In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 4 juillet 2010

J.C. Leyendecker - Sleeping Uncle Sam (1924)
Le vide-grenier du dimanche. L’illustration occupe une place centrale dans la culture visuelle américaine du XXe siècle, bien au-delà du seul cadre artistique.
Dès les premières décennies du siècle, cette forme d’expression a su séduire aussi bien les élites urbaines que les lecteurs des kiosques populaires.
Des magazines prestigieux comme The Saturday Evening Post, Collier’s ou Life ont popularisé une illustration narrative et réaliste, incarnée par des figures emblématiques comme Norman Rockwell ou son précurseur et modèle, J.C. Leyendecker, dont les couvertures sont devenues de véritables icônes de l’imaginaire américain.
En parallèle, les pulp magazines, imprimés sur papier bon marché dès les années 1910, ont donné naissance à une imagerie plus populaire, exubérante et souvent transgressive. Les illustrateurs des pulps comme Earle K. Bergey ont façonné l’esthétique de genres entiers : science-fiction, fantastique, horreur, polar…
Une esthétique foisonnante, parfois outrée, mais formidablement inventive, qui continue aujourd'hui d’influencer la bande dessinée, le cinéma ou le jeu vidéo.
E.K. Bergey - Amourette
(1934)

Dans les années 1940, c’est l’essor des pin-ups : des images qui mêlent glamour, érotisme suggéré et patriotisme bon enfant, popularisées par des artistes comme Gil Elvgren ou Alberto Vargas. Pendant la Seconde Guerre mondiale, on les retrouvait partout : sur les murs des baraquements, dans les poches des soldats jusque sous le feu… un idéal de beauté, comme un souffle léger dans une époque marquée par l’angoisse et le chaos.
Les illustrateurs américains étaient, pour beaucoup, des artistes techniquement très accomplis. Ils avaient souvent été formés dans des écoles exigeantes comme la Pennsylvania Academy of the Fine Arts ou l’Art Students League de New York. Et pourtant, ils furent longtemps méprisés par le monde de l’art « officiel », parce qu’ils œuvraient dans la presse, la publicité ou la culture populaire – jugées trop commerciales, voire vulgaires. On les associait à un prétendu « mauvais goût bourgeois ». Mais leur influence fut immense : sur le cinéma hollywoodien, la bande dessinée, le design graphique, et même sur certains mouvements picturaux modernes qui ont fini par reconnaître leur puissance expressive.
Ce qui me plaît tant dans cette forme d’art, au-delà de sa dimension artistique, c’est sa valeur documentaire sur une époque et aussi sa capacité unique à raconter une histoire, à installer une atmosphère, à suggérer un contexte, parfois même à condenser tout un drame en une seule scène. Sous leur apparente simplicité, ces images sont souvent d’une incroyable richesse visuelle et émotionnelle. Au fil de ce blog, je reviendrai donc sur ces artistes, les illustrateurs, que j’apprécie particulièrement, qu’ils soient célèbres ou injustement oubliés. En attendant, voici pour cette première publication deux images emblématiques : la première, en ce 4 juillet, est signée J.C. Leyendecker, figure tutélaire du Saturday Evening Post, maître du style Art déco et de la composition élégante, dont l’influence sur Rockwell sera décisive ; la seconde est une couverture pulp de Earle K. Bergey, illustrateur iconique des magazines populaires des années 1940.
Deux visions très différentes de l’illustration américaine… mais toutes deux puissantes, marquantes, et profondément ancrées dans notre imaginaire collectif.



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