In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 28 avril 2024

R-J - Café des 4 vents (1950)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe René-Jacques (1908-2003). Né René Giton à Phnom Penh, René-Jacques découvre la France en 1917 lorsque sa famille s’installe à Royan, où il remporte à 19 ans un premier prix dans un concours de photographie amateur. Après des études secondaires au lycée Buffon à Paris, où il se passionne pour l’art photographique, il entame des études de droit. Cependant, sa vocation le pousse rapidement à se consacrer pleinement à la photographie, pour laquelle il adopte le pseudonyme René-Jacques.
Dès les années 1930, il s’impose comme un photographe polyvalent : reporter pour L’Intransigeant, illustrateur pour les éditions Grasset - chez qui il illustrera La mer est un pays secret, d'Édouard Peisson (1948) -, ou encore photographe industriel pour Renault.
En parallèle, il explore un Paris empreint de mystère et d’émotion, sur les traces de Francis Carco - de qui il va illustrer de 122 photographies l'ouvrage Envoûtement de Paris (1938) -, et Léon-Paul Fargue.
René-Jacques
Amoureux sur les quais, Paris (1945)

Il travaille aussi comme photographe de plateau auprès de cinéastes comme Georg Wilhelm Pabst ou Jean Grémillon, notamment sur "Remorques" (1941). Sur ce tournage en particulier, René-Jacques tenait à sa totale liberté dans ses choix de cadrages et de sujets ; il souhaitait pouvoir immortaliser les moments hors caméra et réaliser des prises de vue personnelles. Jean Grémillon accepte ces conditions, et René-Jacques se rend à Brest pour documenter le tournage. Durant trois semaines, il produit près de 250 clichés sans tenir compte des directives du chef-opérateur. Ses photographies privilégient les ambiances et les scènes secondaires au détriment des portraits des deux vedettes, ce qui provoque l'agacement de Jean Gabin (une anecdote que j'ai plaisir à rapporter). Face à ces tensions, René-Jacques choisit de quitter le projet plutôt que de se conformer à des contraintes qu’il jugeait incompatibles avec sa démarche artistique.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint le groupe Rectangle d’Emmanuel Sougez, puis en 1946, il cofonde le Groupe des XV avec des figures majeures comme Robert Doisneau, Willy Ronis et Marcel Bovis, dont l'objectif était de faire reconnaître la photographie comme un art à part entière et de promouvoir le patrimoine photographique français. Conscient de la valeur de son travail, c'est d'ailleurs à ce titre qu'il fera en 1991 don de son oeuvre à l'État, un ensemble de plus de 20 000 tirages aujourd’hui conservé à la Médiathèque du patrimoine et de la photographie.

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samedi 27 avril 2024

Antonio Ciseri - L'exilé (1870)
Une image et des mots. Ce tableau d'Antonio Ciseri (1821-1891) me fait penser à un poème de Leopardi, "L'infini", que l'on peut entendre ICI, dit par Vittorio Gassman, et dont voici une traduction;

"Toujours elle me fut chère cette colline solitaire,
et cette haie qui dérobe au regard
tant de pans de l'extrême horizon.
Mais demeurant assis et contemplant,
au-delà d'elle, dans ma pensée j'invente
des espaces illimités, des silences surhumains
et une quiétude profonde; où peu s'en faut
que le coeur ne s'épouvante
.
Et comme j'entends le vent
bruire dans ces feuillages, je vais comparant
ce silence infini à cette voix;
en moi reviennent l'éternel,
et les saisons mortes et la présente
qui vit, et sa sonorité.
Ainsi, dans cette immensité se noie ma pensée:
et le naufrage m'est doux dans cette mer
."

dimanche 21 avril 2024

C.L. - Le clochard et sa femme, Rouen (1956)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Christian Lemaire (b.1932). Ancien assistant de Jacques Rouchon, il est d'abord photographe de reportage dans les années 50, avant de travailler pour la presse et la publicité dans les années 60 et 70.

C.L. - Bd Haussmann par temps de pluie
(1958)
Son regard sensible sur la France des années 50 rappelle le travail d'Henri Cartier-Bresson et de Willy Ronis. La photographie, c'est l'art de montrer de quels instants éphémères la vie est faite, disait Proust.
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dimanche 14 avril 2024

A.C. - Écoutant la voix d'Écho 

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du français Alexandre Cabanel (1823-1889), un des peintres les plus représentatifs du style académique du XIXe siècle. Originaire de Montpellier, il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris à l’âge de 17 ans, où il est formé par François-Édouard Picot. Rapidement remarqué pour son talent, il remporte le prestigieux Prix de Rome en 1845, ce qui lui permet de séjourner à la Villa Médicis et d’affiner son style en étudiant les maîtres italiens de la Renaissance.
Cabanel s’illustre par ses sujets historiques, mythologiques et religieux, souvent empreints d’un idéalisme raffiné. Parmi ses œuvres les plus célèbres figure La Naissance de Vénus (1863), un tableau qui rencontre un immense succès et sera acquis par Napoléon III.

A.C. - Ophelia


Sa peinture, qui mêle grâce, sensualité et perfection technique, devient emblématique de l’esthétique académique ; elle sera bien sûr critiquée par les tenants des mouvements émergents comme l'impressionnisme qui la jugent trop rigide et conventionnelle.
Alexandre Cabanel demeure quoiqu'il en soit une figure majeure de l'art du Second Empire, symbolisant l'élégance et la virtuosité technique de son époque ; et ses œuvres peuvent être appréciées pour leur maîtrise et leur capacité à incarner les idéaux esthétiques de son temps.

CT1
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dimanche 7 avril 2024

Marcel Bovis - Couple (c.1950)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Marcel Bovis, figure incontournable de la photographie française du XXe siècle. Connu pour son regard à la fois poétique et rigoureux sur les paysages urbains, particulièrement ceux de Paris, ce natif de Nice déménage dans les années 1920 dans la capitale où il découvre la photographie en autodidacte, tout en suivant une formation en arts appliqués. Rapidement, il développe un style personnel qui mêle esthétisme et précision documentaire.
Ses photographies nocturnes, réalisées pour la plupart à la chambre, dévoilent un Paris énigmatique et silencieux, dont il sublime l'atmosphère par un jeu magistral sur les ombres et les lumières artificielles ; ce traitement poétique atteint son apogée avec son illustration du roman de Simenon Les Suicidés (1934).

M.B. - Café des Arts (1927)


Bovis est fasciné par les lieux ordinaires et les scènes de la vie quotidienne ; il immortalise les marchés, les quais de Seine, les vitrines, les passants, des instants et des éléments de poésie urbaine qu'il transforme en de puissantes compositions graphiques.
Engagé dans la reconnaissance de la photographie comme une véritable forme d’art, il rejoint le Groupe des XV aux côtés de figures comme Robert Doisneau et Willy Ronis, et participe activement à des expositions collectives destinées à légitimer ce médium au même titre que la peinture ou la sculpture..
L’œuvre de Marcel Bovis, riche et singulière, reflète un Paris en pleine transformation, oscillant entre modernité et intemporalité. Sa sensibilité artistique et son regard poétique en font une figure majeure, toujours admirée, de la photographie française.

samedi 6 avril 2024

Fred - Le petit cirque (1973)
Une image et des mots.
"Qu'est-ce que la musique ? se demande Gabriel Fauré à la recherche du "point intraduisible", de la très irréelle chimère qui nous élève "au-dessus de ce qui est...".
C'est l'époque où Fauré ébauche le second mouvement de son premier Quintette, et il ne sait pas ce qu'est la musique, ni même si elle est quelque chose ! Il y a dans la musique une double complication, génératrice de problèmes métaphysiques et de problèmes moraux, et bien faite pour entretenir notre perplexité.
Car la musique est à la fois expressive et inexpressive, sérieuse et frivole, profonde et superficielle ; elle a un sens et n'a pas de sens. La musique est-elle un divertissement sans portée ? ou bien est-elle un langage chiffré et comme le hiéroglyphe d'un mystère ? Ou peut-être les deux ensemble ? Vladimir Jankélévitch, La musique et l'ineffable (2015)
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