In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 7 mai 2016

Charles-Amable Lenoir - Rêverie (1893)
Une image et des mots. L'image, c'est "Rêverie" (1893), un tableau de l'académique Charles-Amable Lenoir, élève de Bouguereau. Cette oeuvre fait partie d'une collection particulière.
Pour aller avec, j'ai choisi le Sonnet XVII de Neruda.

No te amo como si fueras rosa de sal, topacio
o flecha de claveles que propagan el fuego:
te amo como se aman ciertas cosas oscuras,
secretamente, entre la sombra y el alma.

Te amo como la planta que no florece y lleva
dentro de sí, escondida, la luz de aquellas flores,
y gracias a tu amor vive oscuro en mi cuerpo
el apretado aroma que ascendió de la tierra
.

Te amo sin saber cómo, ni cuándo, ni de dónde,
te amo directamente sin problemas ni orgullo:
así te amo porque no sé amar de otra manera,

sino así de este modo en que no soy ni eres,
tan cerca que tu mano sobre mi pecho es mía,
tan cerca que se cierran tus ojos con mi sueño
.

***

Je ne t'aime pas comme rose de sel, ni topaze,
ni comme flèche d'oeillets propageant le feu:
je t'aime comme on aime certaines choses obscures,
secrètement, entre l'ombre et l'âme.

Je t'aime comme la plante qui ne fleurit pas
et porte en soi, cachée, la lumière de ces fleurs,
et grâce à ton amour dans mon corps vit l'arôme
obscur et concentré montant de la terre.

Je t'aime sans savoir comment, ni quand, ni d'où,
je t'aime directement sans problèmes ni orgueil:
je t'aime ainsi car je ne sais aimer autrement.

Si ce n'est de cette façon sans être ni toi ni moi,
si près que ta main sur ma poitrine est la mienne,
si près que tes yeux se ferment sur mon rêve.

BK1
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dimanche 1 mai 2016

H.G. - Le coltineur (1882)
Le vide-grenier du dimanche. "Aller au charbon"..., c'est peut-être parce que le charbon a été le principal carburant de la révolution industrielle qu'est née cette expression.
En ce jour de Fête du Travail, voici en tous cas deux belles évocations du labeur ouvrier. 
C.M. - Les déchargeurs de charbon
(1875)

Le premier tableau est du peintre et pastelliste Henri Gervex (1852–1929) - ami de Maupassant et de Zola -, rattaché à la génération naturaliste de la fin du XIXe siècle ; il est visible au Musée de Lille. Le second est de Monet (1840–1926), l’une des figures centrales de l’impressionnisme ; il est conservé au Musée d'Orsay.
C'est la révolution industrielle. Sur ces deux tableaux le bleu du ciel a disparu dans les fumées d'usines; ils nous donnent à voir un monde gris et sale en marche vers la modernité.
JL1
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dimanche 24 avril 2016

A. Brodowicz
À la recherche de Kafka, Prague
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe polonaise Alicja Brodowicz. Diplômée de l'Institut de Photographie Créative d'Opava en République tchèque, elle a également étudié la littérature anglaise à l'Université d'Utrecht aux Pays-Bas et est traductrice de profession. Inspirée par des photographes comme Sally Mann, Anders Petersen et Josef Koudelka, elle travaille principalement dans le documentaire subjectif et la photographie artistique.
Alicja Brodowicz - Sans titre

Alicja Brodowicz s’est fait connaître pour son exploration de la relation entre le corps humain et la nature. Sa série la plus célèbre, Visual Exercises, rassemble des diptyques où des parties du corps humain sont mises en parallèle avec des éléments naturels – feuilles, branches, textures organiques – soulignant les similitudes et l’interconnexion entre microcosme humain et macrocosme naturel..
En général, je ne suis pas très sensible à la photographie artistique ou conceptuelle, et je ne me retrouve pas vraiment dans cette démarche très personnelle d'Alicja Brodowicz. En revanche, les deux clichés que voici me plaisent beaucoup ; et ce n’est pas seulement parce que le premier fait partie d'une série inspirée par un auteur qui m’est cher...
SS1

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samedi 23 avril 2016

A. Dürer - Mains en prière (1508)

Une image et des mots. Ce dessin d'Albrecht  Dürer est conservé à l'Albertina Museum de Vienne, en Autriche.
Pour l'accompagner, voici quelques lignes du philosophe roumain Émile Cioran ; elles sont extraites de Disparaître en Dieu, un des chapitres de son magistral Précis de décomposition (1949)

Quel plus grand renoncement que la foi ? Il est vrai que sans elle on s'engage dans une infinité d'impasses. 
Mais tout en sachant que rien ne peut mener à rien, que l'univers n'est qu'un sous-produit de notre tristesse, pourquoi sacrifierions-nous ce plaisir de trébucher et de nous écraser la tête contre la terre et le ciel ?
Les solutions que nous propose notre lâcheté ancestrale sont les pires désertions à notre devoir de décence intellectuelle. Se tromper, vivre et mourir dupe, c'est bien ce que font les hommes. Mais il existe une dignité qui nous préserve de disparaître en Dieu et qui transforme tous nos instants en prières que nous ne ferons jamais.

F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...