In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

dimanche 25 octobre 2020

Euan Uglow

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'anglais Euan Uglow (1932-2000), formé au Camberwell College of Arts puis à la Slade School of Arts, deux établissements universitaires londoniens, et toujours auprès de William Coldstream.
Influencé par les principes de la Renaissance, notamment l'étude des proportions et de la perspective, c'est auprès de ce dernier qu'il acquiert son approche précise et méthodique de la peinture figurative, avec une attention méticuleuse aux proportions, aux couleurs et à la géométrie.

E. Uglow - Daisy (1976)
Grâce à l'emploi d'un instrument de sa propre conception, avec lequel il pouvait mesurer un objet ou un intervalle afin de le comparer à d'autres objets ou intervalles dans son champ de vision, Uglow intégrait dans ses compositions des mesures soigneusement calculées pour obtenir un équilibre et une harmonie presque architecturaux, conférant à ses œuvres une dimension saisissante de profondeur et de sérénité.
Uglow travaillait principalement sur la figure humaine et la nature morte, qu’il représentait avec une grande sensibilité et une sobriété remarquable. Ses modèles posaient souvent de longues heures, lui permettant de prendre des mesures précises et de marquer des points-clés sur la toile, pour capturer fidèlement chaque détail ; les surfaces de ses œuvres montrent souvent des lignes de grille et des marques de mesure, témoignant du processus systématique qu'il avait mis au point. Artiste discret et certainement trop peu connu, il est néanmoins admiré par les critiques et les amateurs d'art pour son style unique qui mêle rigueur technique et esthétique raffinée ; en tant que professeur à la Slade School of Fine Art il a exercé une influence importante sur l'art britannique du 20ᵉ siècle dont il est une figure majeure.

JT1
ICI

dimanche 18 octobre 2020

Beuford Smith - Black lives
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe documentaire américain Beuford Smith (b.1941), connu pour son engagement dans le photojournalisme et son rôle de mentor au sein de la communauté photographique afro-américaine. Originaire de Cincinnati, dans l'Ohio, Smith a étudié les arts visuels et c'est la découverte du Sweet flypaper of life de Langston Hughes et Roy DeCarava, qu'il rencontre en 1965,  qui convainc le jeune autodidacte de se lancer dans la photographie. Il va dès lors développer une carrière centrée sur l'exploration des réalités sociales, des luttes raciales et des expressions culturelles de la communauté noire aux États-Unis.

B.S. - East 12th Street Park, NYC
(1968)





Il est membre fondateur du groupe Kamoinge (un mot de la langue kikuyu (Kenya) qui signifie "ceux qui agissent ensemble"), un collectif new yorkais de photographes afro-américains qui s'est établi à New York en 1963.
Ce groupe visait à offrir aux photographes noirs une plateforme artistique qui leur permette de documenter leur propre histoire avec authenticité, en défiant les stéréotypes et les limites imposées par les médias traditionnels.
En tant que président de Kamoinge dans les années 1990, Smith a contribué à renforcer l'impact du collectif et à inspirer de nouvelles générations d'artistes. Son style photographique se distingue par une approche intime et humaniste, ses clichés capturant souvent des moments du quotidien et des sujets dans leur environnement naturel, et révélant des récits puissants sur la condition humaine et les défis sociaux. I photograph as passionately and humanely as possible.
Beuford Smith reste une figure respectée dans le monde de la photographie, reconnu pour sa contribution à la représentation visuelle de la diaspora africaine et pour avoir encouragé une réflexion critique sur les dynamiques raciales et sociales à travers l'art. Ses œuvres continuent aujourd'hui d’être exposées dans des galeries et des musées, une juste reconnaissance de son rôle dans l’histoire de la photographie contemporaine.

MB1
ICI 

samedi 17 octobre 2020

D. Spoerri - Le déjeuner sous l'herbe (1983-2010)
Une image et des mots. Pour accompagner cette installation du plasticien suisse Daniel Spoerri (voir ICI), quelques lignes de Raymond Carver, extraites de Parlez-moi d'amour.

Il croisa une jambe sur l'autre, ce qui parut lui prendre un temps considérable. Puis il reposa les deux pieds sur le sol, s'appuya en avant, les coudes sur la table, le menton dans le creux des mains.
- Après tout, peut-être que je n'appellerai pas les gosses, dit-il. Peut-être que ce n'était pas une tellement bonne idée. Peut-être qu'il vaut mieux simplement aller manger. Qu'en pensez-vous?
- Ça me va, dis-je. Manger ou ne pas manger. Ou continuer à boire. Je crois que je pourrais piquer une tête dans le soleil couchant.
- Qu'est-ce que cela veut dire mon chéri ? s'étonna Laura.
- Exactement ce que j'ai dit, que je peux me contenter de continuer, cela ne veut rien dire de plus.
- Eh bien moi, je mangerais volontiers quelque chose, répliqua Laura. Je pense ne jamais avoir eu aussi faim de ma vie. Y aurait-il quelque chose à grignoter ?
- Je vais vous donner des biscuits et du fromage, dit Terri.
Mais elle resta assise. Elle ne se leva pas pour prendre quoi que ce soit.
Mel retourna son verre, en renversa le contenu sur la table et remarqua :
- Fini, le gin.
- Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Terri.
Je pouvais entendre mon coeur. Je pouvais entendre battre chaque coeur. Je pouvais entendre le bruit humain que nous faisions, nous tous, assis là, incapables de bouger même lorsque l'obscurité envahit la pièce.
SK1

ICI

JM1 ICI