaced penny (1913-14)
Une image et des mots. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, voici un symbole méconnu de la lutte suffragiste : le Suffragette-defaced penny (ou penny altéré par les suffragettes). Il s'agit d'une pièce de monnaie britannique du début du XXe siècle, modifiée par des militantes de ce mouvement d'émancipation pour promouvoir leur cause.
Elles gravaient ou estampillaient des slogans comme celui-ci sur des pennies en cuivre, transformant ainsi un objet du quotidien en un outil de propagande politique.
Cette pratique visait à contourner la censure et à diffuser leur message de manière discrète mais efficace, puisque ces pièces continuaient à circuler dans la population. C’était un acte de protestation symbolique, qui exprimait la détermination des suffragettes à obtenir le droit de vote malgré la répression gouvernementale.
Et pour aller avec, j'ai choisi quelques vers du chant de ralliement de Winifred Banks, dans le merveilleux film de Robert Stevenson pour les studios Disney : le chef-d'oeuvre Mary Poppins.

"Well done, Sister Suffragette!"
From Kensington to Billingsgate
One hears the restless cries!
From ev'ry corner of the land:
"Womankind, arise!"
Political equality and equal rights with men!
Take heart! For Missus Pankhurst has been clapped in irons again!
No more the meek and mild subservients we!
We're fighting for our rights, militantly!
Never you fear!
So, cast off the shackles of yesterday!
Shoulder to shoulder into the fray!
Our daughters' daughters will adore us
And they'll sing in grateful chorus
"Well done! Well done!
Well done Sister Suffragette!"
GJ1

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dimanche 2 mars 2025

William M. Chase - Meditation (1886)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre impressionniste américain William Merritt Chase (1849-1916), membre de la Ten American Painters, une association de dix peintres démissionnaires de la Society of American Artists dont ils désapprouvent le mercantilisme.
Son goût pour la peinture se révèle très tôt, et il commence à l'étudier pendant son adolescence à Indianapolis auprès de deux portraitistes et peintres paysagistes locaux, Jacob Cox et Barton Hays.

W. M. Chase - A city park (1887)
Après une très brève expérience professionnelle dans la marine marchande, à l'âge de 19 ans, ses deux professeurs lui conseillent de partir pour New York poursuivre ses études artistiques.
Il s'y installe en 1869 et devient d'abord l'élève du portraitiste Joseph Oriel Eaton, avant de s'inscrire à la National Academy of Design pour y suivre l'enseignement de Lemuel Wilmarth, lui-même ancien élève du français Jean-Léon Gérôme et fondateur de la Art Students League of New York.
Il voyagera ensuite en Europe, pour étudier à l'Académie des beaux-arts de Munich ; il y deviendra ami avec son compatriote portraitiste Frank Duveneck, avec qui il voyagera en Italie avant de retourner définitivement aux États-Unis.
William Merritt Chase rejoindra ainsi les rangs des nombreux peintres américains qui auront apporté l'influence de l'impressionnisme français sur la scène artistique newyorkaise ; il deviendra à son tour un des professeurs les plus réputés et respectés, comptant parmi ses élèves de futures grandes figures de la peinture américaine comme Edward Hopper, Georgia O'Keeffe, Charles Sheeler, et Rockwell Kent.
Ce beau pastel, Méditation, est un portrait de son épouse.

dimanche 23 février 2025

G. Cummins - Toronto (2022)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe irlandais Gary Cummins, déjà présenté en décembre 2023, et dont je sais aussi peu aujourd'hui qu'alors. Deux images où la ville nous est donnée à voir sous un prisme à la fois irréel et cinématographique.
Le brouillard épais qui enveloppe la première, et l'incandescence de la lumière, lui confère une dimension quasi dystopique; elle évoque une ville en expansion, comme engloutie par ses propres constructions, dans une ambiance apocalyptique et futuriste.

G.C. - Toronto (2020)
L'éclairage joue aussi un rôle clé dans l'atmosphère de la seconde image.
La lumière froide des néons des immeubles tranche avec les teintes chaudes des lampadaires et des reflets dans les vitres, ce qui crée une tension entre l’aspect glacial de l’environnement et une sensation de vie qui persiste malgré tout. Cette dualité renforce le sentiment d’isolement du personnage central, comme perdu dans l'immensité de cette ville qui semble nous aspirer vers le point de fuite au centre de l'image. Une scène qui pourrait tout droit sortir d'un film noir ou d’un récit cyberpunk, avec une narration implicite qui laisse libre cours à notre imagination.

C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932) Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets, voici q...