In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 3 octobre 2020

Diogo Battista - Black Beast (2020)
Une image et des mots. Panique, ils réclament sans savoir un paradis perdu, écrit Georges-Emmanuel Clancier dans Contre-Chants (2000).

Pour accompagner ce cliché du photographe portugais Diogo Battista, et comme pour prolonger le très court poème de G-E Clancier, en voici un autre, ou plutôt un extrait, tiré du recueil de Victor Hugo Les chansons des rues et des bois (1865)


Le cheval luttait ; ses prunelles,
Comme le glaive et l'yatagan,
Brillaient ; il secouait ses ailes
Avec des souffles d'ouragan.

Il voulait retourner au gouffre ;
Il reculait, prodigieux,
Ayant dans ses naseaux le soufre
Et l'âme du monde en ses yeux.

Il hennissait vers l'invisible ;
Il appelait l'ombre au secours ;
À ses appels le ciel terrible
Remuait des tonnerres sourds.
[.....]
Moi, sans quitter la plate-longe,
Sans le lâcher, je lui montrais
Le pré charmant, couleur de songe,
Où le vers rit sous l'antre frais.

Je lui montrais le champ, l'ombrage,
Les gazons par juin attiédis ;
Je lui montrais le pâturage
Que nous appelons paradis.
JS1

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dimanche 27 septembre 2020

V. Gilbert - Élégante sur les quais

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre de genre Victor Gilbert (1847-1933), dont j'apprécie beaucoup la façon de documenter le Paris de la Belle-Époque, ses représentations de la vie quotidienne dans la capitale et ses scènes de marché, dans un style qui associe réalisme et impressionnisme. Issu d'un milieu modeste, il ne peut malgré ses dons remarqués pour le dessin s'inscrire à l'École des Beaux-Arts ; il sera donc d’abord apprenti chez un peintre-décorateur et ne recevra pas d'autre formation académique que des cours du soir par le Père Levasseur à l'École de la Ville de Paris.
V.G. - Marché rue Mouffetard (n.d)

Pratiquement autodidacte il parvient toutefois à se former en cultivant un sens aigu de l'observation et une passion marquée pour les détails ; ses oeuvres, influencées par les impressionnistes, sont empreintes d’une grande sensibilité pour la couleur et la lumière, même s’il reste fidèle à un style figuratif et détaillé.
Victor Gilbert aura donc avec son art délicat immortalisé un pan important de la vie parisienne, les petites gens, les marchands, les enfants et les ménagères, en donnant un éclat subtil à des scènes souvent banales. Ses choix dans les scènes restituées pourraient être, quelques décennies plus tard, ceux d'un photographe de rue ; ainsi ce tableau que j'aime beaucoup d'une élégante sur les quais de Seine ou encore ce jour de marché dans la rue Mouffetard.

CH1
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samedi 26 septembre 2020

Depuis La Perdicie, à Jumilhac-le-Grand, Dordogne (2011)
Une image et des mots. L'image, c'est cette vue sur les vallons de la campagne périgourdine prise il y a quelques minutes depuis La Perdicie.
Les mots sont de Stevenson (bien qu'il les signe W.P. Bannatyne), extraits de son Voyages avec un âne dans les Cévennes.

"We travelled in the print of olden wars; yet all the land was green; and love we found, and peace, where fire and war had been. They pass and smile, the children of the sword - No more the sword they wield; and O, how deep the corn, along the battlefield!"

***

"Nous allions sur les traces des guerres d'autrefois; pourtant la contrée entière était verdoyante, et nous trouvions l'amour et la paix là où il y avait eu le feu et la fureur. Ils passent et ils sourient, les enfants de l'épée qu'ils ne brandissent plus, et oh! Qu'elles sont profondes les racines du blé sur les champs de bataille!"

Ce paysage chaque jour sous mes yeux, il dit ce qu'est la résilience des hommes et des sols meurtris. Il dit aussi le devoir que l'on a de garder vive la mémoire des sacrifices anciens qui ont fait notre monde, et de nous-mêmes ce qu'aujourd'hui nous sommes.

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