In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 23 février 2025

G. Cummins - Toronto (2022)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe irlandais Gary Cummins, déjà présenté en décembre 2023, et dont je sais toujours aussi peu. Deux images où la ville apparaît sous un prisme à la fois irréel et cinématographique.
Dans la première, le brouillard dense et la lumière incandescente donnent à la scène une dimension presque dystopique : on y devine une ville en expansion, comme avalée par ses propres constructions, dans une atmosphère à la fois apocalyptique et futuriste.

G.C. - Toronto (2020)
La seconde image repose sur un contraste d’éclairages : la lumière froide des néons des tours s’oppose aux reflets chauds des lampadaires et des vitrines. Cette tension colore toute la composition — entre la froideur de l’environnement et une vitalité discrète, presque souterraine. Au centre, la silhouette d’un passant paraît absorbée par la perspective, perdue dans cette géométrie urbaine qui attire le regard vers le point de fuite. On pense à certaines scènes de films noirs ou de récits cyberpunk : la ville y devient décor et personnage à la fois, miroir d’un monde où l’humain semble encore résister, minuscule mais présent.

samedi 22 février 2025

E. Longoni - Contrastes sociaux (1893)
Une image et des mots. Une oeuvre d'Emilio Longoni, connue aussi sous le titre "Reflets d'un homme affamé", et un extrait de Kyra Kyralina, un récit de Panaït Istrati dont on doit la découverte et la publication en 1923 à Romain Rolland.

Ce n'est pas vrai du tout, que l'être humain soit une créature qui comprenne la vie.
Son intelligence ne lui sert pas à grand-chose ; par le fait qu'il parle, il n'en est pas moins bête.
Mais là où sa bêtise dépasse même l'inconscience des animaux, c'est quand il s'agit de deviner et de sentir la détresse de son semblable.
Il nous arrive, parfois, de voir dans la rue un homme à la face blême et au regard perdu, ou bien une femme en pleurs. Si nous étions des êtres supérieurs, nous devrions arrêter cet homme ou cette femme, et leur offrir promptement notre assistance. C'est là toute la supériorité que j'attribuerais à l'être humain sur la bête. Il n'en est rien !
WO1

ICI

dimanche 16 février 2025

Eugène Atget - Joueur d'orgue (1898)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés d'Eugène Atget (1857-1927), amoureux du Paris populaire et des petits métiers. 
Pionnier de la photographie documentaire, il a patiemment photographié les rues, boutiques, façades et jardins de la capitale au tournant du XXe siècle, constituant ainsi un témoignage inestimable d’un Paris en pleine transformation.
Sur la porte de son atelier était affiché "Documents pour artistes", tant était modeste la vision qu'il avait de son propre talent ; peu reconnu de son vivant, il est d'ailleurs redécouvert dans les années 1920 grâce à Man Ray et Berenice Abbott, qui voient en lui un précurseur de la photographie moderne.

E.A. - Zoniers, Porte de Choisy (1913)
Cette belle photo de musiciens des rues a été achetée à Atget en 1920 par Maurice Utrillo, le peintre des rues de Montmartre.
La zone, c'était un anneau d'environ 300 mètres autour de Paris, entre "les fortifs" - les fortifications de Thiers laissées à l'abandon -, et la banlieue. Une zone non aedificandi, propriété de l'armée. Entre 1899 et 1913, Atget s'est intéressé aux "zoniers", au petit peuple miséreux des chiffonniers, des rémouleurs et des marchandes de mouron qui vivaient là, dans des roulottes et des taudis éphémères, ICI.

dimanche 9 février 2025

J. van Eyck - Les époux Arnolfini
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre flamand Jan van Eyck (c.1390-1441) : des chefs-d'oeuvre, qui font partie de ses commandes privées les plus fameuses, et le premier est célébrissime.
La date et le lieu de naissance exacts de Van Eyck demeurent incertains, mais il est généralement associé à Maaseik, dans la principauté de Liège.
Son œuvre marque une révolution dans l’histoire de l’art par sa maîtrise inégalée de la technique à l’huile et son souci du réalisme.

Jan van Eyck
La Madone au chanoine van der Paele
Van Eyck commence sa carrière comme peintre de cour auprès de Jean III de Bavière à La Haye, avant d’entrer, en 1425, au service de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Diplomate autant qu’artiste, il effectue pour lui plusieurs missions, notamment un voyage au Portugal pour négocier son mariage avec Isabelle de Portugal.
Installé à Bruges, il dirige un atelier actif où il réalise certaines de ses œuvres les plus célèbres — dont les deux présentées ici — et achève l’un des monuments absolus de l’art primitif flamand : le retable de l'Agneau mystique, commencé par son frère Hubert.
Le travail virtuose de Van Eyck sur les effets de transparence et les superpositions de couleurs confère à ses tableaux une profondeur et une luminosité extraordinaires. Dans le rendu des tissus, des bijoux, des paysages ou des visages, son sens du détail est fascinant.
Ses innovations techniques et son exigence de vérité visuelle ont profondément influencé l’art du portrait et le développement du réalisme dans la peinture occidentale.

dimanche 2 février 2025

Stanley Kubrick - New York (1940's)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Stanley Kubrick (1928-1999), d'abord jeune prodige de la photographie avant de devenir cinéaste génial, et déjà présenté en juillet 2011.

S.K. - Shoe shine boy (1947)
À l'âge de 17 ans, plutôt que d'entrer à l'université, il décroche un job de photographe maison au prestigieux magazine new yorkais Look.
Des artistes, et donc de lui-même, Kubrick disait la chose suivante :
Je ne pense pas qu'ils aient quelque chose de particulier à dire. Je pense qu'ils ont quelque chose qu'ils ressentent. Et ils aiment la forme de l'art : ils aiment les mots, ou l'odeur de la peinture, ou les images celluloïdes ou photographiques et travailler avec des acteurs. Je ne pense pas qu'un artiste véritable ait jamais été orienté par autre chose que sa propre vie intérieure, et la récompense est dans l'excitation de créer quelque chose qui est vivant et résonnera en d'autres personnes.
Ses photographies révèlent déjà l’attention portée aux détails, à la lumière et au rythme des scènes — qualités qu’il portera ensuite au cinéma. On y perçoit l’œil d’un observateur attentif, capable de saisir l’instant avec une rigueur et une sensibilité qui annoncent ses futurs films, où chaque plan devient une composition presque picturale.

samedi 1 février 2025

Abel Grimmer - Proverbes flamands
Une image et des mots. Une oeuvre du peintre flamand Abel Grimmer (1570-1619), une huile sur panneau de bois représentant 49 proverbes flamands qui illustrent la vulgarité et la folie des hommes.
Les mots pour l'accompagner sont de la philosophe Laurence Devillairs, extraits de son ouvrage Être quelqu'un de bien, Philosophie du bien et du mal (2019).

Dans l'hostilité comme dans l'indifférence, ce que nous éludons et bafouons, c'est le face-à-face moral avec nous-mêmes, et avec ce que nous savons très clairement devoir faire. Nous nous accordons une dispense, nous nous achetons une bonne conscience ("On ne va pas changer les choses", "ce n'est pas à moi de le faire", "trop bon..."). Tel est l'athéisme moral, qui relègue l'injonction à bien agir dans les coulisses et les dimanches, loin des scènes majeures de l'existence. Telle est la méchanceté ordinaire qui habite un monde où la morale est secondaire, où le monde n'est pas un monde, habité et partagé, mais simple décor à ses activités.

Albert Rieger - Clair de lune Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe autrichien Albert Rieger (1834-1905), form...