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Alex Colville - The River Thames (1974) |
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du canadien Alex Colville (1920-2013), qui s'est éteint il y a quelques jours. Formé aux Beaux-Arts de Mount Allison University, il fut aussi soldat, chargé de documenter la guerre en Europe : une expérience décisive, qui marquera à jamais sa manière de peindre, précise, silencieuse, tendue. J'aime beaucoup son style, assez proche des
précisionnistes américains des années 30.
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A.C. - At the station (1953) |
Après son mariage en 1942 il s'engage dans l'armée canadienne et devient artiste de guerre officiel. C'est à ce titre qu'il va documenter en 1945 la libération du camp de concentration de Bergen-Belsen; il y peint "
Corps dans une tombe" (1946). Ce qu'il a vu le hantera toute sa vie.
Est-ce pour cela que de ses sujets, ou de ses compositions, se dégage souvent un sentiment d'étrangeté, de mélancolie, ou d'une menace qui se profile ? Soit de façon explicite avec la présence au premier plan d'un pistolet sur une table (
Pacifique, 1967), soit de façon implicite comme ici, sur ce quai de gare où l'on pressent que l'on assiste à des adieux, et non à des retrouvailles. On a dit de Colville qu'il peignait comme un sismographe, qui révèle ce qui tremble sous une apparente immobilité ; ses toiles sont profondément narratives et pourtant elles ne racontent rien : c’est à nous de deviner ce qui se joue derrière ces gestes arrêtés, ces visages tournés ailleurs.
« Les choses sont mystérieuses, même quand on croit les voir clairement », disait-il. "
Je considère la vie intrinsèquement dangereuse. J'ai une vision très sombre du monde et des affaires humaines... L'anxiété est la norme de notre époque."