In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 4 août 2024

Simon Palmer - Cycling home
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Simon Palmer (b.1956), que je n'ai découvert que récemment bien qu'il soit considéré comme l'un des plus grands aquarellistes anglais contemporains.
Né à South Yorkshire, il est formé à la Reigate Art School dans le Surrey, où il étudie l'illustration et le design graphique sous la direction de l'illustrateur et artiste en aquarelle Ernest Boye Uden.
C'est lui qui l'encourage à explorer les paysages à travers l'aquarelle, une technique qu'il adopte rapidement.

S.P. - High Newstead Lane (2023)






Les paysages du Yorkshire, ses habitants et ses lieux quotidiens constituent la principale source d’inspiration de Palmer. Ses peintures, d'une grande précision, représentent des scènes de la vie rurale anglaise avec une approche délicate et romantique : ses routes, ses haies, ses fermes et églises en pierre, et les vies de ses habitants. Ses scènes ont souvent une dimension narrative forte, montrant des gens occupés à leurs tâches, que ce soit en marchant, ou comme ici en faisant du vélo, ou en travaillant la terre. Parfois, l'intention de ces personnages est floue, et ils sont présentés dans des situations inattendues ou même fantaisistes. Car les œuvres de Simon Palmer, dont voici le site, dépeignent non seulement les paysages mais aussi un certain état d’esprit, fait de poésie et de tendresse, où chaque détail devient porteur de sens et d’histoire.

samedi 3 août 2024

Vidette-Messenger (1948)

Une image et des mots. Voici un cliché publié dans le Vidette-Messenger de Valparaiso, Indiana, le 5 août 1948. Ces 4 enfants sont à vendre ; et celui que Lucille Chalifoux porte encore en elle le sera de même. Lucille et son mari Ray Chalifoux, livreur de charbon sans emploi, allaient être expulsés de leur logement.
Les enfants Chalifoux - Lana, Milton, Sue-Ellen, David et Raymond -, ont connu une enfance difficile, même après leur vente, mais ont tous cherché à atteindre une vie meilleure et à comprendre leur passé.

Come away, O human child!
To the waters and the wild
With a faery, hand in hand,
For the world's more full of weeping than you can understand.
William Butler Yeats, The Stolen Child (1889)

JC5
ICI

dimanche 28 juillet 2024

Raymond Daussy - Tour Eiffel (1946)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Raymond Daussy (1918-2009), qui s’est principalement fait connaître dans les années 1940, lorsqu’il s’est engagé dans les activités du groupe Surréalisme-révolutionnaire.
Son parcours, bien que peu documenté, reflète les dilemmes profonds qui traversaient alors les peintres et poètes de son époque, avec toutes les tensions d’une pensée écartelée entre espoir et désillusion : la condition ouvrière, la montée du réalisme-socialiste imposé par le stalinisme, l’ombre du national-socialisme et de la guerre, l’idéal révolutionnaire, et l’aspiration surréaliste à une libération totale de l’esprit.

R.D. - Balade à bicyclette
(1950)

Dans ce contexte, la peinture devenait pour de nombreux artistes un champ de contradictions. La figuration semblait porter une charge politique plus immédiate, tandis que l’abstraction, perçue comme plus éthérée, risquait de se détacher des souffrances du peuple.
Le rêve, moteur essentiel du surréalisme, apparaissait alors brouillé. Comment un peintre comme Raymond Daussy, proche du Parti Communiste Français, pouvait-il concilier son rejet du nazisme avec son engagement envers une solidarité prolétarienne internationale ? Comment articuler la poésie du réel qui le fascinait et une vie quotidienne marquée par l’adversité ?
" L'oeuvre authentique constitue une matière inépuisable ou elle n'est pas.
La représentation doit donc comporter une partie d'elle-même que les possibilités de consommation n'atteignent pas. Passé au filtre de la rêverie active, l'événement reste ce qui, indéfiniment, nous rattache au monde et à nous-mêmes." 
Raymond Daussy s'est éteint a plus de 90 ans et presque totalement oublié. Mais au fond, que vaut réellement la renommée quand on sait, comme le disait Jean Rostand, qu'elle va si copieusement à des pitres...?

IA1

ICI

samedi 27 juillet 2024

Erinn Springer - série Dormant season
Une image et des mots. Un cliché de la photographe américaine Erinn Springer (b.1993).

Grand cerf, que vois-tu hors de la tour des hommes
Pour jeter si haut la tête dans l'air bleu
Cerf chargé de cordes et de fers
Cerf vaincu cerf lié sur la terre d'antan
Roi cerf humilié que vois-tu au dehors ?

Un long chemin de boue d'un horizon à l'autre
Qui vient raser le pied de la tour où nous sommes.

[....]

Et je resterai cerf solitaire dressé sur un ciel morne
Jusqu'à la fin qu'en vain je brame aux quatre vents.
André-Pierre de Mandiargues, La tour (1961)

dimanche 21 juillet 2024

Philip W. Steer - Jonquil (1890)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre anglais Philip Winston Steer (1860-1942), qui occupe une place charnière dans l’histoire de la peinture britannique, notamment comme principal représentant de l’impressionnisme anglais. 
Après des études à Gloucester, puis à Londres et à Paris - où il fréquente l’Académie Julian et l’École des beaux-arts -, il découvre les œuvres de Manet, Monet ou Whistler, qui auront sur lui une influence décisive. Durant les années 1880, il séjourne régulièrement en France et rejoint la colonie artistique d’Étaples, lieu de rencontre cosmopolite où se croisent peintres britanniques, américains et continentaux attirés par la lumière de la côte d’Opale et la vie simple des pêcheurs.

P.W.S. - Beach at Étaples (1887)
Cette expérience joue un rôle important dans sa formation, nourrissant son attention aux effets fugitifs de lumière et aux scènes de plein air. De retour en Angleterre, Steer devient l’un des fondateurs du New English Art Club, structure alternative à la Royal Academy, où il expose des scènes balnéaires et des paysages baignés de lumière, souvent peints dans le Suffolk. S’il s’inspire des impressionnistes français, son style s’imprègne peu à peu d’une certaine retenue toute britannique, influencée par les maîtres anciens comme Gainsborough ou Turner. Peintre du silence et de la nuance, Steer est aussi un professeur respecté à la Slade School of Fine Art, où il marquera plusieurs générations d’artistes.

F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...