In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 27 novembre 2022

Eyvind Earle - Path in the snow

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre, et poète, américain Eyvind Earle (1916-2000), déjà présenté ici en mai 2020.

E. Earle - Untitled

For 70 years, I've painted paintings, and I'm constantly and everlastingly overwhelmed at the stupendous infinity of Nature. Wherever I turn and look, there I see creation. Art is creating... Art is the search for truth. Et encore : Beauty is the thing we are all searching for...Whatever beauty is, I feel it, and as long as I can I shall try to find more and more beauty, and to put it down so others can see what I have seen.

samedi 26 novembre 2022

Anonyme
Une image et des mots. Une belle photographie, dont je ne connais pas l'origine, et qui nous invite à céder à la tentation d'un irrésistible croque-monsieur. Pour l'accompagner, quelques lignes d'Alexandre Vialatte, issues de l'une de ses chroniques réunies dans le recueil Antiquité du grand chosier (1984).

La femme remonte à la plus haute antiquité. Phorcypeute l'Énumérateur la cite déjà dans ses ouvrages.
Le vicomte Amable de Vieuval fait mention d'elle avec vivacité et Casanova ne la raconte qu'avec la plus grande affection. Elle a su provoquer le lyrisme d'Hermogène le guttural et de Chyme l'Environnaire. Horace la vante et Pétrarque l'exalte, le docteur Gaucher l'étudie.
C'est l'effet de sa grande importance, car elle joue un rôle capital dans la suite des générations et le déroulement même de l'Histoire.

PG9

ICI

dimanche 20 novembre 2022

K.H. - Trois femmes à la fenêtre (1939)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Karl Hofer (1878-1955), l'un des représentants majeurs de l'expressionnisme et de l'art figuratif en Allemagne au début du XXe siècle. Son style introspectif et expressif, souvent dramatique, rend compte des bouleversements sociaux et des tensions psychologiques de son époque.
Né à Fribourg-en-Brisgau, Hofer étudie à l’Académie des beaux-arts de Munich, puis à Karlsruhe. Très tôt, il s’intéresse aux recherches européennes de son temps : le fauvisme, le cubisme, le symbolisme, et l’œuvre d’Edvard Munch, qui marquera durablement sa sensibilité.
K.H. - Sans emploi (1932)

Bien qu’il ne soit pas directement affilié au groupe Die Brücke, son travail s’inscrit dans la mouvance expressionniste. Il donne à la figure humaine une intensité psychologique rare, en jouant de couleurs profondes et de formes tendues qui traduisent la fragilité de l’individu face à son monde.
Ses portraits et scènes de la vie quotidienne dégagent un sentiment de solitude et de gravité, comme s’il cherchait à saisir ce qu’il reste d’humain dans les temps troublés.
Sous le régime nazi, son œuvre est qualifiée de « dégénérée ». Il est écarté de ses fonctions, plusieurs de ses toiles sont détruites. Après la guerre, il reprend l’enseignement à l’Académie des beaux-arts de Berlin, où il devient une figure morale et artistique importante. 
Dans toute son œuvre, Karl Hofer interroge la condition humaine avec pudeur et intensité. Il n’explique rien, il montre : des visages clos, des corps repliés, des silences lourds.
Et c’est sans doute cette retenue, mêlée d’inquiétude, qui rend encore aujourd’hui sa peinture si proche de ceux qu’occupent les complexités de l’âme.

dimanche 13 novembre 2022

Y. Ogawa - Untitled (1998)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe japonais Yasuhiro Ogawa (b.1968).
Né à Kanagawa, il découvre la photographie à la fin de son adolescence, inspiré par les récits de voyage et la solitude des routes. Parmi ses séries les plus connues, Shimagatari (Island Tales) et The Dreaming évoquent avec une grande douceur la fragilité du monde contemporain, entre silence et mouvement, réalisme et rêverie.
Y. Ogawa - Untitled (1994)

Dans une œuvre profondément marquée par l’errance et la mémoire, ses images, souvent en noir et blanc, mêlent de façon poétique le journal intime au carnet de route ; elles nous donnent à voir des moments qui, bien que fugaces, révèlent une véritable histoire. Mais, au-delà d'une simple démarche documentaire, elles me semblent offrir une lecture plus universelle et intemporelle de la condition humaine. Comment retenir ce qui s'efface ? Laissons l'émotion nous gagner devant ce petit chemin de pierre : elle est pure, écrivait Paul Gadenne dans son petit "Guide du voyageur" (1953).

dimanche 6 novembre 2022

Ben Shahn - Untitled
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres de l’artiste américain d’origine lituanienne Ben Shahn (1898-1969). Après l’exil de son père en Sibérie pour raisons politiques, la famille émigre en 1906 aux États-Unis et s’installe à Brooklyn. Shahn y apprend la lithographie avant de suivre des études de biologie à l’Université de New York, puis d’art au City College et à la National Academy of Design. Dans les années 1920, après un voyage en Afrique du Nord et en Europe où il découvre Matisse, Dufy ou Picasso, il s’éloigne pourtant de l’avant-garde : il cherche une peinture réaliste, capable d’exprimer ses préoccupations sociales et morales.

B.S. - Scott's run (1937)
Le cycle des 23 gouaches consacrées au procès des anarchistes Sacco et Vanzetti (1931-32) le fait connaître : un art engagé, humain, qui place la justice et la dignité au cœur de sa démarche.
En 1935, Walker Evans le recommande à Roy Stryker, alors à la tête du département information de la Farm Security Administration. Comme Dorothea Lange (voir mars 2013), Gordon Parks (voir sept.2012), Jack Delano (voir mai 2012 et oct.2019), Walker Evans (voir juil.2012), Carl Mydans (voir avril 2013), John Vachon (voir mars 2016) Arthur Rothstein (voir avril 2019), Ben Shahn va dès lors documenter la vie rurale du Sud ; ce travail que j'aime beaucoup - photographique cette fois -, fera l'objet d'une future publication.

samedi 5 novembre 2022

A. Schwarzschild - La chute d'Icare (1920)
Une image et des mots. Un tableau d'Alfred Schwarzschild (1874-1948) "La chute d'Icare", et quelque lignes de Nietzsche, extraites de Ecce homo, son dernier ouvrage avant la démence, écrit en 1888 et publié vingt ans plus tard.
[...] j'ai besoin de solitude, je veux dire de guérison, de retour à moi, du souffle d'un air pur qui circule librement... Tout mon Zarathoustra n'est qu'un dithyrambe en l'honneur de la solitude, ou, si l'on m'a compris, en l'honneur de la pureté... Heureusement, pas en l'honneur de la pure niaiserie ! — Qui sait voir les couleurs l'appellera adamantine... Le dégoût de l'homme, de la «canaille», fut toujours mon plus grand péril...

Peter Turnley Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Peter Turnley (b..1955). P.T. - La Tartine, Paris (2025)