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Otto Dix - Les joueurs de skat (1920) |
Formé à l’École des Arts et Métiers de Dresde puis à l’Académie des Beaux-Arts de la même ville, Dix s’imprègne des maîtres classiques et de l’expressionnisme avant d’adopter un réalisme incisif. Son expérience comme soldat pendant la Première Guerre mondiale marque profondément son regard : il traduit dans ses tableaux et dans ses gravures la violence, la souffrance et l’absurdité du conflit, mais aussi les fractures sociales et morales de la République de Weimar.
Ses portraits, scènes de cabaret, paysages urbains et compositions macabres témoignent d’une observation acérée de l’homme et de la société. Alliant rigueur technique et provocation, il dénonce la décadence, la misère et la superficialité des élites, dans un engagement artistique sans concession.
Sans doute on n’admire pas ses toiles pour leur « beauté », mais pour l’empreinte indélébile des horreurs qu’elles portent.
Le premier tableau montre des « gueules cassées » : des anciens combattants amputés dont les visages sont partiellement reconstruits par des prothèses métalliques. Le second, Flandres, s’inspire à la fois du roman Le Feu d’Henri Barbusse - qui décrit des soldats réveillés parmi les noyés dans les tranchées inondées - et du retable d’Issenheim de Grünewald, peint au XVIᵉ siècle.