In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 9 septembre 2018

Michal Cala - Untitled
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe polonais Michal Cala (b.1948). Diplômé de l'Université de Technologie de Varsovie, il travaille comme ingénieur en Silésie de 1974 à 1983 et c'est ainsi qu'il commence à en photographier les paysages. Désormais installé à Tychy, une des trois villes nouvelles majeures nées de l'industrialisation massive de la Pologne dans les années 50, il continuera à documenter jusqu'en 1992 cette Silésie ouvrière, avec ses aciéries, ses mines, ses barres d'immeubles, ses décharges, et ceux qui y vivent. Cała s’attache à montrer l’empreinte du travail et de l’industrie sur le territoire et sur les hommes, mais avec un regard qui mêle rigueur documentaire et sensibilité esthétique.; et son travail a pu être élogieusement comparé à celui de Robert Frank au Pays de Galles.
M.C. - Chorzów, Poland (1979)

À Tychy, il va cofonder l'association Kron, un collectif de jeunes photographes inspirés par le cinéma britannique des années 60 ; se surnommant eux-mêmes "jeunes en colère", leur propos sera de porter témoignage, avant leur démolition, des cités ouvrières et de la transformation des paysages par l'architecture industrielle de Haute-Silésie.
Les images de Michal Cala, exposées en Pologne et dans le monde, constituent aujourd’hui une archive précieuse d’un monde révolu, celui de la Pologne ouvrière avant la chute du communisme.
PG6

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dimanche 2 septembre 2018

Giuseppe Pellizza - Le soleil (1904)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'italien Giuseppe Pellizza da Volpedo (1868-1907).
Né à Volpedo, dans le Piémont, il reçoit une formation académique rigoureuse à Brera (Milan), puis à Rome, Florence et Bergame, avant de revenir s’installer dans son village natal. Très tôt, il s’intéresse aux recherches sur la lumière et adopte la technique divisionniste (proche du pointillisme français)– comme l’illustre le tableau ci-contre, ou encore Le Panier au soleil (1894), que j’aime tout particulièrement.

G.P. - Le Quart-État (1901)
Peu à peu, son regard se tourne vers les questions sociales, et c’est ainsi qu’il conçoit son œuvre la plus célèbre : la monumentale marche d’ouvriers en grève intitulée Il Quarto Stato (Le Quatrième État, aussi appelée Les Ambassadeurs de la faim). Devenue une icône du mouvement ouvrier, cette toile incarne son double engagement esthétique et politique.
Salué par ses contemporains mais longtemps réduit à cette image emblématique, Pellizza apparaît aujourd’hui comme un artiste clé de la transition entre le naturalisme du XIXᵉ siècle et les avant-gardes sociales et esthétiques du XXᵉ.
Au moment de conclure cette chronique je pense à un autre tableau de Pellizza dont j'aime beaucoup l'atmosphère et la composition, et qui est antérieur à ceux-ci. C'est Le miroir de la vie, une procession de brebis sur un chemin qui traverse une prairie inondée.. Son sous-titre - ".. et ce que fait la première, les autres le font" -,  est une phrase tirée du Purgatoire de Dante qui évoque les âmes en marche vers le Paradis. Peut-être fera-t-il un jour l’objet d’une autre chronique.

EB2
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samedi 1 septembre 2018

La Dame de Brassempouy
Une image et des mots.
"[…] Mais, comme même le plus récent de ces êtres, l’homme de Néandertal, s’est éteint il y a presque trente-cinq mille ans – à peu près trente mille ans avant l’invention de l’écriture par les Sumériens, au IVe millénaire av. J.-C. –, nous ignorons tout des langues et même des capacités de langage de ces hominidés du passé".
Merritt Ruhlen, L’origine des langues, 1994.

L’image, c’est celle de la Dame de Brassempouy, la plus ancienne représentation connue de la figure humaine, sculptée il y a 28.000 ans – à l’époque où les mammouths étaient à la mode –, dans de l’ivoire de pachyderme.
Si, comme le disait Platon, c’est la connaissance des mots qui nous conduit à la connaissance des choses, à quel vocabulaire imprononçable avait-on recours alors pour désigner le visible et l’invisible ?
Et si aujourd’hui tant de choses encore nous sont inexprimables, cette jeune femme si lointaine aux allures de princesse bantou, avec quels mots étranges a-t-elle parlé d’amour ?
FS5

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dimanche 26 août 2018

Ernst Haas - Last D.P. boat (1950)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe austro-américain Ernst Haas (1921-1986), déjà présenté ici en octobre 2011. Né à Vienne et formé d’abord à la peinture, Haas rejoint Magnum après la guerre grâce à Robert Capa, et s’installe à New York en 1950. S’il est célèbre pour ses explorations de la couleur, de la lumière et du mouvement à partir des années 1950, il a également réalisé de nombreux reportages documentaires dans l’immédiat après-guerre, abordant des sujets sociaux et humains avec la même exigence visuelle.

E.H. - White Sands, New Mexico
(1952)
La première photographie, qui donne à voir le dernier D.P. boat (Displaced Persons boat) à son arrivée à Ellis Island en 1950, en est une illustration.
En vertu de la loi sur les personnes déplacées (le Displaced Persons Act de 1948) signée par le Président Truman pour permettre après la guerre leur accueil aux États-Unis, des milliers de réfugiés européens, Polonais, Lituaniens, Tchèques..., pour beaucoup des Ostarbeiter - des travailleurs d'Europe de l'Est qui avaient été employés dans les usines et les fermes allemandes -, ou des survivants des camps de concentration, ont ainsi embarqué pour un Nouveau Monde : the modern composite nation, form’d from all, with room for all, écrivait Walt Whitman. Des mots pour souligner que l’accueil des réfugiés et la construction d’une société ouverte et diverse sont au cœur d'une société fraternelle...

W.S. - I do not understand (2017) Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre belge Walter Swennen (1946-2025). Formé à Bruxelles e...