In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 3 janvier 2015

Brian Day
Une image et des mots. La photo est de l'américain Brian Day.
Les mots sont extrait du livre Les marcheurs (1998), de Franz Bartelt.:

"Je suis d'un pays construit par le silence. Et qui assemble, vallée contre vallée, d'autres pays vieux et lointains.
Ma jeunesse s'est brûlée dans la plaine. Je n'ai que des souvenirs de plein été. Je m'en irais bien, certains jours, vers ce temps sans noblesse, qui va. Je m'en irais bien, certains jours, au-devant des fatigues de la liberté, vers ces matins de brumes harnachées de soleils, vers ces rivages verts que le vent pousse dans la mer, vers ces villes de brique rousse et de froid, posées sur des paysages plus lumineux que le ciel.

Certains jours, je m'en irais bien pour m'en aller
."
RC2
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dimanche 28 décembre 2014

Thomas Nast - Santa Claus
Le vide-grenier du dimanche. Deux dessins de Thomas Nast (1840–1902), figure fondatrice de la caricature politique américaine. Né en Allemagne et arrivé très jeune aux États-Unis, Nast n’a jamais cessé d’aiguiser son trait contre les abus de pouvoir, la corruption, et les hypocrisies de son temps. Ses dessins, publiés dans Harper’s Weekly, ont parfois eu plus d’effet que les éditoriaux les plus virulents : on lui attribue la chute de “Boss” Tweed et de la machine politique de Tammany Hall ; Tweed lui-même aurait supplié qu’on le protège non pas de la presse, mais “de ces maudits dessins que les électeurs comprennent”.

Th. Nast - May the best man win (1864)
Caricaturiste redoutable, mais aussi inventeur d’icônes durables, Nast a donné à l’éléphant républicain sa silhouette définitive, fixé l’âne démocrate dans l’imaginaire politique, popularisé le Père Noël rond et jovial que nous connaissons, et ancré l’Oncle Sam dans ses traits définitifs. Une œuvre où la satire devient un langage politique à part entière : clair, mordant, et parfois plus puissant qu’un discours.

PT4
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samedi 27 décembre 2014

(A/U)
Une image et des mots. Cette "belle" photographie d'un champ de bataille appartenait à André Jacquelin (1892-1975), médecin durant la Grande Guerre; l'auteur, le lieu et la date (me) sont inconnus.
Pour accompagner ce cliché, j'ai choisi sans surprise le poème "Campo arrasado por la guerra", de Manuel Altolaguirre qui figure dans le Romancero de la résistance espagnole, une anthologie réunie pour Maspero par Dario Puccini.

¿Dónde están los recuerdos si has quedado
como un desierto olvido, tú que eras
vergel o bosque, campo de batalla?
Si hay ojos que te vieron, que guardaron
la imagen de tu muerte, tu ruina,
derramen su memoria en tus arenas:
sangre, metal y fuego confundidos.
Escenario de muerte condenado
a no gozar futuras primaveras
al menos reproduce la agonía
de tanta juventud sacrificada.
Infantes y jinetes corredores
como nubes de sangre mal heridas,
entre el cielo y la tierra se dividen
para que brille el sol de la victoria.
Y ya no están. La luz que defendieron
apenas si ilumina los recoldos
de un temporal, eterno, destruido.
Muerte, olvido de muerte, sin un árbol,
desierta la llanura, claro el cielo,
el sol sin hijos luce como el llanto
y el pecho de la tierra no respira.
Memoria: labra en aire las figuras
de los enardecidos combatientes
y las antiguas frondas sean rivales
de este recuerdo en tan desierto olvido.


***

(trad. Claude Couffon)

Où sont les souvenirs si tu es demeuré
pareil à un désert d'oubli, toi qui étais
verger ou bois, champ de bataille?
S'il existe des yeux qui t'ont vu, qui gardèrent
l'image de ta mort, l'image de ta ruine,
qu'ils versent leur souvenir sur ton sable:
sang, métal et feu confondus.
Théâtre aux décors de mort condamné
à ne plus goûter de printemps futurs,
reproduit au moins l'agonie
de cette nombreuse jeunesse sacrifiée.
Des fantassins, des cavaliers en pleine course
et pareils à des nuages de sang mal blessés,
entre la terre et le ciel se partagent
afin que brille le soleil de la victoire.
Ils n'y sont plus. Cette clarté qu'ils défendirent
n'éclaire plus qu'à grande peine les tisons
d'un temps d'orage, éternel, consumé.
Mort, oubli de mort, et pas un seul arbre,
la plaine est déserte et le ciel est pur,
le soleil sans fils a l'éclat des larmes,
et la poitrine de la terre ne bat plus.
Mémoire: sculpte dans l'air les silhouettes
de ceux qui furent de farouches combattants
et que les anciennes ramures soient rivales
de ce souvenir dans un tel désert d'oubli.

C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932) Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets, voici q...