In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 26 juin 2022

D. Weiner - Boy with flag (1948)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Dan Wiener (1919-1959), époux de Sandra Weiner présentée ici en août 2011.
Après ses études secondaires, Wiener suit de 1937 à 1940 des cours de peinture à la Art Students League puis au Pratt Institute. C’est au cours de cette période qu’il commence, pour son plaisir, à photographier New York. Pendant deux ans, il est l’assistant de Valentino Sarra, photographe commercial reconnu, avant de décider de consacrer sa vie à la photographie. Il rejoint alors la Photo League, association de photographes new-yorkais active de 1936 à 1951, dont l’ambition était de faire de la photographie un vecteur de changement social. Là, aux côtés de figures comme Dorothea Lange, Aaron Siskind, W. Eugene Smith ou Paul Strand, il découvre l’histoire de la photographie documentaire à travers le travail de Lewis Hine et Jacob Riis.

D.W. - Decatur, Illinois (1953)
Pour Wiener, l’appareil photographique n’est pas un simple outil : Il a la capacité d'extraire des éléments significatifs des complexités de la vie quotidienne. 
La capacité à rendre cohérent, à simplifier à partir de la masse de détails. Je recherche l'intelligibilité car la photographie comme communication est pour moi sa vocation la plus noble. L'art de photographier les relations humaines n'est pas nouveau mais plutôt un héritage de Lewis Hine et de la Farm Security Administration. Le thème de l'humanisme a plus de vitalité que jamais, même s'il est aujourd'hui malmené. La photographie combine ces éléments de spontanéité et d'immédiateté qui disent "ceci est en train de se produire, ceci est réel", elle crée par une curieuse alchimie une image qui va vivre et grandir et prendre plus de sens dans une perspective historique.
Ses photographies témoignent de cette approche : elles saisissent avec une grande sensibilité les moments de vie et les relations humaines, avec la spontanéité et la profondeur qui font le sel de la photographie documentaire américaine de l’époque.

samedi 25 juin 2022

Agnolo Bronzino
Une image et des mots. Une heure de lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie disait Montesquieu.
Peut-on transformer un lieu en y lisant ?
Pour aller avec ce détail du Jeune homme au livre, du peintre maniériste italien Agnolo Bronzino (1503-1572), voici quelques lignes d'Alberto Manguel, extraites de son Histoire de la lecture (1996)

Moi aussi je lis au lit. Dans la longue succession des lits où j'ai passé les nuits de mon enfance, dans des chambres d'hôtel inconnues où les phares des voitures balayaient en passant le plafond de lumières étranges, dans des maisons dont les odeurs et les bruits ne m'étaient pas familiers [...], ce qui se passait se passait dans le livre, et c'était moi qui racontais l'histoire. La vie se déroulait parce que je tournais les pages. Je ne crois pas pouvoir me rappeler joie plus grande, plus complète, que celle d'arriver aux dernières pages et de poser le livre, afin que la fin ne se produise pas avant le lendemain, et de me renfoncer sur l'oreiller avec le sentiment d'avoir bel et bien arrêté le temps.
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dimanche 19 juin 2022

S.W. - Scene from the street, NY

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe allemand Sepp Werkmeister (b.1931).
Il est surtout connu pour ses portraits de jazzmen et ses scènes de rue à New York dans les années 1960 et 1970. Ses images captent non seulement des figures emblématiques de la scène jazz - Duke Ellington, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald - mais aussi l’atmosphère vibrante de la ville, qu’il sait documenter avec une sensibilité unique qui mêle le regard du portraitiste à celui du photographe de rue.

S.W. - Lower Manhattan, NY (1968)
Il s’inscrit dans une tradition européenne et américaine de la photographie urbaine aux côtés de noms comme Henri Cartier-Bresson, William Klein, Lisette Model, Weegee, Garry Winogrand, Thomas Hoepker, ou Vivian Maier, récemment redécouverte. Werkmeister fut également un pionnier de la photographie de rue en couleur, bien avant que Stephen Shore (mai 2010) et William Eggleston (mai 2013) ne confèrent à cette approche une légitimité internationale. À cette époque, il puise son inspiration dans les impressions en couleur d’Ernst Haas et dans le travail sans concession de Diane Arbus, rencontrée à New York, et dont la personnalité et l’intensité laisseront une empreinte durable sur sa vision artistique.

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dimanche 12 juin 2022

Zhen-Huan Lu - Oil lamp
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain d'origine chinoise Zhen-Huan Lu (b.1950). Il a été formé au département de scénographie de l'Académie de théâtre de Shangaï, réputée pour son enseignement de la peinture de paysage à l'occidentale. Une fois diplômé il y enseignera la scénographie et à la peinture avant de s'installer aux États-Unis, en 1986, à l'occasion de sa première exposition en solo à New York. 

Zhen-Huan Lu - Afternoon repose
Son réalisme, toujours empreint de poésie, prend forme dans des scènes emplies d’objets familiers, mais où l’homme est absent. Et c’est précisément cette absence qui révèle l’invisible présence des émotions humaines, cette proximité intime dont parlait Novalis : « ce à quoi nous sommes du plus près liés. »

dimanche 5 juin 2022

P. A. - Queen Elisabeth II (1954-55)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et illustrateur italien Pietro Annigoni (1910-1988).
Portrait de l'artiste en pêcheur à la ligne. À l’occasion de son jubilé, voici un très beau portrait d’Elisabeth II réalisé deux ans après son couronnement. Avec celui d'Annie Leibovitz, qui l'a photographiée en 2007 (voir publication de juillet 2020), c'est mon portrait préféré de la Gracious Queen
P.A. - Le départ (1935)

On y voit une belle jeune femme de 28 ans, altière, vêtue des robes de l’Ordre de la Jarretière, dans un paysage romantique d’une grande élégance. Dans le coin inférieur gauche, l’artiste, dans une barque, taquine le goujon.

samedi 4 juin 2022

Anonyme
Une image et des mots. Einstein affirmait que l'imagination était plus importante que la connaissance, car celle-ci est limitée, tandis que l'imagination englobe le monde entier.
Les mots que j'ai choisis pour accompagner cette image anonyme, extraits de son essai Le Jeu des possibles (1981), sont du biologiste et médecin François Jacob, prix Nobel de physiologie ou médecine en 1965.
Il est aussi Compagnon de la Libération.

Mythique ou scientifique, la représentation du monde que construit l'homme fait toujours une large place à son imagination. [....] Si la science évolue, c'est souvent parce qu'un aspect encore inconnu des choses se dévoile soudain ; pas toujours comme conséquence de l'apparition d'un appareillage nouveau, mais grâce à une manière nouvelle d'examiner les objets, de les considérer sous un angle neuf.
Ce regard est nécessairement guidé par une certaine idée de ce que peut bien être la "réalité".
Il implique toujours une certaine conception de l'inconnu, de cette zone située juste au-delà de ce que la logique et l'expérience autorisent à croire. Selon les termes de Peter Medawar, l'enquête scientifique commence toujours par l'invention d'un monde possible.

HA2
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Peter Turnley Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Peter Turnley (b..1955). P.T. - La Tartine, Paris (2025)