In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 30 mars 2025

M.W. - Something died here (1947)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Minor White, déjà présenté le 11 août 2013. 

M.W. - Cabbage Hill, Oregon (1941)
Votre essence propre, en vous depuis la naissance, est votre qualité intérieure.  Cela est ce que vous savez de vous-même.
Quand vous vous approchez de quelque chose pour le photographier, soyez d'abord profondément calme avec vous-même, jusqu'à ce que l'objet affirme votre propre présence.

Lecteur de Gurdjieff et attiré par l’astrologie et le bouddhisme zen, Minor White fait de sa photographie une recherche à la fois esthétique et intérieure. Son approche me rappelle celle d’Alfred Stieglitz avec Equivalents : pendant près de dix ans, Stieglitz a observé les nuages pour en rendre l’invisible, la tension ou la légèreté.
Chez White, chaque image semble également chercher à révéler ce que l’œil seul ne perçoit pas, une profondeur qui dépasse le simple paysage ou portrait.

samedi 29 mars 2025

John Brack - Collins St., 5 pm
Une image et des mots. Une oeuvre du peintre australien John Brack (1920-1999), membre du groupe des Antipodeans, déjà présenté en mars 2008.
Pour l'accompagner, un extrait de "Psychologie des foules" (1895), de Gustave le Bon (1841-1931).

Les civilisations n'ont été créées et guidées jusqu'ici que par une petite aristocratie intellectuelle, jamais par les foules. Les foules n'ont de puissance que pour détruire. Leur domination représente toujours une phase de barbarie. Une civilisation implique des règles fixes, une discipline, le passage de l'instinctif au rationnel, la prévoyance de l'avenir, un degré élevé de culture, conditions que les foules, abandonnées à elles-mêmes, se sont toujours montrées absolument incapables de réaliser.
Par leur puissance uniquement destructive, elles agissent comme ces microbes qui activent la dissolution des corps débilités ou des cadavres. Quand l'édifice d'une civilisation est vermoulu, ce sont toujours les foules qui en amènent l'écroulement. C'est alors qu’apparaît leur principal rôle, et que, pour un instant, la philosophie du nombre semble la seule philosophie de l'histoire.

dimanche 23 mars 2025

Roger Shall - Le Normandie (1935)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Roger Schall (1904-1995), déjà présenté le 11 mai 2008 avec Le balayeur de la rue Visconti et Le marché au timbres de l'avenue Matignon.
Voici donc deux nouvelles images, prises la même année et que je n’ai pu m’empêcher de rapprocher : d’un côté, le Normandie, paquebot emblématique de l’entre-deux-guerres, dont Schall photographia le voyage inaugural aux côtés de Blaise Cendrars (voir ma première publication) ; de l’autre, une vue du Normandy, restaurant parisien désormais disparu.

R.S. - Le Normandy (1935)
Deux lieux de passage, deux mises en scène du luxe à la française - flottant pour l’un, bien ancré rive droite pour l’autre -, mais aussi deux façons de raconter une époque par ses façades, ses volumes, ses reflets. Deux lieux très différents, mais une même manière de faire apparaître ce qui se joue derrière les apparences. Ce que j’apprécie chez Roger Schall, c’est cette capacité à capter l’élégance sans la figer, à suggérer une présence humaine même là où elle semble absente. Son œil de photographe de mode laisse parfois entrevoir, à la marge, un témoin discret, attentif aux traces et aux indices que les lieux laissent derrière eux.
AC1

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dimanche 16 mars 2025

R. Rowland - Night shift (1984)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste britannique Rob Rowland (b.1939), dont le travail plonge ses racines dans le patrimoine industriel et paysager du Royaume-Uni.
Né et élevé dans les Midlands, il grandit dans un décor de rues pavées, de réverbères à gaz, de canaux et de viaducs ferroviaires — un univers qui nourrira durablement son imaginaire.
Très tôt attiré par les arts visuels, il explore divers métiers : effets spéciaux, affiches de cinéma, art commercial. Après un passage dans un atelier de restauration, il étudie au Gloucestershire College of Arts & Technology, puis devient graphiste indépendant avant de rejoindre le département artistique d’une brasserie nationale, où il conçoit des enseignes traditionnelles de pubs.

R.R. - Stanier and Issigonis
C’est en 1985, à l’occasion du 150ᵉ anniversaire du Great Western Railway, que naît sa fascination pour la représentation du monde ferroviaire et, plus largement, pour le patrimoine industriel britannique. À partir de 1991, il se consacre entièrement à sa carrière d’artiste. Son œuvre s’élargit alors aux paysages marins et aux scènes de la vie quotidienne, sous l’influence d’artistes victoriens et post-impressionnistes tels que John Singer Sargent, Lamorna Birch ou Stanhope Forbes, figures majeures de l’école de Newlyn.

dimanche 9 mars 2025

A.M. - Vieux coeur de frêne
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), l’un de ces artistes dont l’œuvre a profondément marqué son époque sans obtenir la reconnaissance qu’elle méritait.
Né dans une famille modeste, il grandit entre l’Auvergne et la Normandie, où ses parents s’installent après la Grande Guerre. Rien ne le prédestinait à la photographie, qu’il découvre enfant au contact de ses cousins agriculteurs.
À dix ans, il observe déjà le monde avec curiosité ; il s’essaie à l’aquarelle, puis, à dix-huit ans, acquiert ses premiers appareils et commence à photographier son Auvergne natale – la rudesse des terres, la dignité des visages.
Il n'y avait pas besoin de moi pour montrer les gens importants. J'ai fait le contraire, je me suis fait grandir avec des gens humbles.
A.M. - Prolongement

Après la guerre, Monier part au Maroc, où il perfectionne son art entre 1948 et 1950 : il y capte la vie quotidienne et les traditions locales avec une sensibilité à la fois documentaire et poétique. De retour en France, il s’installe à Paris et photographie les quais de Seine, les ruelles, les figures anonymes, en cherchant toujours à révéler l’âme cachée des lieux et des gens, dans une capitale à la fois vivante et mélancolique.
Mais Albert Monier comprend que la photographie peut être un art à la fois intime et universel. Pour la partager, il choisit un médium inattendu : la carte postale. Ce geste, révolutionnaire à sa manière, rend son œuvre accessible à tous. Ses images, aux compositions soignées et aux titres poétiques, tranchent avec les clichés touristiques de l’époque. Plus de 80 millions de cartes postales seront diffusées à travers le monde – un succès populaire immense.
Et pourtant, malgré ce succès planétaire, Albert Monier ne connaîtra jamais la reconnaissance du monde de la photographie ; lorsqu'il s’éteint en 1998, c'est dans une relative indifférence.
PF1

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samedi 8 mars 2025

Suffragette-defaced penny (1913-14)
Une image et des mots. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, voici un symbole méconnu de la lutte suffragiste : le Suffragette-defaced penny (ou penny altéré par les suffragettes). Il s'agit d'une pièce de monnaie britannique du début du XXe siècle, modifiée par des militantes de ce mouvement d'émancipation pour promouvoir leur cause.
Elles gravaient ou estampillaient des slogans comme celui-ci sur des pennies en cuivre, transformant ainsi un objet du quotidien en un outil de propagande politique.
Cette pratique visait à contourner la censure et à diffuser leur message de manière discrète mais efficace, puisque ces pièces continuaient à circuler dans la population. C’était un acte de protestation symbolique, qui exprimait la détermination des suffragettes à obtenir le droit de vote malgré la répression gouvernementale.
Et pour aller avec, j'ai choisi quelques vers du chant de ralliement de Winifred Banks, dans le merveilleux film de Robert Stevenson pour les studios Disney : le chef-d'oeuvre Mary Poppins.

"Well done, Sister Suffragette!"
From Kensington to Billingsgate
One hears the restless cries!
From ev'ry corner of the land:
"Womankind, arise!"
Political equality and equal rights with men!
Take heart! For Missus Pankhurst has been clapped in irons again!
No more the meek and mild subservients we!
We're fighting for our rights, militantly!
Never you fear!
So, cast off the shackles of yesterday!
Shoulder to shoulder into the fray!
Our daughters' daughters will adore us
And they'll sing in grateful chorus
"Well done! Well done!
Well done Sister Suffragette!"
GJ1

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dimanche 2 mars 2025

W.M. Chase - Meditation (1886)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain William Merritt Chase (1849-1916), figure majeure de l’impressionnisme outre-Atlantique et membre du groupe des Ten American Paintersfondé en réaction au mercantilisme de la Society of American Artists.
Né dans l’Indiana, Chase manifeste très jeune un talent précoce pour la peinture qu’il étudie d’abord auprès de deux artistes locaux, Jacob Cox et Barton Hays, avant de partir à New York en 1869. Élève à la National Academy of Design de Joseph Oriel Eaton, puis de Lemuel Wilmarth – lui-même ancien élève du français Jean-Léon Gérôme et fondateur de la Art Students League of New York – il perfectionne sa formation à Munich et en Italie, où il assimile les leçons des maîtres européens.

W.M. Chase - A city park (1887)
De retour aux États-Unis, il devient une figure essentielle de la scène new-yorkaise – professeur admiré, influent, et peintre célébré pour ses intérieurs lumineux, ses scènes de plein air et ses portraits d’une grande élégance.
Il comptera parmi ses élèves Edward Hopper, Georgia O’Keeffe, Charles Sheeler, et Rockwell Kent.
Ce beau pastel, Méditation, est un portrait de son épouse.

Albert Rieger - Clair de lune Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe autrichien Albert Rieger (1834-1905), form...