In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 8 décembre 2013

V. de Saedeleer - Paysage de neige (nd)

Le vide-grenier du dimanche. Deux lithographies du belge Valerius de Saeldeleer (1867-1941), figure importante du renouveau paysagiste en Flandre au tournant du XXe siècle. Aux côtés de George Minne et des frères Van de Woestijne, il est l’un des représentants les plus marquants de ce que l’on a appelé l'École de Laethem, un mouvement à la fois ancré dans la tradition et tourné vers une forme de mysticisme rural.

V. de S. - Ferme dans la neige (1907)






Proche des milieux symbolistes et profondément influencé par les primitifs flamands, Saedeleer développe un style très personnel, fait de lignes épurées, de compositions sereines et d’une attention presque spirituelle à la nature. Il peint inlassablement les mêmes paysages austères et paisibles, déclinés en variations pleines de silence et de recueillement. Ses scènes rurales - collines douces, arbres isolés, lumières feutrées -, dégagent une impression de paix intérieure, où l’homme, lorsqu’il apparaît, semble en parfaite harmonie avec son environnement. Plus que de simples représentations de la campagne, ses œuvres offrent une vision contemplative du monde, comme un refuge face aux bouleversements de la modernité. On peut y déceler l'influence qu'a pu avoir sur son art, après une première période plutôt marquée par les Impressionnistes, sa fascination pour des oeuvres comme Les chasseurs dans la neige de Brueghel l'Ancien.

ZU1
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samedi 7 décembre 2013

Brassaï - L'horloger de la rue Dauphine (1930)
Une image et des mots. À propos de ce qu'est le temps, Saint Augustin disait à peu près que si personne ne l'interrogeait il le savait, mais que si on le lui demandait, alors il l'ignorait...
Pour illustrer cette photo de Brassaï, L'horloger de la rue Dauphine (1930), voici un poème de Borgès, dont je proposerai ensuite une traduction :

Somos el río (Los Conjurados, 1985)

Somos el tiempo. Somos la famosa
parábola de Heráclito el Oscuro.
Somos el agua, no el diamante duro,
la que se pierde, no la que reposa.
Somos el río y somos aquel Griego
que se mira en el río. Su reflejo
cambia en el agua del cambiante espejo,
en el cristal que cambia como el fuego.
Somos el vano río prefijado,
rumbo a su mar. La sombra lo ha cercado.
Todo nos dijo adiós, todo se aleja.
La memoria no acuña su moneda.
Y sin embargo hay algo que se queda
y sin embargo hay algo que se queja
.

***

Nous sommes le fleuve (Les Conjurés, 1985)

Nous sommes le temps. Nous sommes la fameuse
parabole d'Héraclite l'Obscur.
Nous sommes l'eau, pas le diamant inaltérable,
celle qui se perd, pas celle qui dort.
Nous sommes le fleuve et nous sommes ce Grec
qui se mire dans le fleuve. Son reflet
change dans l'eau du miroir changeant,
dans le cristal qui change comme le feu.
Nous sommes le vain fleuve inévitable
orienté vers sa mer. L'ombre l'a enveloppé.
Tout nous dit adieu, tout s'éloigne.
La mémoire ne bat pas monnaie.
Et pourtant il y a quelque chose qui reste
et pourtant il y a quelque chose qui se plaint.
CF1

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dimanche 1 décembre 2013

William Orpen - Night (1907)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du portraitiste irlandais Sir William Montague Orpen (1878-1931). Le premier tableau est aussi connu sous le titre Le peintre et sa femme.
Formé à la Slade School of Fine Arts de Londres, il devient un grand portraitiste recherché par les élites britanniques et américaines.
W. Orpen - Miss Sinclair (n.d.)

Puis, quand survient la Première Guerre mondiale, il s'enrôle dans le Service Corp et est envoyé en France comme peintre de guerre officiel.
À ce titre, il sera avec son compatriote John Lavery un des grands documentaristes de cette tragédie. Il en rapporte des toiles saisissantes : portraits de soldats, scènes de tranchées, visages fatigués et regards perdus... 
Son travail témoigne alors d’une sensibilité nouvelle, plus grave, marquée par la violence du conflit.
Le critique d'art irlandais Bruce Arnold dira de lui : I have never had any hesitation in describing William Orpen as the greatest of all war artists, out rivalling earlier centuries Francisco Goya, Jacques Callot and the many masters of the Italian Renaissance who depicted the regular states in warfare of their times.
Mais plutôt que de mettre en avant cette part de son œuvre - aussi puissante soit-elle, elle est bien éloignée de mon univers de prédilection -, ce sont ces deux toiles plus intimes que je choisis de présenter, pour leur mystère, leur modernité, et leur charme discret.
LB2

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