In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 4 mars 2018

H.de Landsberg- L'échelle des vertus
Le vide-grenier du dimanche. À quelques jours de la Journée internationale des droits des femmes, deux illustrations dues à Herrade de Landsberg (1130-1195), abbesse de l’abbaye de Hohenbourg, dans les Vosges. Poétesse et enlumineuse, elle est l’auteure du Hortus Deliciarum (Jardin des Délices), vaste encyclopédie manuscrite – la première entreprise par une femme en Occident -, d'où ces images sont extraites.
Moïse et la traversée de la Mer rouge

Commencé en 1159, alors qu’elle était encore simple sœur sous l’abbatiat de Relinde - qui l'initia à la culture des lettres et des beaux-arts - Herrade poursuivit son ouvrage après être devenue abbesse vers 1167, pour l’achever peu avant sa mort.
Conçu comme un guide spirituel et intellectuel destiné aux moniales, il rassemblait textes, poèmes, cantiques et plus de 300 images, associant représentations bibliques, allégories morales et diagrammes savants : un véritable compendium du savoir théologique, philosophique et scientifique du XIIᵉ siècle.
Si l’original fut détruit dans l’incendie de la bibliothèque de Strasbourg en 1870, une partie importante a été préservée grâce aux copies du XIXᵉ siècle. Par la liberté de son esprit, son sens de l’organisation du savoir et la force de ses images, Herrade de Landsberg incarne la place décisive que pouvaient occuper certaines abbesses dans la vie intellectuelle et artistique du Moyen Âge.

AP3
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samedi 3 mars 2018

Tish Murtha - Elswick kids (1978)
Une image et des mots. La photo est de la photographe anglaise Tish Murtha (1956-2013). Les mots sont de Patti Smith, extraits de "The long road" qui figure dans le recueil Présages d'innocence, publié en édition bilingue chez Christian Bourgois (mais je me suis autorisé à retoucher un peu la traduction).

We tramped in our black coats,
sweeping time, sweeping time,
sleeping in abandoned chimneys,
emerging to face the rain.
[.....]
We broke our mother's heart and became ourselves.
We proceeded to breathe and therefore to leave,
drunken, astonished, each of us a god.
[.....]
We saw the eyes of Ravel, ringed in blue, and blinking twice.
We sang arias of our own, bummers chanting dead blues
of hallowed ground and mortal shoes,
of forgotten infantries and distances never dreamed,
yet only as far as a human hill, turned for wooden soldiers
stationed in the folds of blankets, only as far as a sibling's hand,
as far as sleep, a father's command.

***

Nous traînions dans nos manteaux noirs,
balayant le temps, balayant le temps,
dormant dans des âtres abandonnés,
les quittant pour affronter la pluie.
[.....]
Nous brisâmes le coeur de nos mères et devînmes nous-mêmes.
Nous nous mîmes à respirer et prîmes le départ,
ivres, étonnés, chacun de nous un dieu.
[.....]
Nous vîmes les yeux de Ravel, cernés de bleu, clignant deux fois.
Entonnâmes des airs de notre cru, paumés psalmodiant de vieux blues
parlant de terre sacrée et de chaussures mortelles,
d'infanteries oubliées et de distances jamais rêvées,
pas plus loin pourtant qu'une colline humaine, retournâmes pour des soldats de bois
stationnés dans les plis de couvertures, pas plus loin qu'une main fraternelle,
pas plus loin que le sommeil, l'ordre d'un père.

DB1
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dimanche 25 février 2018

Goya
Capricho 7, Asi no la distingue
(1799)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et graveur espagnol  Francisco Goya (1746-1828), jalon essentiel de la peinture européenne. Né à Fuendetodos, en Aragon, il se forme d’abord à Saragosse, puis à Madrid auprès de José Luzán et voyage en Italie, où il découvre l’art classique et la peinture vénitienne. De retour en Espagne, il devient rapidement portraitiste officiel et travaille pour la cour de Charles IV, mais son œuvre dépasse le simple portrait : il mêle observation sociale, critique politique et exploration psychologique. Peintre et graveur, Goya a exploré toutes les facettes de la vie espagnole de son temps, la fête, la misère, le pouvoir et la cruauté : son oeuvre passe de scènes lumineuses et festives à des visions sombres, presque hallucinatoires. Les Caprices et les Désastres de la guerre témoignent de sa lucidité face aux excès et aux tragédies de son époque, tandis que ses tableaux tardifs, comme les Peintures noires, révèlent un monde intérieur profondément tourmenté et introspectif.
Goya
Capricho 14, Qué sacrificio
(1799)

Ces deux gravures font partie de sa série des Caprichos, satire de la société espagnole de son temps, cupide, violente et corrompue.
La plus connue de ces 80 "fantaisies" est peut-être la n°43, qui nous avertit que le sommeil de la raison produit des monstres, mais j'ai choisi aujourd'hui la n°7 et la n°14.
"Ainsi il ne la voit pas", dit la première, où un homme lorgne avec son monocle dans le décolleté d'une jeune femme qui minaude... C'est une prostituée, il est vêtu "à la française"; entre eux l'on peut voir un visage.
Le Caprice n°14, lui, nous donne à voir un couple de bourgeois qui offre sa fille à un homme bien plus âgé qu'elle, difforme et disgracieux ; mais il est riche...., les parents sont heureux, la jeune fille est malheureuse, la duègne sanglote.
HN2
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Alessandro Allori - Charybde et Scylla (1575) Une image et des mots. Cette représentation du voyage d'Ulysse, quand six de ses compagno...