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samedi 4 juillet 2015

Shirin Neshat - Série Fervor (2000)
Une image et des mots, ou l'apport de l'Islam dans la géométrie (et l'ensemble des mathématiques).
Le cliché est de la photographe iranienne Shirin Neshat, et il fait partie de sa série "Fervor."
Bienfaits de l'interculturalité. Cette "intéressante" composition géométrique, je l'associerai à un extrait de la contribution que le mathématicien et historien des sciences Ahmed Djebbar vient de publier dans  Pluralités culturelles et universalité des mathématiques - Actes du colloque (2015).
Cette étude, intitulée Les mathématiques arabes du VIIIe au XVe siècle, passerelles entre les cultures, porte sur le rôle du monde arabe, par la traduction des auteurs indiens et grecs, dans la diffusion des sciences et en particulier du savoir mathématique.

"Cette phase (l'auteur parle ici de la phase d'appropriation par le monde musulman des mathématiques savantes), qui a duré plus d'un siècle et demi, a connu une première impulsion officielle à la fin du VIIIe siècle lorsque le calife al-Mansûr (754-775) a pris la décision de financer la traduction d'un ouvrage astronomique écrit en sanskrit.
Il est intéressant de constater qu'à partir de ce fait avéré, et dans le but de magnifier la dynastie abbasside à travers certains de ses représentants, d'autres faits, en partie imaginaires ceux-là, ont été "fabriqués" par certains membres de l'élite bagdadienne pour promouvoir l'interculturalité et son rôle dans l'appropriation des sciences "étrangères".

À titre d'exemple, on peut évoquer ici le fameux rêve au cours duquel le calife al-Ma'mûn (786-833) aurait eu un échange avec Aristote (388-322 av. J.-C) sur la notion de bien. À l'issu de cet échange, le calife aurait pris la décision de financer toute action permettant de récupérer le savoir grec en vue de le redynamiser dans le contexte culturel arabe de l'empire musulman. Et, de fait, on assiste à partir de la fin du VIIIe siècle, à une dynamique nouvelle au cours de laquelle, transcendant les conflits latents, les obstacles culturels et linguistiques, des citoyens de toute confession et de toute origine culturelle se sont transformés en passeurs de savoirs et, en particulier, de savoirs mathématiques.
[.....]
La traduction des Coniques d'Apollonius a également été l'occasion d'une collaboration qui a transcendé les particularismes culturels et confessionnels. Ce sont les trois frères Banû Mûsâ (IXe s.), musulmans d'origine probablement persane par leur père mais un pur produit du milieu culturel arabe de Bagdad, qui ont financé la recherche, l'achat, puis la traduction d'ouvrages grecs qui intéressaient directement leurs recherches en géométrie."