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Saul Leiter - Smoking (1934) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Saul Leiter (1923-2013), qui vient de s'éteindre. Issu d'une famille de Pittsburgh troublée par des tensions avec son père, un rabbin opposé à sa vocation artistique, Saul Leiter développe très tôt un appétit pour l’art qu’il découvre dans les livres de la bibliothèque ; il est fasciné par des artistes comme Picasso, Bonnard ou encore par les estampes japonaises et l’expressionnisme allemand, et il commence par peindre avant de s’intéresser à la photographie qu'il découvre grâce au peintre expressionniste abstrait Richard Pousette-Dart.
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S. Leiter - Snow (1960) |
Installé à New York en 1946, Leiter se consacre à la fois à la peinture et à la photographie, mais c’est la photo de mode qui pendant près de 40 ans lui permet de gagner sa vie. Il collabore avec des magazines prestigieux comme
Harper’s Bazaar,
Life, ou
British Vogue, tout en explorant une approche artistique personnelle. Son regard singulier s’exprime notamment par l’utilisation de flous, souvent obtenus en jouant avec la buée ou des mises au point particulières, ce qui donne à ses images une grande qualité poétique. Ses compositions, influencées par sa pratique picturale, se démarquent par leur maîtrise de la couleur et des détails du quotidien, où l’ordinaire devient sublime. Bien que ses photographies aient été incluses dès 1953 dans des expositions au MoMA, notamment sous l’impulsion d’Edward Steichen qui l'avait sollicité pour sa monumentale exposition itinérante
The Family of man, Leiter ne cherchait pas activement la reconnaissance, et ce n’est qu’à partir de 2006, avec la publication de son livre Early Color, qu’il reçoit enfin l’attention qu’il mérite. Aujourd’hui, ses œuvres figurent dans les collections des plus grands musées, comme le
Whitney Museum of American Art à New York ou le
Victoria and Albert Museum à Londres.