In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 16 septembre 2018

Ph. de Mazerolles - Bains publics
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et enlumineur français Philippe de Mazerolles (c.1420-1479), actif à Paris puis à Bruges au service de Charles le Téméraire pour qui il devient peintre de cour en 1467. Formé à Paris, son style s'inspire directement du Maître de Bedford (voir mai 2015), un enlumineur anonyme actif dans la capitale française au début du XVe siècle.

Ph. de M - Le bal des Ardents
Environ soixante manuscrits sont attribués à Philippe de Mazerolles, souvent identifié comme le Maître du Froissart Harley, un manuscrit des Chroniques de Froissart d'où la deuxième illustration est extraite. Elle représente le Bal des Ardents, cette fête destinée à distraire le roi Charles VI - le bien-aimé cinglé -, en janvier 1393 et qui tourna au drame avec l'incendie qui allait coûter la vie à quatre aristocrates de son entourage ; à la suite de quoi le roi déjà débile devint définitivement fou.
La première illustration (ci-dessus), conservée à la Bibliothèque de Berlin, donne à voir des bains publics. Une douzaine de baigneurs dans des cuveaux de bois, mixtes, qui collationnent en lutinant.
Le travail de Philippe de Mazerolles illustre l'évolution de l'enluminure française vers les styles flamands, reflétant les échanges culturels entre la France et les Pays-Bas bourguignons au XVe siècle.
SC1

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dimanche 9 septembre 2018

Michal Cala - Untitled
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe polonais Michal Cala (b.1948). Diplômé de l'Université de Technologie de Varsovie, il travaille comme ingénieur en Silésie de 1974 à 1983 et c'est ainsi qu'il commence à en photographier les paysages. Désormais installé à Tychy, une des trois villes nouvelles majeures nées de l'industrialisation massive de la Pologne dans les années 50, il continuera à documenter jusqu'en 1992 cette Silésie ouvrière, avec ses aciéries, ses mines, ses barres d'immeubles, ses décharges, et ceux qui y vivent. Cała s’attache à montrer l’empreinte du travail et de l’industrie sur le territoire et sur les hommes, mais avec un regard qui mêle rigueur documentaire et sensibilité esthétique.; et son travail a pu être élogieusement comparé à celui de Robert Frank au Pays de Galles.
M.C. - Chorzów, Poland (1979)

À Tychy, il va cofonder l'association Kron, un collectif de jeunes photographes inspirés par le cinéma britannique des années 60 ; se surnommant eux-mêmes "jeunes en colère", leur propos sera de porter témoignage, avant leur démolition, des cités ouvrières et de la transformation des paysages par l'architecture industrielle de Haute-Silésie.
Les images de Michal Cala, exposées en Pologne et dans le monde, constituent aujourd’hui une archive précieuse d’un monde révolu, celui de la Pologne ouvrière avant la chute du communisme.
PG6

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dimanche 2 septembre 2018

Giuseppe Pellizza - Le soleil (1904)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'italien Giuseppe Pellizza da Volpedo (1868-1907).
Né à Volpedo, dans le Piémont, il reçoit une formation académique rigoureuse à Brera (Milan), puis à Rome, Florence et Bergame, avant de revenir s’installer dans son village natal. Très tôt, il s’intéresse aux recherches sur la lumière et adopte la technique divisionniste (proche du pointillisme français)– comme l’illustre le tableau ci-contre, ou encore Le Panier au soleil (1894), que j’aime tout particulièrement.

G.P. - Le Quart-État (1901)
Peu à peu, son regard se tourne vers les questions sociales, et c’est ainsi qu’il conçoit son œuvre la plus célèbre : la monumentale marche d’ouvriers en grève intitulée Il Quarto Stato (Le Quatrième État, aussi appelée Les Ambassadeurs de la faim). Devenue une icône du mouvement ouvrier, cette toile incarne son double engagement esthétique et politique.
Salué par ses contemporains mais longtemps réduit à cette image emblématique, Pellizza apparaît aujourd’hui comme un artiste clé de la transition entre le naturalisme du XIXᵉ siècle et les avant-gardes sociales et esthétiques du XXᵉ.
Au moment de conclure cette chronique je pense à un autre tableau de Pellizza dont j'aime beaucoup l'atmosphère et la composition, et qui est antérieur à ceux-ci. C'est Le miroir de la vie, une procession de brebis sur un chemin qui traverse une prairie inondée.. Son sous-titre - ".. et ce que fait la première, les autres le font" -,  est une phrase tirée du Purgatoire de Dante qui évoque les âmes en marche vers le Paradis. Peut-être fera-t-il un jour l’objet d’une autre chronique.

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