In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 21 février 2016

Ron Hicks - A stolen kiss (2014)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Ron Hicks, peintre figuratif dont la démarche oscille entre réalisme et abstraction. peintre figuratif dont la démarche oscille entre réalisme et abstraction. Encouragé dès l’enfance par sa mère artiste, il étudie au Columbus College of Art and Design puis au Colorado Art Institute. Après un passage par l’illustration, il revient à sa véritable passion : la peinture.
R.H. - Love on the road (2014)

Hicks privilégie les intérieurs, les scènes de salon ou de café, mais surtout les visages et les postures, qu’il peint avec une grande sensibilité : J'aime idéaliser la vie. J'aime l'interaction des gens qui font des "choses" - quoi que ce soit. Ce peut être quelque chose de très banal, alors que c'est d'une grande beauté.
Les visages et les postures.... D'où vient que dans ce tableau - "A stolen kiss" - on "sait" que l'on assiste au moment qui précède le baiser et non à celui qui le suit ? Quelque chose dans l'attitude des corps, comme une tension, l'expression des visages, en particulier celui de la jeune fille alors que pourtant il est dans l'ombre, nous disent que l'on est dans cet instant suspendu...
Les influences de Ron Hicks sont vastes, elles vont de Velázquez à Whistler ; mais il s’en affranchit avec une démarche profondément singulière. « Mieux vaut se tromper à sa façon que d’avoir raison à la façon d’un autre. », disait Dostoïevski. Hicks va droit son propre chemin.
OA1

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samedi 20 février 2016

Marta Syrko - Untitled (2011)

Une image et des mots. C'est le hasard, qui m'a fait tomber un jour sur un portfolio de la photographe ukrainienne Marta Syrko.
La photo d'art n'est pas mon genre de prédilection et de ma découverte je n'ai retenu que ce cliché, qui s'affranchit de la catégorie et que j'aime beaucoup.

Le lendemain je descendis de bonne heure dans la salle à manger. Je vis, en regardant par la fenêtre, qu'il avait neigé ; la lande se perdait dans le petit matin. Il n'y avait personne d'autre. Ulrica m'invita à m'assoir à sa table. Elle me dit qu'elle aimait se promener seule.
Je me souvins d'une plaisanterie de Schopenhauer et je lui répondis :
- Moi aussi. Nous pouvons donc sortir ensemble.
Jorge Luis Borges, Le livre de sable.

SH1
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dimanche 14 février 2016

William Hogarth - Beer Street (1751)

Le vide-grenier du dimanche. Deux gravures du peintre de William Hogarth (1697-1764) peintre, graveur et satiriste anglais, considéré comme l’un des fondateurs de l’art narratif moderne.
Fils d’un instituteur ruiné, il s’impose à Londres dans les années 1730 avec ses séries moralisatrices (A Harlot’s Progress, A Rake’s Progress, Marriage à-la-mode), de véritables “romans visuels” qui dénonçaient corruption, hypocrisie, inégalités. Son humour acide et son sens du détail ont ouvert la voie à la caricature moderne et au réalisme social.
Voici deux gravures emblématiques, visibles au Victoria and Albert Museum.
 
W.H. - Gin Lane (1751)
La première illustre les bienfaits de la bonne bière anglaise, l’autre les ravages du gin - famine, folie, infanticide, suicide. Hogarth y manifeste son soutien au Gin Act de 1751, destiné à endiguer un fléau social majeur, considéré alors comme la première cause de la criminalité à Londres. Importé pour la première fois des Pays Bas à la fin du 17ème siècle, le gin, abondant et bon marché, concurrença rapidement la bière anglaise  ; au plus fort du Gin Craze (vers 1730), chaque Londonien consommait en moyenne plus d’un litre par semaine.
Alors que la philosophie enseigne comment l'homme prétend penser, écrivait René Daumal dans La grande beuverie, la beuverie montre comment il pense.

dimanche 7 février 2016

John Bulmer - Manchester (1977)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de John Bulmer (b.1938), déjà présenté en octobre dernier, et dont j'avais évoqué le rôle de précurseur dans le domaine de la photo documentaire couleur.
Il débute dans ce domaine dès 1962 au Sunday Times, avec une approche audacieuse, privilégiant les saisons hivernales et les temps humides, quand la pellicule couleur était particulièrement difficile à maîtriser.« Je voulais montrer ce que je voyais vraiment, pas une version idéalisée ou tragique. »

J.B. - Manchester (1976)
Ce regard singulier se retrouve dans plusieurs de ses séries emblématiques : Manchester (dont sont issus les deux clichés présentés ici), North UK, ou encore A Very English Village…. Autant de reportages où il prouve qu’il est possible d’extraire de la grisaille une forme de beauté, sobre et sincère. Une œuvre d’art, nous dit Kant, n’est pas (nécessairement) la représentation d’une chose belle, mais la belle représentation d’une chose.
Pour une vue d'ensemble sur le travail de John Bulmer, c'est ICI.

samedi 6 février 2016

Ménologe de Basile II
Une image et des mots. On connaît la formule de Simonide : « La peinture est une poésie muette ». Mais ce n’est pas pour autant que toutes les oeuvres peintes exsudent le silence au point de le rendre presque tangible, comme chez Hopper ou chez Vermeer.
Ce n’est pas le cas par exemple (ni sans doute l'intention) de cette image issue du Ménologe de Basile II - un célébrissime synaxaire byzantin du Xe siècle conservé au Vatican - qui représente Saint Jean le Silenciaire, et où il nous semble entendre autour de celui qui a fait vœu de se taire tous les bruits de la nature et la clameur des éléments.
Les mots qui suivent et que j'ai choisis pour accompagner cette image sont de Maurice Maeterlinck, extraits du "Trésor des humbles" (1896). « Il est des individus qui n’ont pas de silence, et qui tuent le silence autour d’eux, et ce sont les seuls êtres qui passent vraiment inaperçus » car « nous ne pouvons nous faire une idée exacte de celui qui ne s’est jamais tu.
On dirait que son âme n’a pas eu de visage ». Et Thoreau quant à lui écrivait dans son journal, en janvier 1841 : "Je suppose que nous n'avons pas besoin d'inspiration pour parler, mais juste pour rester silencieux".

RP1 ICI