In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 23 octobre 2011

A. Gursky - Mayday V (2006)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'allemand Andreas Gursky (b.1955), formé à l'académie des Beaux-Arts de Düsseldorf, où il enseigne aujourd'hui, par les photographes conceptuels Bernd et Hilla Becher.
Gursky, dont les photographies sont parmi les plus chères au monde,  est connu pour ses très grands formats, d'une extrême définition, souvent pris en surplomb, frontaux, et marqués par une froideur quasi clinique. Ce que je crois avoir compris, en lisant sur lui, c’est qu’il retouche, recompose, reconstruit ses images non pour les embellir, mais pour les condenser, en révéler la structure profonde. Il ne s’agit pas de saisir et de restituer le réel, mais d’en proposer une sorte de cartographie visuelle et critique. Cette monumentalité frontale, quelquefois presque abstraite, évoque les grands tableaux d’histoire… mais pour un monde où l’histoire paraît avoir été remplacée par le flux, l’accumulation, la saturation.. En cela, ses images agissent comme un miroir critique de la mondialisation, de l’économie de masse et du paysage.

A. Gursky - 99 Cent (1999)
Assez ironiquement, ce cliché d'un supermarché "hard discount" (tout à 99 cents), se classe au 5ème rang des photographies les plus chères au monde. Lors d'une vente publique le 7 février 2007, un premier tirage a été adjugé pour 3,34 millions de dollars.
La vente d'un autre tirage à New York en mai 2006 a rapporté 2,25 millions, et un troisième tirage y a été vendu 2,48 millions en novembre de la même année. 
My preferencee for clear structures is the result of my desire - perhaps illusory - to keep track of things and maintain my grip on the world.
À partir de 1990, avec le recours à la photographie numérique, il combine plusieurs clichés d'un même sujet pris depuis des angles différents, générant ainsi des reproductions répétées des objets qui le composent ou, comme à la Bourse de Tokyo, des êtres qui l'occupent.
I am never interested in the individual, but in the human species and its environment.
Il me semble qu'il y a dans les œuvres de Gursky une forme d’étrangeté poétique, comme si le chaos du monde, mis à plat, finissait par produire une forme d’ordre, voire de beauté.
EV1

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samedi 22 octobre 2011

Edvard Munch - Mélancolie (1892)

Une image et des mots. Une des sept propositions du norvégien Edvard Munch (1863-1944) - cinq huiles sur toiles et deux gravures sur bois -, sur le thème de la mélancolie... ; cette maladie - disait Gérard de Nerval -, qui consiste à voir les choses comme elles sont.
Je repense en voyant ce tableau à quelques lignes de Roger Nimier lues dans Le hussard bleu (1950).

Paris, voici ton fleuve et les larmes que tu versas, voilà ton visage au front penché. [.....] Désormais, je connais mon rôle sur la terre, mais je ne sais qui je suis. 
Voyageur, pose des yeux tristes sur les choses, elles te le rendront au centuple. Le visage barré du ciel menace et te guide à la fois. Vivre, il me faudra vivre encore, quelque temps parmi ceux-là. Tout ce qui est humain m'est étranger.

CH1

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dimanche 16 octobre 2011

Ernst Haas - Homecoming (1947)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'austro-américain Ernst Haas (1921-1986), figure pionnière de la photographie couleur au XXe siècle. Il est l’un des premiers photographes à revendiquer pleinement la couleur non pas comme simple information visuelle, mais comme matière expressive à part entière. 
Né à Vienne, formé d’abord à la peinture, il commence à photographier après la guerre, en autodidacte, et connaît une reconnaissance précoce avec sa série sur les prisonniers de guerre rentrant à Vienne. Cela donnera le photo-reportage Homecoming (1947), qui va inciter Robert Capa à l'inviter à rejoindre l'agence Magnum, créée au sortir de la guerre, aux côtés d'Henri Cartier-Bresson et de David Seymour.

E. Haas - New York (1970)
C'est toujours grâce à Capa qu'il rejoint New York en 1950 où il va documenter l'arrivée d'immigrants, comme lui, à Ellis Island. Puis ce sera l'entrée fracassante en 1953 dans le monde de la photographie couleur, dont il sera un des grands pionniers, avec sa série sur New York pour Life Magazine : "New York, A magic city.. "
"I am not interested in shooting new things.. I am interested to see things new", a-t-il dit un jour.
À partir des années 50 il développe un style profondément personnel, fondé sur le flou, le mouvement, la saturation chromatique : une approche poétique et sensorielle du monde, qui fait souvent penser à la peinture abstraite américaine. « Color is joy. One does not think joy. One is all joy. »
Et le reste, comme disent les anglo-saxons, is history.
TR1
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