In girum imus nocte et consumimur igni

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mercredi 7 août 2024

Oksana Shachko

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste et activiste féministe et anarchiste Ukrainienne Oksana Shachko (1987-2018). Elle était l'une des trois cofondatrices à Kiev, en 2008, du mouvement Femen, mais son opposition à l'autorité qu'elle jugeait abusive de Inna Chevtchenko entraînera sa mise à l'écart progressive du mouvement dont elle s'éloigne définitivement en 2014. Elle revient alors à sa première passion, la peinture, et vit à Paris dans une grande précarité ; elle finira cependant par trouver refuge dans un petit studio à Montrouge et s'inscrit au Beaux-Arts en 2017.

O. Shachko - Untitled
Oksana est une enfant pieuse et passionnée par l'art de l'icône ; à l'âge de 8 ans elle est acceptée à l'école réputée de Nikosh alors que seuls les adultes y sont normalement admis :
" Je voulais entrer au couvent, car j'adorais les icônes orthodoxes que je copiais passionnément, mais en m'approchant de cette discipline j'ai réalisé que c'était un grand business, et que les prêtres étaient plus des marchands que des gens de Dieu. J'ai continué l'École d'iconographie, mais j'ai abandonné l'idée d'être nonne." Elle en sort diplômée en 2000 et se lance dans des études de philosophie à l'université de Khmelnytskyï, sa ville natale.
Son art est profondément ancré dans celui de l'icone russe et byzantine, comme on peut le voir ici avec sa Trinité voilée ou encore avec son détournement de la pêche miraculeuse pour dénoncer le sort des migrants en Méditerranée.
Les peintres d'icônes russes de l'ancienne Russie, avec une clarté et une force étonnantes, ont incarné dans leurs images et leurs couleurs ce qui remplissait leur âme : la vision d'une autre vérité de la vie et d'un autre sens du monde, écrivait le philosophe russe Evgueni Troubetzkoï (1863-1920)
Oksana Shachko s'est donnée la mort dans son studio de Montrouge en juillet 2018.

dimanche 4 août 2024

William Sanderson

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain William Sanderson (1905-1990).

samedi 3 août 2024

Vidette-Messenger (1948)

Une image et des mots. Voici un cliché publié dans le Vidette-Messenger de Valparaison, Indiana, le 5 août 1948. Ces 4 enfants sont à vendre ; et celui que Lucille Chalifoux porte encore en elle le sera de même. Lucille et son mari Ray Chalifoux, livreur de charbon sans emploi, allaient être expulsés de leur logement.
Les enfants Chalifoux - Lana, Milton, Sue-Ellen, David et Raymond -, ont connu une enfance difficile, même après leur vente, mais ont tous cherché à atteindre une vie meilleure et à comprendre leur passé.

Come away, O human child!
To the waters and the wild
With a faery, hand in hand,
For the world's more full of weeping than you can understand.
William Butler Yeats, The Stolen Child (1889)

JC2
ICI

dimanche 28 juillet 2024

Picasso - Femme accroupie (1902)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Picasso (1881-1973). La première, une huile sur toile, est bien sûr une oeuvre de sa période bleue, cette parenthèse mélancolique de trois ou quatre années en réaction au suicide de son ami Carlos Casagemas.

Picasso - Colombe (1949)

La seconde, c'est cette lithographie choisie par Aragon pour figurer en 1949 sur l'affiche du Congrès mondial des partisans de la paix.
Des colombes il y en aura beaucoup d'autres dans l'oeuvre de Picasso - qui prénomma sa deuxième fille Paloma -, et sur tous les supports. L'une des plus connues et reprises, peut-être, étant celle qui figurera en 1957 sur l'affiche du Comité d'aide aux victimes du franquisme.

samedi 27 juillet 2024

Erinn Springer - série Dormant season
Une image et des mots. Un cliché de la photographe américaine Erinn Springer (b.1993).

Grand cerf, que vois-tu hors de la tour des hommes
Pour jeter si haut la tête dans l'air bleu
Cerf chargé de cordes et de fers
Cerf vaincu cerf lié sur la terre d'antan
Roi cerf humilié que vois-tu au dehors ?

Un long chemin de boue d'un horizon à l'autre
Qui vient raser le pied de la tour où nous sommes.

[....]

Et je resterai cerf solitaire dressé sur un ciel morne
Jusqu'à la fin qu'en vain je brame aux quatre vents.
André-Pierre de Mandiargues, La tour (1961)

JP4 ICI